Assises Hainaut : l’avocat général présente des éléments qui mènent vers la culpabilité des deux accusés
Alexandre Iwaszko avance six éléments qui convergent vers la culpabilité, laquelle n’a jamais été vraiment contestée par les accusés.
Publié le 26-05-2023 à 11h56
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Alexandre Iwaszko, substitut du procureur du roi délégué aux assises pour représenter le ministère public, a requis vendredi la condamnation de Claudy Putman et de Johnny Vanhoutte. Les deux hommes sont accusés de vols avec violence et plusieurs circonstances aggravantes, dont celle d’avoir commis un meurtre, le 18 juin 2020 à Tournai.
Ce jour-là, les deux hommes ont braqué des vendeurs de produits stupéfiants, venus de Tourcoing et installés dans une maison du Bas Quartier à Tournai. Claudy Putman a abattu Grégory Doucet d’un coup de feu dans le thorax, à une distance de moins d’un mètre. L’avocat général relève six éléments de culpabilité.
Six éléments
Premier élément, les images de vidéosurveillance qui ont filmé le véhicule de Claudy Putman, stationné à une dizaine de mètres de la scène de crime.
Deuxième élément, la téléphonie. Les deux accusés étaient à Tournai au moment de la commission des faits.
Troisième élément, des SMS ont été changés entre le numéro de Johnny Vanhoutte et le numéro utilisé par les dealers.
Quatrième élément, le téléphone volé à un dealer et qui a borné en soirée à Antoing, où vit Claudy Putman. Ce GSM a été revendu par Johnny Vanhoutte à des proches, pour une bouchée de pain. Le vendeur a été incapable de donner le code de verrouillage. Il a repris le GSM, revendu dans un magasin de seconde main. Le gérant dit que c’est Johnny qui lui a vendu l’appareil.
Cinquième élément, les témoignages. Les quatre adolescents qui accompagnaient Grégory Doucet parlent de deux agresseurs.
Sixième élément, un pull couleur magenta, ressorti à trois reprises dans le cadre du dossier. Ce pull a été remarqué sur les images vidéo, par la locataire de la maison du Bas Quartier qui se trouvait à l’étage de sa maison au moment de l’arrivée des deux voleurs, et retrouvé chez Johnny Vanhoutte.
L’arme du crime n’a pas été retrouvée. Claudy Putman prétend avoir jeté son fusil de chasse, dont il avait scié le canon, dans le canal à Maubray. Plusieurs témoins ont décrit la même arme aux enquêteurs.
La culpabilité
Le 3 septembre, Claudy Putman contacte un autre vendeur de drogue, un Breton, et les deux hommes s’y rendent à moto, retrouvée chez Claudy lors de la perquisition.
Le ministère public retient que, selon les experts, les deux hommes sont responsables de leurs actes et qu’il s’agit bien de vols avec violence, assortis de toute une série de circonstances aggravantes : effraction, plusieurs auteurs, fuite en voiture, utilisation d’armes (un fusil de chasse à canon scié et une matraque), et le meurtre commis le 18 juin 2020.
Il ajoute que l’intention de tuer est établie en raison de la nature de l’arme (un fusil de chasse à canon scié), de la distance de tir (moins d’un mètre), de la zone visée (le thorax). “Ils ont décidé de braquer des dealers, en toute connaissance de cause. Au moment d’y aller, ils savent que les dealers ne se laisseront pas faire, d’autant qu’ils ont déjà été agressés. Quand on se jette dans la gueule du loup, on ne pleure pas quand on se fait croquer”, insiste le magistrat. Les conséquences du geste étaient prévisibles et le résultat accepté, comme l’a retenu la cour de cassation, dans un arrêt.
Le ministère public considère que ce sont deux coauteurs qui sont assis depuis lundi dans le box des accusés. “Il y a un instant T dans ce dossier, ils arrivent tous les deux sur place pour braquer le plan et Claudy Putman a déjà sorti son arme au moment de rentrer dans la maison, par la fenêtre. Johnny Vanhoutte a le choix. Soit il entre, soit il part. À partir du moment où il entre, il accepte toutes les conséquences de ce qui peut se passer”.