Une boulangerie de Châtelet contrainte de réduire son activité
À Bruxelles hier pour parler de la crise avec le ministre Clarinval, Jonathan Mahy a, par ailleurs, décidé de réduire les jours d’ouverture de sa boulangerie.
- Publié le 11-10-2022 à 22h00
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Créée en 1954, la boulangerie Mahy est bien connue à Châtelet. Depuis 2004, Jonathan a pris la relève de l’entreprise de ses grands-parents et de ses parents. Comme la plupart de ses confrères, il est pris dans la tourmente énergétique qui agite l’Europe. Une situation à laquelle il a réagi rapidement, pressentant les conséquences pour son activité.
Hier encore, il était sur la brèche avec ses confrères, à Bruxelles, devant le cabinet de David Clarinval, ministre fédéral des Indépendants et des PME, pour expliquer la situation du secteur. "Des boulangers pâtissiers ont formé un groupe Facebook avec, notamment, des noms connus: Raphaël Giot, Éric Gourdin et Jean-Philippe Darcis", explique le Châtelettain. Le ministre était en conclave budgétaire. Mais une délégation a pu expliquer que le modèle économique des boulangers n’est plus en phase avec le coût croissant des matières premières, de l’énergie, des charges salariales, des futures indexations.
Comme d’autres confrères, Jonathan Mahy déplore l’absence d’anticipation des décideurs. Dès mars, les boulangers avaient rencontré le ministre wallon de l’Économie, Willy Borsus. "On n’a pas été entendus", estime le boulanger de la rue Dr Léon Neuens. L’occasion lui est donnée de sensibiliser, de façon aussi spectaculaire qu’angoissante, à sa situation début septembre, lorsqu’il reçoit sa facture mensuelle d’électricité, passée de 2 300 € à près de 9 000 € en un an, le prix du mégawatt/heure ayant quintuplé…
Cette explosion des coûts a incité le boulanger à repenser, depuis cette semaine, son organisation ainsi que celles de ses implantations de Couillet et Montignies, la gérante du point de Fleurus ayant arrêté purement et simplement son activité. "On fait payer le carré à 2,90 €, et c’est déjà beaucoup pour le client. Or il faudrait qu’il soit à 5 € pour que ce soit rentable… On a donc opté pour limiter les jours d’ouverture aux vendredis, samedis et dimanches, avec un jour où l’on peut passer les commandes par téléphone, le jeudi." C’est-à-dire les jours les plus rentables, où les ventes sont constantes. "Je vends moins, mais j’ai moins de pertes."
L’objectif principal de la réorganisation, ce sont bien sûr les économies. Elles sont faites sur l’énergie (400 € par jour), les matières premières, la douzaine de membres du personnel (en chômage trois jours par semaine), les charges sociales, ainsi qu’un report de crédit. "De quoi se donner de l’oxygène. Mais j’ignore combien de temps on pourra tenir ainsi. On verra le chiffre qu’on fera en fonction de l’évolution des prix de l’énergie."
Sur le chemin du retour de la capitale, Jonathan Mahy n’avait pas encore pu prendre vraiment connaissance des mesures d’aides présentées l’après-midi par le gouvernement Vivaldi. "On va analyser cela. Mais pour moi, la solution serait de bloquer les prix du mégawatt/heure, comme d’autres pays l’ont fait. La Belgique en a-t-elle les moyens ?"