Secte OKC à Aiseau-Presles: le gourou définitivement condamné
Robert Spatz, le chef incontesté de la secte internationale OKC, avait écopé 5 ans de prison avec un sursis partiel, devant la cour d’appel de Liège.
- Publié le 09-10-2022 à 22h00
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Le scandale Ogyen Kunzang Choling (OKC) couvait depuis plus de 30 ans et l’incarcération, en 1997, pendant quelques semaines, de Robert Spatz, n’a rien changé à la "croisière" de son navire sectaire. Il n’y eut qu’un transfert du capitaine Spatz d’Ixelles, sa commune natale, vers Aiseau-Presles où il avait installé son nouveau centre de commandes avec sa maîtresse et quelques adeptes. Dont l’une a, par la suite, déposé plainte pour viols avec tortures corporelles présumés commis entre mars 2002 et janvier 2003. Elle avait 17 ans, à l’époque.
Selon l’accusation, ces faits se sont déroulés dans un immeuble de la rue de l’Église, à Presles, où le gourou vivait clandestinement sous un faux nom. Le bail avait été pris par un prête-nom, Paulo C., un haut fonctionnaire européen né à Lisbonne en septembre 1964, poursuivi avec Spatz pour avoir coordonné les activités d’une organisation criminelle, à savoir la secte OKC. La députée carolo Özlem Özen s’était émue de la situation et avait interpellé le ministre de la Justice au parlement.
En 1999, l’ancien médecin de la secte, Jean-François Buysschaert, qui réclamait réparation à Robert Spatz et à son staff, avait indiqué qu’après avoir entamé une action judiciaire devant le tribunal du travail pour essayer de récupérer un chouya de ses prestations bénévoles ou à des tarifs d’un autre siècle, il avait été convoqué par le grand maître à une réunion. Un montant de 6 millions de francs – soit 150 000 € – lui fut proposé, à condition qu’il se taise à propos d’abus sexuels commis sur une mineure.
Pour percevoir ce montant, un "contrat" a été soumis au toubib, soit une fausse reconnaissance de dette pour le pactole. Ce qui a valu de nouvelles inculpations au mage céleste, replié dans le sud de l’Espagne aujourd’hui.
Condamné sévèrement par le tribunal correctionnel de Bruxelles, le gourou, ancien réparateur de télés reconverti dans de pieux baratins – qui rapportent gros -, avait relevé appel. Et, à l’étage supérieur du palais de justice, les juges avaient acquitté techniquement Spatz et son staff. Les magistrats du siège avaient en effet relevé plusieurs vices juridiques et tous les prévenus avaient pu quitter le prétoire, quittes et libres.
Mais la Cour de cassation a censuré cet arrêt et a renvoyé le dossier devant la cour d’appel de Liège. Puis, en décembre dernier, celle-ci a condamné le gourou (âgé aujourd’hui de 78 ans) à 5 ans de détention avec sursis et à 5 500 € d’amende, sans compter la confiscation de plusieurs millions €. Spatz s’était alors tourné vers la Cour de cassation. Mais celle-ci vient de le débouter, considérant que l’arrêt liégeois est exempt de tout reproche. La condamnation est donc définitive.
Les juges liégeois avaient retenu contre lui l’exploitation systématique des adeptes de sa communauté. Il s’accaparait leurs gains avec rapacité. Il a aussi commis des faits de prise d’otage et des abus sexuels sur des enfants de ses adeptes. Enfin, il a fait beaucoup de blanchiment d’argent, a commis des faux en pagaille et s’est livré à de l’extorsion.