Fusionner les communes bruxelloises? “Un fantasme flamand” qui fait encore débat
Une députée Vooruit propose de fusionner les communes… une idée loin de faire l’unanimité.
- Publié le 13-01-2022 à 14h06
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D'une commune bruxelloise à l'autre, d'une rue à l'autre, les réalités financières et les services rendus à la population peuvent drastiquement varier. Selon un récent rapport de Bruxelles Pouvoir Locaux, la Ville de Bruxelles dispose de 3.591€ par habitant… alors qu'à Ganshoren, cette capacité n'est que de 1.226€. Même sauts de géants au niveau de la fiscalité, ou au niveau du nombre de personnel par habitant…
Face à ces inégalités entre les 19 entités, le parti de la majorité Vooruit est sorti du bois et plaide pour une fusion des communes et “la nécessité d’une Bruxelles unifiée”. “La fusion des communes bruxelloises reste la meilleure voie vers plus de solidarité, plus de prospérité et de meilleurs services pour les Bruxellois”, a déclaré dans un communiqué la députée Els Rochette (one.brussels). “Seule une fusion peut garantir que la richesse de l’Est bruxellois soit également utilisée pour aider les Bruxellois vulnérables de Molenbeek ou d’Anderlecht. Il n’y a aucune raison pour qu’un habitant de Koekelberg ne bénéficie pas de recettes communales élevées grâce aux bureaux qui se trouvent à Saint-Josse et à Bruxelles-Ville”.
Fusionner tout, niet des francophones
Le débat est tout sauf neuf, et refait sporadiquement surface à Bruxelles, attisant les interminables conversations entre municipalistes et régionalistes, néerlandophones et francophones de toutes tendances politiques.
Du côté du ministre bruxellois des Pouvoirs locaux Bernard Clerfayt (Défi), l'idée avancée par Vooruit rencontre un niet catégorique. "La fusion des communes est un fantasme flamand, fondé sur la répartition des pouvoirs", indique le ministre amarante. "La Région est aujourd'hui anti-démocratique. Les néerlandophones y sont sur-représentés : ils s'arrogent 20 % des moyens dédiés aux politiques communautaires, 30 % des emplois dans l'administration régionale, etc."
Ancien pilier de la Région bruxelloise, bourgmestre de Saint-Gilles depuis 1985, Charles Picqué (PS) se dit également fortement opposé à une fusion totale et considère les communes comme "la cavalerie légère des pouvoirs publics". "Dans une ville comme Bruxelles, les communes sont nécessaires pour mettre en place des politiques décentralisées et des services de proximité avec une souplesse d'intervention et une réactivité".
Le Saint-Gillois se montre cependant favorable à des fusions occasionnelles de deux entités, comme Saint-Gilles et Forest par exemple, mais "sur base volontaire" et avec "une période transitoire de collaboration entre communes". Parmi les partisans des fusions bilatérales, comme cela se fait encore en Flandre, on retrouve aussi le député Christophe Magdalijns (Défi), qui avait plaidé dernièrement pour une fusion entre Auderghem et Watermael-Boitsfort en une entité "Soignes".
"Je maintiens l'idée. Fusionner permet notamment de faire des économies d'échelle. On pourrait descendre jusque 12 communes par exemple avec des entités d'au minimum 40.000 habitants." Du côté du voisin, on reste cependant encore défavorable. "Les gens s'identifient fortement à leur commune. La faire disparaître n'est pas une bonne idée", commente le bourgmestre boitsfortois Olivier Deleuze(Écolo), qui plaide cependant pour davantage de synergies intercommunales notamment pour la police ou les piscines.
Une position assez similaire à celle de l'Ixellois Christos Doulkeridis (Écolo) et de l'Etterbeekois Vincent De Wolf (MR). Le mayeur libéral en place depuis 1992 voit même les fusions comme contre-productives. "La pandémie a montré à quel point les communes sont utiles", justifie le libéral, qui rappelle que les entités bruxelloises sont déjà nettement plus peuplées que bon nombre d'entités wallonnes et flamandes.