Sambreville: feu vert pour le Parc des Générations
Le gouvernement wallon, début juillet, a rejeté le recours d’un opposant au Parc des Générations, à Auvelais. À défaut d’un second recours devant le Conseil d’État, le permis unique est pleinement exécutoire.
Publié le 25-07-2022 à 22h00
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Au cœur du quartier du Voisin, le vieux parc jadis propriété de l’intercommunale Orès, et abandonné à son triste sort de chancre végétal, va se réconcilier avec la vie d’un parc à part entière, où les citadins pourront venir se détendre et prendre un bain de nature. Ainsi en a décidé le gouvernement wallon. La décision a été notifiée le 11 juillet aux intéressés.
Rembobinons l’histoire querellée de ce projet de réaménagement s’inscrivant dans le creux d’une boucle de la Sambre et dont l’origine remonte à 2015.
L’ère Orès étant révolue depuis des lustres, il fallait retrouver un destin à cet espace naturel. Le collège imagine alors un parc public, à vocation récréative. Porté par l’Agence de développement local CréaSambre, le projet "a l’ambition de devenir un endroit privilégié pour les familles, accessible à tous, multiculturel, transgénérationnel et social" , indique l’ADL dans sa note d’intention. Par son coût, le Parc des Générations est emblématique: 3 millions€, une dépense rendue digeste par les aides européennes du Fonds programmatique Feder (Fonds européen de développement régional). En 2015, Sambreville avait raflé près de 15 millions€.
L’argument suivant est développé: démunie en matière de parc public compte tenu de son territoire exigu, Sambreville voit dans cet écrin arboré une opportunité unique d’offrir à sa population de légères infrastructures sportives et culturelles.
S’agissant d’un pouvoir public, le collège adresse une demande de permis unique aux fonctionnaires délégué et technique, qui lui accordent le précieux sésame le 15 mars dernier.
Tous les avis sollicités sont favorables. Mais dans le quartier, un riverain, qui redoute la fin de sa quiétude, attaque aussitôt le permis unique, sur recours, auprès du gouvernement wallon. Son avocat soulève trois moyens justifiant la réformation du dit permis. Il estime que le projet est par essence contraire au plan de secteur. L’ex-parc Orès, à l’origine privé, est classé en zone verte. Sa métamorphose en parc public n’est dès lors pas compatible, ce dernier, qui plus est, étant doté d’une panoplie d’équipements communautaires, tels un amphithéâtre de verdure, un espace de petite restauration, des terrains de tennis et de pétanque, des salles de réunion, des aires de parking, pique-nique et barbecue, et même un dog park .
Second moyen, le futur Parc des Générations couvrant la totalité de la superficie du site, il pervertit la fonction première de la zone verte: la conservation et la régénération de la nature.
Troisième moyen de défense invoqué: l’atteinte au cadre de vie. En l’état, il est silencieux. Dans le parc où la nature a repris sauvagement ses droits, on n’y entend que les oiseaux chanter. Demain, nombre d’humains viendront y troubler le silence ambiant de leurs bavardages et de leurs jeux, à travers un éventail d’activités: boire un café, taper une boule, assister à un concert de musique etc. À noter que dans le registre événementiel, seules deux manifestations grand public par an seront autorisées.
Un pavillon recyclé
Les ministres Borsus et Tellier ont balayé les trois arguments. Non, disent-ils, le parc public n’est pas incompatible avec la destination au plan de secteur, car le bien visé accueille un pavillon pratiquant restauration et loisirs depuis sa construction, en 1953.
L’atteinte au cadre de vie? Elle n’est pas démontrée. Les arbres sont tournés vers la zone d’habitat, notamment vers la rue des Voisins.
"La vue sur le parc sera inchangée pour ces riverains. La végétation existante faisant office de tampon, ils ne souffriront d’aucune nuisance nouvelle, d’autant que le parc est dédié à la détente et à la promenade, […] un usage local qui n’appelle pas de visiteurs éloignés.
Les experts du gouvernement pointent au contraire que le projet recycle pour partie des espaces déjà anthropisés, minéralisés ou construits mais actuellement abîmés par un pavillon partiellement démoli. Le remplacement de cette construction dégradée participera de l’embellissement des lieux.
Bien qu’il reste une possibilté de recours devant le Conseil d’État, avec cette décision, les générations devraient se croiser prochainement dans ce parc du bord de Sambre.
Lignes pures Le parc Orès était connu des passionnés d’architecture pour abriter un pavillon remarquable, modèle du réenchantement de l’architecture des années 50. Afin d’offrir un foyer de vie de qualité à son personnel, la direction des Centrales Électriques de l’Entre-Sambre-et Meuse (Esma) s’était adressée aux deux chefs de file du modernisme de l’époque, Roger Bastin et Jacques Dupuis. Malheureusement, en 2017 et 2018, des criminels y ont bouté le feu. Le permis inclut donc la démolition du pavillon incendié et la reconstruction, dans le même style futuriste Expo 58, d’un pavillon de plus petite superficie. L’incendie n’a pas abîmé la structure porteuse du bâtiment.
À vélo et à pied L’impact du projet sur la mobilité locale est quasi nul. La situation du parc, le long de la Sambre et du réseau RAVeL, favorise les modes doux de déplacement (vélo, marche). Enfin, le projet est d’autant moins susceptible de gâcher la vie de quiconque qu’un comité d’accompagnement sera mis en place de manière à pouvoir rassurer, maintenir un dialogue permanent et garantir le respect de l’affectation du parc. Par ailleurs, le Parc des générations sera fermé la nuit afin d’empêcher des intrusions mal intentionnées.