Des campings-caristes à l’ancienne gare
Sur cette porte de Mettet, à l’ancienne gare, le collège a rentré un dossier de candidature afin d’y aménager une aire de repos pour motor-homes. D’une pierre deux coups : elle efface un chancre urbain rebutant au tourisme.
- Publié le 01-10-2022 à 06h00
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Ce dépôt magasin de matériaux à l’abandon, près de l’ancienne gare, défigure depuis trop longtemps cette porte de Mettet. Le collège a trouvé la parade pour l’effacer du décor: le terrain vague, pêle-mêle disgracieux, il l’a acheté, sous bail emphytéotique d’une durée de 30 ans, à la SNCB. Dans les cartons, un projet de transformer ce furoncle sans âme en espace de convivialité dédicacé aux camping-caristes. Une bonne nouvelle pour les touristes nomades allergiques aux autoroutes.
"Pour le moment, les gens qui passent par là, pour rejoindre Furnaux par exemple, ne voient que ça de Mettet. Les riverains sont très heureux de ce projet. On en fera quelque chose d’exceptionnel", souligne le bourgmestre Delforge.
Finie, la belle époque de l’euro symbolique. Mettet a acquis le terrain 6 400€, l’estimation minimale fixée par notre société nationale des chemins de fer. Et Yves Delforge de poursuivre: "Il y a là un gros potentiel d’aménagement pour restituer de la vie à ce quartier qui a énormément vécu (et vrombi) au temps de la gare".
Second intervenant sur ce point, l’échevin du Tourisme, Jean-Benoît Ruth: ce projet d’aménagement d’une aire de motor-homes, il est à relier à un appel à projets lancé par le Commissariat général au tourisme, dans le cadre du plan de relance de la Wallonie.
Grâce à l’assistance du BEP (le Bureau Économique de la Province), ce dossier, riche d’esquisses, est déjà sur la table de l’administration de la Wallonie. Coût: 300 000€, dont 240 000€ (80%) pris en charge par la Région.
L’aire comprendra 10 aires de stationnement. Par-delà, une zone de pique-nique, une aire de services (vidange, eaux, poubelles) et un parking voitures. La plantation d’une haie vive finira la parfaite intégration paysagère de cette escale au vert pour camping-caristes. Le rêve, bien sûr, c’est que ces adeptes du slow tourisme ne fassent pas qu’y dormir, au bord de l’ancienne voiel, mais qu’ils s’y incrustent, "selon cet axiome élémentaire. " Plus ils découvrent, plus ils consomment. "
Incohérence
Si Mettet n’est pas retenu, le collège relèvera le défi de le financer seul, sur fonds propres. Mais ça prendra plus de temps.
Écolo, par la voix d’Alain Boulanger, doute de l’estimation d’occupation (80 %) de l’aire de repos par rapport au portefeuilles de curiosités à offrir aux visiteurs.
"80 %, c’est pour l’été, juillet et août. C’est le chiffre que nous avons pour les gîtes et les chambres d’hôtes."
Ce n’est bien sûr pas le collège qui l’a inventé.
Le conseiller de la majorité Luc Van der Weyden, abonde: "Avec les temps que nous connaissons, tant mieux si le tourisme continue de se développer". D’autant que le tourisme, en ces temps d’économie de guerre, se cantonnera peut-être davantage à l’intérieur des frontières.
En marge de ce dossier sympathique, réflexion aigre-douce du conseiller Icap Fabien Dethier, qui relève une incohérence gouvernementale: "La ministre du Tourisme lance un appel à projets sur les aires de mobil-homes. Très bien. Mais, en même temps, l’ex ministre wallon des Finances, et de la même couleur, Jean-Luc Crucke, a décidé d’imposer les mobilhomes. Jusque-là, les camping-caristes payaient 0% de taxe de mise en circulation et une taxe annuelle de circulation de 120 à 250 €. Aujourd’hui, le propriétaire d’un mobil-home de type Fiat Ducato payera 867 €, + un malus de 500 €, à quoi s’ajoute une taxe de circulation de 548 €. Soit un montant de 2000€." Super, la Wallonie. Lui, pas comprendre.
Ce manque de cohérence régionale met le conseiller Dethier sur le c… (sic). "C’est aberrant, et c’est pénaliser la classe moyenne inférieure. Ces gens qui voyagent en mobile-home n’ont souvent pas les moyens de faire de longs voyages à l’étranger."
Espérons qu’ils auront encore 12 € pour s’acquitter du droit d’entrée, incluant la taxe de séjour (rires).
Cela étant, les incohérences du gouvernement wallon, et les mises devant le fait accompli, à Mettet, ça commence à sérieusement bien faire.