Mission accomplie: les dons pour les Ukrainiens sont arrivés à destination (vidéo)
Vendredi soir, après plus de 20 heures de voyage depuis la Belgique, nous sommes arrivés à Dorohusk, à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, où arrivent par centaines des Ukrainiens fuyant les missiles russes.
- Publié le 06-03-2022 à 21h36
La délivrance est proche pour Vladimir Kibardin, l’Ukrainien namurois qui a organisé avec sa compagne, Sophie Hubert, une collecte de dons, ainsi que pour ses amis et nous-mêmes, qui l’ont accompagné dans cette formidable aventure humaine pour acheminer le matériel, la nourriture et tous les médicaments.
À quelques mètres du check-point, la police nous apostrophe. La camionnette de Vladimir est en tête. La conversation est brève, le véhicule peut passer et nos trois autres camionnettes aussi. C’est bon, on y est presque! On se range dans un parking en attendant Ruslana, une Ukrainienne solidaire qui emportera tous les dons dans un camion et les dispatchera à ceux qui en ont le plus urgemment besoin. L’attente nous paraît longue car il y a d’importantes files sur la route menant à la frontière, comme en témoignent les photos qu’elle nous envoie. Elle n’a pas l’avantage des véhicules humanitaires qui, eux, passent sans contrôle.
Générosité et résistance
Ruslana travaille comme dispatcheur dans une société de transport. Elle habite à une vingtaine de kilomètres de la frontière et n’a pas arrêté de faire des allers et retours entre les deux pays. Depuis le début de l’offensive russe, elle passe son temps à aller chercher des biens de première nécessité pour ses compatriotes, si bien qu’elle n’a quasiment plus de place sur les pages de son passeport, tant elle a accumulé les cachets d’entrée et de sortie. Elle et Vladimir ne se connaissaient pas. Il a fallu s’apprivoiser. "Lorsque nous nous contactions par WhatsApp, elle ne souhaitait pas donner son nom complet ou la marque de son camion", explique-t-il. La crainte d’être dans le viseur des autorités russes ou de représailles est bien palpable. Après tout, Ruslana est une résistante.
Peu avant minuit, après plus de trois heures d’attente, la jeune femme arrive. On ne parle pas sa langue mais on sent sa personnalité bien affirmée. Un sacré petit bout de femme qui n’a pas froid aux yeux! Quand elle débarque, nous sommes non seulement impatients mais aussi très émus car 16 enfants se trouvent dans son camion. "On ne s’attendait pas à ça, confie Vladimir. Ils sont pris en charge par des gens ici, en Pologne. C’est une ambiance indescriptible ce qu’il se passe à la frontière. La solidarité est incroyable. Il faut le vivre pour s’en rendre compte."
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, tout le monde s’active pour transférer les cartons et les sacs de dons de nos fourgonnettes dans le camion de Ruslana. La mission est accomplie.
La solidarité continuera
Ce samedi soir, nous avons appris de notre contact en Ukraine que les colis étaient bien arrivés. Triés et rangés, ils seront distribués en priorité aux militaires, aux enfants en bas âge, aux hôpitaux, etc.
Et après? Des équipements pour les militaires, des gilets pare-balles, des vêtements et sous-vêtements chauds pour hommes, femmes et enfants sont plus que jamais nécessaires, de même que des langes et des aliments pour bébés comme du lait en poudre. Vladimir et Sophie auront sans doute besoin d’un local et d’un véhicule plus grands pour ces nouveaux dons (avis à ceux qui ont des propositions à faire)!
À Dorohusk, sur le parking où nous avons attendu Ruslana, Vladimir a même loué un box pour un mois, où les personnes solidaires qui iraient jusque-là peuvent déposer leurs dons pour qu’ils soient pris en charge. "Ils me préviennent et je leur expliquerai la marche à suivre", indique-t-il. Vladimir n’avait pas trop le cœur à rentrer en Belgique. Il ressentait un goût d’inachevé et ne tarissait pas d’idées pour aider les sinistrés de son pays natal.
C’est sûr, Vladimir reviendra dans les jours prochains pour apporter à nouveau sa pierre à l’édifice.