La Fin de la fusion Tivoli-Jolimont? "On fait une pause"
Officialisée en grande pompe l’an dernier, la fusion entre Jolimont, le CHU Tivoli et le CHU Ambroise Paré, qui doit créer le premier réseau hospitalier intégré de Wallonie, connaît un ralentissement. L’une des parties marque une pause.
Publié le 22-02-2022 à 15h05
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C’était une petite révolution dans le monde hospitalier wallon. Après deux ans de discussion, le pôle hospitalier Jolimont (La Louvière), le CHU Tivoli (La Louvière) et le CHU Ambroise Paré (Mons) lançaient officiellement en juin dernier leur ambitieux projet: fusionner et devenir Helora, premier réseau hospitalier intégré de Wallonie, implanté dans le Hainaut (Mons, Borinage, Centre) et l’ouest du Brabant Wallon. 9 700 collaborateurs, un bassin de soins de 755 000 habitants, répartis sur 42 communes. Un mastodonte.
Et un pas plus loin donc que la réforme de l’ex-ministre de la Santé, Maggie De Block, qui imposait aux hôpitaux de se mettre en réseaux, notamment pour des économies d’échelle et booster les collaborations.
Ici: il s'agissait de ne faire qu'un, de mutualiser les moyens humains, techniques et financiers. Et surtout, de construire deux nouveaux hôpitaux d'ici 2030: un de 900 lits/places sur La Louvière réunissant les activités du CHU Tivoli et l'hôpital de Jolimont, un de 850 lits/places sur Jemappes (Mons). Mais aussi de reconstruire/rénover trois autres hôpitaux à Warquignies (250 places), Nivelles (350 places) et Lobbes (250 places). Tout cela pour la coquette somme d'1 milliard d'euros annoncée en décembre dernier par les représentants d'Helora.
Et puis, c’est le revirement. Des assemblées générales et conseils d’administration ont été organisés ces dernières semaines dans les hôpitaux partenaires: Tivoli n’est plus sur la même longueur d’onde. Signe d’un certain malaise: des réunions médicales, qui réunissent désormais le personnel des différentes infrastructures, se seraient faites sans le personnel de Tivoli dernièrement.
La fin de la fusion?
«On continue à vouloir intégrer Helora»
Ce mardi, Jean-Claude Dormont, directeur général du CHU Tivoli, réagit: "Il n’y a pas de marche en arrière mais on fait une pause, on ralentit le rythme, justifie-t-il. On continue à vouloir intégrer le réseau Helora! Mais pour nous, l’intégration au 1er janvier 2023 est trop rapide et on manque de visibilité. Cela nous paraît impossible de suivre ce rythme."
Notamment en termes de moyens financiers, souligne-t-il: "Quels seront les moyens disponibles pour le réseau? Nous, on veut y voir plus clair. On a en effet entamé il y a dix ans une remise à niveau de nos infrastructures pour offrir à la région du Centre un hôpital digne de ce nom. Et les murs seront comme convenu disponibles en 2024, indique Jean-Claude Dormont. On s’en tient à notre objectif et on le met d’ailleurs à disposition du réseau Helora. Mais on ne voudrait pas hypothéquer tout notre projet, qui existait bien avant le réseau…" Entendez, la construction d’une nouvelle aile, véritable extension de l’hôpital Tivoli, avec un accord pour un budget travaux de 130 millions€.
Tivoli estime que la ligne budgétaire, "telle qu’imaginée par la gouvernance du réseau" est parfois éloignée des réalités de terrain: "Les vagues successives de la crise sanitaire, associées aux diverses mesures gouvernementales, ont largement fragilisé le secteur hospitalier. Pour ces raisons, les budgets doivent rester réalistes."
«C’est peut-être là notre faute»
Cette "pause" remet-elle en cause la construction prévue des nouveaux hôpitaux? "Non", à en croire le directeur général du CHU Tivoli. "Mais tout le monde savait en décembre (lors de l'annonce des projets de nouveaux hôpitaux, Ndlr) qu'il n'y avait pas les moyens nécessaires." Selon Jean-Claude Dormont, la Région wallonne a donné son aval pour un financement de 700 millions€: "ça ne vous permet pas de construire cinq hôpitaux!"
Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt? "C’est ce qu’on nous reproche et c’est peut-être là notre faute…"
Certaines voix ont pointé la concurrence avec d’autres réseaux (sur le même territoire) comme possible raison du ralentissement: "alors là, absolument pas, affirme Jean-Claude Dormont. Il sera d’ailleurs un jour inévitable qu’il y ait négociation entre le réseau Helora et les “réseaux concurrents”, à partir du moment où vous occupez les mêmes territoires…"
Mais Jean-Claude Dormont insiste: le réseau collaboratif Helora, tel qu’imposé par les autorités fédérales, et qui regroupe déjà les trois hôpitaux, "existe toujours et Tivoli continue à s’inscrire dans le processus d’intégration".
Dans une communication interne envoyée au personnel la semaine dernière, Jolimont a fait part de sa "déception" tout en affirmant "continuer le travail" avec le CHU Ambroise Paré et rester "ouvert à la discussion" quand Tivoli sera "prêt".