Vols à l’étalage, place aux sanctions immédiates: "Je pense que je perdais 14000€ sur l’année" (vidéos)
Les auteurs de vols à l’étalage dans les commerces seront sanctionnés.
Publié le 27-01-2022 à 18h10
"Le grand problème, c'est les vols à l'étalage. Mais on n'a pas assez de moyens," constate le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. Selon les chiffres dont il dispose, 20 à 22 000 déclarations relatives à des vols à l'étalage sont produites chaque année. Un chiffre constant alors que d'autres délits sont en diminution de manière générale. Le phénomène est d'ailleurs sous-estimé puisque seulement 10% des vols de ce type seraient déclarés à la police.
Généralement, ces délits restent impunis et les auteurs sont rarement inquiétés. La frustration s'empare des commerçants et les auteurs constatent que rien ne les empêche vraiment de recommencer. "La Justice ne fonctionne pas toujours, constate le ministre. Les amendes routières, c'est bien: 93% d'entre elles sont payées et le système est complètement automatisé. On va combattre les vols à l'étalage avec des transactions immédiates."
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/RS36PMRTKJDH7D5AD7ODHNMBAY.jpg 480w,https://www.lavenir.net/resizer/FZ480B089OBoHKymYJ6fkDagPHs=/768x496/smart/filters:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/RS36PMRTKJDH7D5AD7ODHNMBAY.jpg 768w)
Une transaction de 50 à 350€
Cette mesure est opérationnelle depuis le 1er janvier 2022. Concrètement, lorsqu'un flagrant délit sera constaté par un commerçant, celui-ci appellera la police qui viendra sur place verbaliser l'auteur. S'il reconnaît les faits, une perception immédiate sera effectuée grâce à un terminal bancaire mobile. Coût de l'infraction: entre 50 et 350€ maximum en fonction de la valeur de l'article dérobé. " Si la personne refuse, le dossier est alors transmis au parquet. " Et si la personne accepte, elle évite de voir figurer l'infraction sur son casier judiciaire. Ce qui n'empêche que le voleur sera repris dans la banque de données de la police afin de suivre les multirécidivistes.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/XSOA6WDLXFFKVAYUWPS7B5X2ZU.jpg 480w,https://www.lavenir.net/resizer/ywTtDDs0lpLyWpNr2Dd8lVw1ylU=/768x556/smart/filters:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/XSOA6WDLXFFKVAYUWPS7B5X2ZU.jpg 768w)
500 vols par jour
Les commerçants se félicitent de cette mesure tant attendue. À commencer par la fédération Comeos qui représente la grande distribution. "On parle souvent de petite criminalité mais cela n'en est pas, juge Dominique Michel, le CEO de Comeos. Cette criminalité coûte 1 milliard d'euros chaque année. Chaque jour, en Belgique, il y a 500 vols en magasin et on n'en déclare qu'un sur vingt. Il y avait un sentiment d'impunité et, maintenant, la police aura la possibilité de prélever une amende. On va donc informer nos membres pour qu'ils fassent massivement des déclarations."
Si on peut trouver une réponse pragmatique, c’est un soulagement sur le plan moral de pouvoir lutter contre ce fléau.
Même soulagement du côté de l'UCM et des petites et moyennes entreprises. " On apporte maintenant une réponse pragmatique, estime Pierre-Frédéric Nyst, président de l'UCM. Force est de constater que le commerçant avait autre chose à faire que de lancer une procédure. Si on peut trouver une réponse pragmatique, on est dans le bon. C'est un soulagement sur le plan moral de pouvoir lutter contre ce fléau."
La mesure ne concerne que les auteurs adultes. Les récidivistes ne pourront bénéficier de cette transaction. Quant aux mineurs, les parents doivent être informés et ils peuvent être renvoyés devant un juge de la jeunesse.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TKSU2NXWIFDPTLMZAZ4G4U2NB4.jpg 480w,https://www.lavenir.net/resizer/BYPBSROAzI12qA2vrwln75U8w7k=/768x512/smart/filters:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TKSU2NXWIFDPTLMZAZ4G4U2NB4.jpg 768w)
Sanction immédiate pour les vols de vélo
Les vols de vélo seront également intégrés dans cette nouvelle procédure. Lors d’un flagrant délit, les policiers pourront proposer une transaction immédiate à l’auteur des faits. Le tarif: 200€ pour un vélo classique et 400€ pour un vélo électrique.
