Aiseau Presles: confrontation musclée entre des habitants de Roselies et la police (vidéo)
Certains ont voulu lyncher un voisin accusé de pédophilie et s’en sont pris aux policiers. Des tirs de gaz lacrymogène ont répondu à un jet de poubelle.
Publié le 30-05-2022 à 20h21 - Mis à jour le 31-05-2022 à 13h26
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Ce dimanche, c’était la cohue dans la rue des Combattants de Roselies, à Aiseau-Presles. Dans l’après-midi, des dizaines d’habitants ont fait face aux forces de l’ordre de la police locale, pendant qu’une exfiltration avait lieu en arrière-plan.
Dans une vidéo publiée sur Internet, on voit la scène: quand la personne est exfiltrée par le service d’appui spécialisé de la police locale, la foule s’énerve et tente de briser le barrage policier, qui se voit obligé de tirer quelques coups de gaz lacrymogène pour éviter d’être débordé. Des chiens de la canine aboient, énervés, et des cris s’élèvent de la foule d’habitants. Certains se réfugient dans la cour d’une habitation, les yeux bouffis. Une poubelle vole vers les forces de l’ordre, qui serrent le rang, avant qu’une voiture de police ne démarre en trombe.
Que s’est-il passé? Un homme d’âge mûr emmené par la police est prévenu de faits de mœurs commis sur mineurs. Il a été précédemment arrêté et conduit devant la justice, mais libéré après son audition. Peut-être sous conditions.
Si au parquet, on se contente de confirmer qu’une instruction est ouverte, dans les quartiers les langues sont plus pendues. L’homme en question aurait violé, selon la rumeur, "au moins trois jeunes enfants, âgées de 10 à 11 ans". Et les voisins des petites victimes, hors d’eux, ont semble-t-il tenté de se faire justice eux-mêmes quand l’homme, libéré après audition, est revenu chez lui.
"La famille des victimes nous a contactés pour dire que le suspect était revenu chez lui malgré les mesures d’éloignement qu’on avait prévues (il devait aller dans sa famille et non rentrer chez lui, NDLR), et nous a dit que la foule s’assemblait , explique Philippe Borza, chef de corps de la police locale Aiseau-Presles/Châtelet/Farciennes. Les premières équipes envoyées sur place ont dit que la tension était palpable." C’est la raison pour laquelle ils sont restés présents en nombre.
Sandrine Vairon du parquet de Charleroi, justifie la décision de laisser le suspect en liberté: "Celle-ci ne présume en rien de la suite. Des investigations supplémentaires ont été demandées immédiatement par le juge d’instruction, mais en l’état il ne disposait pas d’assez d’éléments pour inculper ou mettre en détention le suspect. On comprend l’incompréhension des proches, mais il faut aussi comprendre que le juge d’instruction doit rester dans l’objectivité la plus grande et que la police est là pour faire respecter l’ordre."
La police et le bourgmestre ont rencontré les familles après l’incident, dans un contexte plus calme, pour mettre des mots sur la situation. "Je suis moi-même parent, je comprends la révolte, la tristesse, l’émoi. Mais il faut raison garder, et agir avec retenue pour laisser la justice faire son travail , précise Philippe Borza. On n’est pas au Far West, on ne va pas pendre une personne sur la place publique. C’est même une manière de desservir le dossier: les institutions doivent pouvoir faire leur travail en sérénité. La justice a été saisie des faits, la police a pris en charge les victimes, on a même réalisé les suites d’enquêtes demandées en urgence en rappelant du personnel pour travailler tout le week-end sur le dossier.
J’en appelle au calme, à éviter la surenchère et je ne tolèrerai pas ce genre de débordements. »