À Sombreffe, le padel n’est plus le bienvenu
Le collège reconsidère le projet d’aménagement d’un terrain de padel chaussée de Chastre. L’avis sera négatif.
- Publié le 02-09-2022 à 21h17
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Lundi soir, à la sortie du conseil communal. Des citoyens manifestent leur opposition à l’aménagement d’un terrain de padel, chaussée de Chastre, à l’endroit de l’ancien terrain de football. Ils ont exhibé des calicots pour dire « non » à ce sport dérivé du tennis et du squash. Raison invoquée: la pratique du padel – (à ne pas confondre avec l’activité nautique paddle)– génère d’insupportables nuisances sonores aux riverains.
Au vu de cet émoi citoyen, et pour mettre fin à une hémorragie d’informations erronées diffusées sur la page Facebook non-officielle"Sombreffe,mon village",la majorité IC-MR s’est réunie mercredi soir et a décidé, à l’unanimité de ses membres, ne plus soutenir le projet d’un complexe indoor de padel pourtant désiré par elle à l’origine.
Pour la bonne compréhension de ce dossier, le groupe majoritaire a diffusé ce vendredi matin un communiqué, histoire de l’expliquer par un bref rappel historique.
L’ancien terrain de football de Sombreffe, repris en zone d’équipement communautaire, a fait l’objet d’une diversité de projets au cours de la précédente législature, d’un espace pour club canin à une piste d’athlétisme en passant par une aire dédiée aux gens du voyage.
Le plus abouti de ces projets consistait en l’aménagement de terrains de tennis desservis par un bâtiment d’accueil. Mais il périclita, en raison notamment d’une estimation de la rentabilité revue à la baisse.
Si le tennis se révèle peu rentable, pourquoi ne pas essayer le padel?
En effet, complémentaire au tennis, ce sport est en plein essor depuis deux ans. Selon Steve Darcis, ancien tennisman professionnel, " c’est un sport convivial parce qu’il se dispute par équipe de deux, techniquement bien plus facile que le tennis. Plus démocratique aussi. On y prend donc beaucoup plus vite du plaisir". Preuve en est que l’Association francophone de tennis (version padel) compte aujourd’hui plus de 6.000 compétiteurs répartis entre 81 clubs, et qu’elle a l’ambition de multiplier par quatre le nombre de ses affiliés.
Croyant tenir le bon filon, la majorité décide alors de faire publicité de son projet de mettre en place un droit d’emphytéose (un bail immobilier de très longue durée) exclusivement dédicacé à l’aménagement d’un padel indoorsport.
Rétropédalage
L’appel d’offres d’emphytéose est voté au conseil communal du 31 janvier, par 10 voix contre 8.
Une seule offre est reçue dans les délais et conditions imparties. Elle est analysée à deux reprises par les services communaux qui remettent au collège un rapport écrit et une évaluation.
Celle-ci portait sur quatre points: la proposition économique, l’attractivité du projet pour les citoyens, sa qualité architecturale et environnementale. Enfin, la solidité financière de l’opération.
Tous azimuts, le projet tient la route. Mercredi soir encore, la majorité en a salué la qualité.
Sauf qu’entre-temps, en Belgique, cet engouement pour le padel va de pair avec une recrudescence de plaintes de riverains. Ceux-ci pointent des décibels trop élevés dégradant le cadre de vie.
C’est à ce point que, en Wallonie, la ministre de l’Environnement Céline Tellier (Écolo) est interpellée. Elle doit préciser qu’actuellement, les terrains de padel ne sont pas classés au sens de permis d’environnement. Il n’existe dès lors pas de normes de bruit à respecter. La ministre explique qu’elle chargera son administration d’analyser une possible proposition de réglementation sur le sujet.
À Sombreffe, dans la foulée, l’autorité communale se met à rétropédaler. Les riverains du terrain de football de la chaussée de Chastre s’inquiètent de l’impact environnemental du projet. Ils se mobilisent à travers des pétitions et des interventions sur les réseaux sociaux.
Pour toutes ces raisons, la majorité IC-MR et le collège, bien que conscients du projet architectural de haute qualité déposé par ses auteurs, et des efforts fournis, se sont résolus à l’abandonner. Ils vont devoir reprendre leur bâton de pèlerin pour trouver une nouvelle affectation au terrain de football.
D’abord être à l’écoute des craintes citoyennes
Le complexe de padel indoora beau être séduisant sur papier, et impliquer des investissements conséquents,il faut être à l’écoute des craintes qui émanent de la population et les apaiser,souligne le collège et la majorité IC-MR dans leur communiqué commun. Il faut aussi: »prendre en considération les interrogations des riverains sur les risques de pollution sonore. Tenir compte de l’impact visuel du projet sur le site emblématique du château de Sombreffe mais aussi écouter les aspirations formulées au sein de la population sombreffoise en termes de valorisation d’espaces vert. »
Ils invitent les auteurs du projet à être conscients que, en l’absence d’une réglementation au niveau de la Région wallonne, ils ne sont pas à l’abri de recours.
Le groupe majoritaire IC-MR a demandé au collège de porter le point de l’octroi du droit d’emphytéose lors du prochain conseil communal et d’émettre un avis négatif sur celui-ci.