Sambreville: un bol d’air de 24 millions et des sacrifices d’emplois, dont un échevin, pour sauver le budget
Pour sauver ses finances, la Commune de Sambreville contracte un emprunt à 0 % à la Région et prend des mesures complémentaires fortes : 8,5 temps pleins en moins dans le personnel et un poste d’échevin sacrifié pour la prochaine législature.
Publié le 27-06-2022 à 22h00
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"Cela fait des années qu’on taille dans le gras. On est maintenant à l’os", analyse le bourgmestre de Sambreville, Jean-Charles Luperto, dans une métaphore gastronomique pour illustrer l’état de ses finances communales.Depuis deux législatures, ses présentations de budgets se déclinent en une série de mesures d’économies de plus en plus drastiques. "Mais on doit financer malgré nous de plus en plus de politiques décidées à d’autres niveaux de pouvoir." Comme un grand nombre de Communes wallonnes, Sambreville arrive à bout de ressources et tire très fort la langue. Consciente de cet état de fait, la Région vient de lancer un plan d’aide aux communes aux abois. Un plan "Oxygène" qui amène de l’argent frais, sous conditions. Le conseil communal de Sambreville a validé ce lundi soir son entrée dans ce plan. Cela représente 24 millions€ prêtés à 0%. Mais cela impose aussi des mesures complémentaires.Explications.
1 Police, pompiers, pauvreté, pension: quatre plaies. Les maux des finances communales viennent principalement de quatre postes budgétaires qui enflent ces dernières annéessans qu’on ait guère de prise pour empêcher cela: les dotations aux zones de police, la réforme des zones de secours (pompiers), les conséquences de la réforme des pensions et les dotations aux CPAS où la crise Covid, les inondations et l’accueil des réfugiés ukrainiens ont fait exploser les besoins.-là, l’équilibre budgétaire précaire était maintenu en puisant dans les réserves. "Mais de nos provisions des années antérieures il ne reste que 1,7 million, là où rien que les sauts d’index sur les salaires cette année ont un impact négatif de 2 millions." Les simulations réalisées en collège communal avec les directeurs général et financier sont effrayantes.Si on ne fait rien, Sambreville est, sur un budget de 36 millions de recettes, en mali de 2 millions dès 2023, 5 millions en 2024 et de mal en pis 17 millions en 2027, chiffre le directeur général Xavier Gobbo. En un mot: la catastrophe.
2 Le bol d’air du plan Oxygène. Le but du plan Oxygène est de permettre aux Communes de respirer en attendant des jours meilleurs.Sur 262 communes wallonnes une petite quarantaine (surtout les plus grosses) ont accepté de rentrer dans ce plan:" Les autres estiment que les conditions sont trop contraignantes mais nous n’avons de notre point de vue pas le choix." Concrètement, via "Oxygène" Sambreville va recevoir 24 millions via un emprunt en 20 ans à 0% de la Wallonie, laquelle prend par ailleurs en plus à sa charge 15% du capital. "Cela augmente notre charge de dette, mais de manière tout à fait gérable", rassure la directrice financière, Anne-Sophie Charles.Mais le prêt est conditionné: la Commune doit de son côté impérativement tenir l’équilibre budgétaire chaque année.Or ce que Sambreville peut obtenir via le plan Oxygène n’y suffit pas.Luperto et son équipe ont donc dû redoubler de créativité et faire des choix pour retrouver encore 3 millions€ de mou.
3 DEs "ETP" et un échevin en moins. "Dans les pistes envisagées, il y avait ce qu’on peut qualifier de musée des horreurs." Par exemple augmenter les impôts ou les taxes.Des leviers potentiellement importants mais auxquels le collège s’est refusé: "On a tout fait pour immuniser le citoyen." C’est donc dans les dépenses en personnel qu’on a fait des sacrifices.Ainsi, non seulement on ne créera pas d’emploi, mais six départs naturels ne seront pas remplacés. On va aussi réduire d’un demi ETP au service population, un temps plein à la cellule communication, un autre au cabinet politique et, pour la prochaine législature, le collège comptera un échevin de moins: "On voulait marquer que le politique prend aussi sur lui", commente Luperto par rapport à cette dernière mesure peu courante.
4 On respire mais jusqu’à quand? Moyennant ce prêt et ces choix politiques, Sambreville respire. Mais jusqu’à quand? "On en est au stade de devoir emprunter pour financer notre fonctionnement" , analyse le bourgmestre. Or dès le budget 2027, à situation égale, on rebascule en mali de 2,3 millions. Les Communes tournent donc leur regard vers le Fédéral et la perspective de la prochaine réforme de l’État, notamment sur la question du financement des pensions.Faute de quoi "l’immunité" du citoyen dont parle Luperto pourait être aussi incertaine dans la durée que celle promise par le vaccin Covid.