120 jeunes ont participé à la 6e édition du "Challenge Bois" de Libramont
En 8 heures, les étudiants ont dû construire un pont en bois, le plus long possible, avec un budget limité à 150€.
Publié le 28-01-2022 à 19h23
Le bruit des visseuses et des scies résonne dans la halle aux foires de Libramont. Depuis ce vendredi matin à 8 h 00, une centaine d’étudiants est à pied d’œuvre. Ces futurs ingénieurs et spécialistes de la construction viennent de quatre écoles: la Haute École Libre Mosane, la Haute École Robert Schuman, la Haute École de la Province de Liège ainsi que de l’Université de Liège.

Plusieurs contraintes
Le défi du jour est de taille: construire un pont en bois en étant soumis à plusieurs contraintes. "Le thème de cette année s'appelle "Riverwood". Les étudiants doivent réaliser un pont en moins de 8 heures avec un budget de 150 euros. Celui-ci doit surmonter un mur haut de 3m ainsi qu'une rivière fictive. Évidemment, il doit aussi pouvoir supporter le poids d'une personne qui le traverse", explique Valérie Doutrelepont, responsable communication de "Ressources Naturelles Développement ASBL", l'un des organisateurs de cette journée.
Le "Challenge Bois" est organisé depuis 2016 par l’ULiège, RND et le Wex de Marche-en-Famenne dans le cadre du salon Batimoi. C’est d’ailleurs dans celui-ci que le concours a normalement lieu.

Un apprentissage ludique
L'événement permet à ces jeunes de mettre en pratique ce qu'ils apprennent en cours. Pour la plupart d'entre eux, c'est le seul moment de leur cursus où ils peuvent vraiment être en contact avec les matériaux. Un moment très important dans leur formation qui permet de rendre les apprentissages ludiques. "Cela permet de mettre en parallèle différentes compétences. Ici, il y avait de la conception et du calcul. Nos élèves sont aussi sortis de leur zone de confort, car ils ont dû utiliser un logiciel qu'ils ne connaissaient pas pour mener à bien leur projet. Ils ont pu tester leurs plans informatiquement pour voir si leur structure était fiable ou non. Pour apprendre quelque chose, il faut du concret et ce challenge apporte justement cet aspect-là", explique Michaël Plainchamp, professeur à la H.E.R.S de Libramont.
Budget maximal de 150€
27 équipes, 9 000 vis et 20 000 pièces de bois; cela a de quoi donner le tournis! Tout cela nécessite beaucoup de concentration, les étudiants se préparent à cet exercice depuis de très longues semaines. Pourtant, il peut arriver qu'un imprévu surgisse: une pièce oubliée ou encore un changement de dernière minute. Là encore, une difficulté supplémentaire s'ajoute pour les têtes en l'air. "Avec le budget de virtuel de 150 euros, ils pouvaient acheter du bois et des vis. Si le budget est dépassé, le prix de la pièce manquante est multiplié par 3. Sur un chantier, dans la vraie vie, vous avez aussi ce genre de contraintes lorsqu'il manque une pièce, car vous devez déplacer du personnel et acheter du matériel en dehors d'un marché défini", ajoute Diego Bernard, l'un des organisateurs.

La technique plutôt que l’esthétisme
Après 16 h, tous les ponts ont été testés. Un étudiant est invité à le traverser pour vérifier la solidité de l'ouvrage. Rassurez-vous tout de suite, la traversée est sécurisée. Ici, l'esthétisme n'est pas jugé. On veut, avant tout, un pont qui répond au cahier des charges. "C'est le pont le plus long qui remportera le concours!", annonce Vincent Denoël, professeur à l'ULiège.
De manière globale, tous les étudiants ont effectué du bon travail. Le challenge aura permis à tout un chacun d’améliorer ses compétences.
Haute École Robert Schuman
Maxence Vanseymortier: «On travaille avec des contraintes propres au terrain»

Ce défi, est-ce une bonne opportunité?
Oui, c’est intéressant, car cela nous a permis d’utiliser d’autres logiciels, d’apprendre davantage sur la résistance, voir ce qui est possible, ou non. J’ai apprécié de travailler avec différentes contraintes propres au terrain.
N’est-ce pas trop stressant de travailler dans ces conditions strictes?
Non, non… C’est sympa! Comme on a bien préparé le projet sur plusieurs semaines et que nous disposons de tous les plans, je pense que nous avons assez de temps pour réaliser ce pont. Surtout qu’il y a une bonne ambiance dans notre équipe.
Et quelle technique utilisez-vous?
Nous, on a décidé de travailler avec des poutres en «I», parce que c’est une structure qui sait très bien reprendre les charges et on a retiré des éléments pour mieux l’optimiser et économisant de l’argent sur la visserie, car notre budget est limité.
Avez-vous bon espoir de remporter le challenge?
Non (rires)! Je ne pense pas! Dans notre école, il y a d’autres équipes qui ont des projets bien plus intéressants et qui vont plus loin que le nôtre grâce à une meilleure structure. Après, ça reste intéressant de participer, car cela nous permet de voir si notre projet est bon ou pas. Mais gagner, non, je ne pense pas!

Université de liège
Alice Daminet: «nous avons déjà été évalués. Aujourd’hui, ce n’est que du plaisir!»

Ce challenge, cela change un peu des cours en classe?
C’est assez chouette! D’habitude, je dois dire que l’on fait assez de choses théoriques. Ici, c’est agréable de pouvoir jouer et construire vraiment les choses. On se rend mieux compte de la réalité du terrain que lorsqu’on construit quelque chose théoriquement. On ne pense pas à tous les détails.
Un exemple de difficulté, justement?
Par exemple, le fait de placer les vis. Lorsqu’on a découpé les lattes, nous nous sommes aperçus qu’il y avait une erreur de 5 mm. Du coup, tout était désaxé et nous avons dû tout recalculer au dernier moment. Ce n’était pas aussi simple qu’en théorie…
Construisez-vous votre pont selon une méthode particulière?
On utilise la méthode du «treillis». Au lieu d’utiliser un seul élément, on en assemble plusieurs pour créer une sorte de grande poutre.
Avez-vous bon espoir d’être bien classé?
On verra bien! Je ne peux pas m’avancer, mais on espère que cela va aller. Après, c’est le jeu aussi. Nous verrons bien si cela tiendra… ou pas! D’autant plus que nous ne sommes pas évalués aujourd’hui, Nous l’avons été sur le rapport théorique. Donc, aujourd’hui, ce n’est que du plaisir!