Un nouveau carnet de contraventions
Les policiers du pays vont être équipés d’un nouveau carnet de contraventions qui sera destiné aux vols à l’étalage, à la possession de certaines armes (pas des armes à feu mais plutôt des couteaux, matraques, spray au poivre…) ainsi qu’aux détenteurs de certaines drogues et en petites quantités. Les vols de vélos sont ainsi intégrés dans la liste des délits qui pourront être réglés directement sur place. Le tarif: 50 à 350€ pour les vols à l’étalage, 200€ pour le port d’armes et pour la possession de drogue; 200 ou 400€ pour les vélos.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QATSC7EORVEG3HNQ2JLZGV5EZA.jpg 480w,https://www.lavenir.net/resizer/6dJa1YcC7KxXSxenUS2A9x7KR6c=/768x512/smart/filters:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QATSC7EORVEG3HNQ2JLZGV5EZA.jpg 768w)
L'expression "on vole de tout", elle en mesure toute la portée. "Chez moi, on vole toutes les semaines. Essentiellement des chaussettes car on retrouve les étiquettes arrachées. Mais aussi des petits brols de mercerie qui coûtent 4-5€. "
Certains de ces "clients" se font parfois repérer. "Il y en a une qui venait toujours échanger de la laine à tricoter. Et, un beau jour, je mets de l'ordre dans un coin et je trouve des bandelettes de laine à tricoter. " En questionnant les vendeuses, Bernadette s'est rendu compte que cette fidèle cliente n'achetait jamais de laine mais venait chaque fois en échanger…
Mais lorsque les voleurs sont pris la main dans le sac, c'est une autre affaire… " Je n'appelle pas forcément la police. Là, je lui ai dit que je ne voulais plus jamais la voir dans mon magasin. Elle est sortie mais elle a essayé de revenir quelques semaines plus tard. "
Le témoignage de Bernadette Pierre dans notre vidéo ci-dessus.
Certains volent par défi, parce qu’ils souffrent aussi de cleptomanie, parce qu’ils en ont besoin… Mais dans les petits commerces, il faut aussi affronter une criminalité plus organisée. Dans son magasin, Bernadette Pierre vend également des articles de plus grande valeur. Comme des pyjamas de marque. Elle se souvient, d’un petit groupe organisé qui a rassemblé tous les pyjamas et qui a tout sorti par la grande porte sans demander son reste. Ou une dame qui glissait son panier de course en dessous de la penderie et qui laissait tout tomber dedans. Et les antivols? Ils peuvent être neutralisés. La commerçante wavrienne sort ainsi un vestige de son bureau: une sorte de grande enveloppe bricolée, assez lourde et recouverte de scotchs. Une fois dans le panier, les portiques ne détectent plus les marchandises volées.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/SRIHJXVEZZGF5BISML4ZT7RQF4.jpg 480w,https://www.lavenir.net/resizer/rCNhQLZT3XuJbzurPg3xZvHHu3s=/768x512/smart/filters:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/SRIHJXVEZZGF5BISML4ZT7RQF4.jpg 768w)
Cigarettes: des vols pour 14 000€
De l'autre côté de la route, c'est le Carrefour Express de celui qu'on surnomme "Chico". Lui, il est servi: il n'y a pas un jour sans subir un vol ou la dégradation volontaire de marchandises. " On vole de tout: des couques, des sardines, des sacs complets de marchandise." Son magasin est prisé des jeunes qui viennent y chercher des viennoiseries, des chips, des boissons. "On les repère, assure-t-il. On sait dire: celui-là, il vient pour voler. Le plus compliqué, c'est aux moments des entrées et sorties d'école. " Son personnel a été briefé afin d'être attentif: "je dis aux caissières de se méfier des gens qui sont gentils." Dernièrement, ils ont intercepté une dame qui avait un sac complet contenant "que des produits de marque: du Air Wick WC, du Coca…". Il y a peu, c'était les cigarettes qui posaient problème. "Depuis que j'ai mis un distributeur, ça va. Sinon, c'était la cata! Je pense que je perdais 14 000€ sur l'année. "
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/LBETWKIQFNGTBHJ2Q47S24DCNU.jpg 480w,https://www.lavenir.net/resizer/gM3ipLYYRINM4-0_bjLQyBKz4T8=/768x512/smart/filters:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/LBETWKIQFNGTBHJ2Q47S24DCNU.jpg 768w)
À l’étage, un écran diffuse les images des nombreuses caméras qui équipent le magasin. Mais le gérant du Carrefour confirme qu’ils n’ont pas le temps de scruter les écrans en permanence.
En toutes circonstances, le commerçant doit garder son calme "et on n'appelle pas toujours la police car c'est une perte de temps." Lorsque ce sont des mineurs qui sont interceptés, les parents sont parfois plus efficaces. Chico sourit espièglement quand il se souvient d'un papa qui " a mis une torgnole à son fils. Moi, je ne pouvais pas, mais lui, il l'a fait…"