EN IMAGES| À Fosses, retrouvailles avec les truites à l’heure du retour de la pêche
Premier dimanche de pêche à Aisemont. Premiers lancers de lignes dans l’eau vive du Ry de Fosses et dans le grand calme vert d’avant-printemps.
Publié le 19-03-2017 à 19h03
L’aube de ce dimanche de mars s’est cognée contre de sombres et capricieux nuages qui n’annoncent rien d’autre qu’un jour pourri. Les rares pommiers en fleurs rassurent: tout va vers le meilleur.
Qu’importe que le matin soit froid, humide et un brin bisant, ils sont là, les pêcheurs d’Aisemont, tous clubbers du Vairon, jetant leurs lignes dans ce morceau méandreux du sous-bassin de la Sambre qui leur est réservé.
De la quarantaine qui est partie dès potron-minet se disperser sur les rives du Ry de Fosses, il ne reste qu’une moitié vers 9 h, nombreux à dire que ça ne mord pas bien. Que la truite est canaille.
C’est que le règlement a changé: l’ardillon n’est plus autorisé sur les hameçons. Il s’agit d’une contre-pointe empêchant le poisson de se décrocher sitôt ferré. L’ardillon disparu, il arrive au poisson à peine sorti de l’eau de se décrocher. Cette bonne nouvelle pour les truites exige un peu plus de patience et de ruse pour les lanceurs de lignes.
«J'en ai ainsi décroché deux. Ce sera plus sportif» commente Jean-Yves Pector. Tout au long de ce ry de Fosses, c'est à croire que les truites fario ont senti la menace approcher sur le pré et vu ses ombres gamberger à la surface de l'eau claire, qui coule vivement et charrie la rumeur légère du printemps. La mélodie, soutenue par d'interminables aubades, chante aux oreilles des pêcheurs. Elle remplit follement l'espace.
«Les truites, il faut aller les chercher au fond de l'eau, dans les trous où elles se cachent, ou en ferrer une en train de chasser» poursuit ce connaisseur. Il faut mériter sa première truite.
L’eau vive et les oiseaux fous
Jean-Yves, depuis sept heures, n'en a piégé qu'une. «Elles nous voient, j'en suis sûr, elles ne sont nin biesses.» La truite qu'il a hameçonnée, il la donnera.
Ils discutent autour des prises de ce premier jour: cinq d’un côté, quatre de l’autre mais la majorité fait la grimace, elle n’a accroché qu’une ou deux truites au bout de ses lignes nerveuses.
Même sous le roulement des nuages noirs, le bruit calme de l’eau filant par les méandres raconte la tendresse de cette ruralité profonde. On se dit qu’il n’y a rien de plus beau à écouter. Que le bonheur est là, bavard et fluide parmi toutes ces vocalises.
«À chaque ouverture, ça ne mord jamais bien. Ce sont des truites de rempoissonnement, elles ne sont pas habituées aux appâts naturels. Il faut leur laisser le temps de réagir et d'avoir faim» lâche ce pêcheur remontant le cours.
Les bottes s'écrasent sans bruit sur le pré spongieux. Il y a du vent, la pêche s'étire en accordéon. En amont comme en aval, c'est le même tumulte qui glisse et qui aimante les hommes d'ici. «L'eau qui coule, les oiseaux, le calme. Si ça ne mord pas, ce n'est pas grave. Je rentrerai calme chez moi» lâche Tanguy, de Moustier-sur-Sambre.
Il n’y a pas besoin d’être sensible pour se remplir de cette fraîcheur-là et ressentir l’harmonie.
«Il faut être là tôt le matin ou tard le soir. Là, elles attaquent, à l’affût. Dans l’entre-deux, elles dorment.»
C’est compliqué pour tout le monde. Michel Deboutte en a trois sur cinq dans sa besace mais trois autres lui ont échappé, sauvées de justesse. Elles ont «décroché». Dans ce fond de vallée où l’on peut entendre la cloche de midi, les oiseaux se répondent de loin en loin. Cette armée d’échotiers colporte la nouvelle du jour: la pêche est ouverte.