Charleroi : L’ex-policier poursuivi pour faits de mœurs
Le quadragénaire était un adepte des fêtes à caractère sexuel, avec de l’alcool et du cannabis à foison pour les jeunes victimes.
Publié le 18-05-2022 à 18h24 - Mis à jour le 19-05-2022 à 10h59
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QLCRDIELNNACREMS2UEBLOKIK4.jpg)
C’est un dossier particulièrement nauséeux qui a été évoqué ce mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Charleroi. D’un côté, sept victimes, dont cinq jeunes garçons adolescents. Parmi ces derniers, il y a le garçon adoptif de Dimitri, qui siège sur le banc des prévenus. Cet ex-policier doit répondre de viols et d’attentats à la pudeur commis durant une quinzaine d’années.
Le témoignage d’une ex-petite amie de la victime principale a permis de faire la lumière sur les faits. La jeune fille, presque majeure à l’époque, a dénoncé le triangle amoureux des plus curieux qu’elle a vécu durant sa relation sentimentale. " Elle s’est rendu compte de la relation fusionnelle qu’avait le prévenu pour son fils ", reprend Sandrine Vairon, procureure de Division de Charleroi. D’après le témoignage de la jeune fille, Dimitri demandait des "nudes" (des photos dénudées) à son fils. Le contexte, déjà des plus malsains, a atteint un autre niveau lorsque Dimitri "s’incrustait" dans les relations sexuelles du couple. " Elle se trouvait dans la chambre avec son copain. Le prévenu est arrivé avec de l’alcool et du cannabis. Puis il a insisté pour que son fils et sa belle-fille fassent l’amour sous ses yeux. Il donnait des conseils à la jeune fille sur la manière de bouger son bassin, durant l’acte, ou comment faire une bonne fellation ."
Des séances de masturbation
Entendu en 2020, le fils adoptif de Dimitri révèle subir le comportement pervers de son propre père depuis l’âge de 9 ans. " Vers 14-15 ans, il y a eu des masturbations et ensuite des fellations. Sans oublier les passages dans la chambre de son père pour y faire des câlins. Tout s’est arrêté quand le fils a rencontré sa compagne en 2014 ", narre le parquet. Face au tribunal, Dimitri évoque une "relation fusionnelle" avec son fiston. " J’ai assumé, j’assume et j’assumerai toute ma vie. Je sais que je lui ai causé un traumatisme. C’est normal que je sois puni pour ça. J’étais complètement à côté de la plaque. J’ai confondu mon rôle de père et de meilleur ami avec mon besoin d’affection. J’avais une relation trop fusionnelle avec mon fils ", admet l’ex-policier qui a recueilli de nombreuses plaintes pour des faits de mœurs durant son ancienne carrière.
D’autres langues se sont en effet déliées par la suite. Deux amis de la principale victime ont dépeint des soirées qui se déroulaient au domicile familial, avec alcool et cannabis. " Le fils faisait venir ses copains à la maison. Les victimes le disent, c’était comme s’ils étaient dirigés par un gourou et que le temps s’arrêtait dès qu’ils pénétraient dans la maison ." Au fil de la soirée, Dimitri profitait des victimes en leur proposant des séances de masturbation durant lesquelles le prévenu lançait un film pornographique après que tout le monde se soit déshabillé. Dimitri profitait de la situation pour passer à l’acte.
La mère n’a rien vu
Poursuivie pour non-assistance à personne en danger, Annie, compagne du prévenu, jure n’avoir rien vu. " Quand je lui demandais ce qu’il faisait avec papa, il me disait qu’il regardait des films ou jouait à la Xbox. Je n’ai jamais vu qu’il y avait des violences sexuelles ", précise-t-elle.
Décrit comme narcissique et manipulateur envers ses proches et victimes, Dimitri risque une sanction extrêmement sévère: la procureure de Division de Charleroi requiert une peine de 15 ans de prison, avec une mise à disposition du Tribunal d’application des peines de 10 ans. Le profil pédophile de Dimitri inquiète le parquet, tout comme son attitude lors de l’instruction d’audience et le fait qu’il a commis d’autres faits, sur son filleul cette fois, alors qu’il était en plein suivi psychologique. Pour la compagne du prévenu, la peine maximale pour le refus de porter secours est requise.
MeDerzelle, l’avocat de Dimitri, a longuement insisté sur la nécessité, pour son client, de faire l’objet d’un suivi très strict via un sursis probatoire. MeNapoli, qui défend les intérêts d’Annie, a plaidé la prescription de l’action publique et l’acquittement. Jugement fin du mois.