Abandons d'animaux post-Covid : « Ce ne sont pas des objets »
Les abandons d’animaux post-confinements se poursuivent et les vacances d‘hiver pourraient aggraver la situation, selon certains refuges. "Ce ne sont pas des objets", rappellent-ils.
Publié le 14-12-2021 à 06h00
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Dans des caisses en carton en bord de route, devant des grandes surfaces, dans des champs, près d'un ruisseau… les endroits où chats ou chiens sont abandonnés (alors qu'ils n'ont parfois que quelques jours) peuvent être incongrus. "Depuis qu'on peut à nouveau voyager, les gens abandonnent leurs animaux. Ils ont adopté un animal pendant les confinements, parce que c'était la bonne excuse pour sortir de chez soi, parce qu'on s'ennuyait ou qu'il fallait occuper les enfants, mais maintenant, ils ne peuvent plus les assumer, constate Gabrielle Gilbert, la présidente du refuge APA à Florée (Assesse), craignant que ça ne s'accentue avant les vacances d'hiver. Or, ce ne sont pas des objets de consommation!"
Le constat est identique au refuge Sans Famille à Sorinnes (Dinant), qui fonctionne en grande partie grâce à des dons, comme le premier. "Suite aux déconfinements, les gens nous ont amené de plus en plus d'animaux dont ils ne savaient plus s'occuper pour diverses raisons: divorce, déménagement, changement de vie, télétravail…, relate Frédérique Smits, présidente de l'ASBL Sans Famille. Depuis un pic cet été et en septembre-octobre, ça n'a pas désempli. Avec plus de 90 chiens et une trentaine de chats, nous affichons complet."
Le refuge APA recueille davantage de matous. Il en a de nombreux chaque année mais en 2021, il a dû faire face à un véritable boom. "Dès qu'on parlait de nouvelles restrictions, les gens se précipitaient pour trouver des chatons ou des chats adultes. Ils se sont amusés avec, ne les ont pas stérilisés, et voilà le résultat. On en a eu plus de 800 dont il fallait s'occuper, assure Gabrielle Gilbert. On vient encore d'en récupérer. On les trouve nous-mêmes ou on nous appelle à l'aide parce qu'ils sont dans un état déplorable, trouvés sur la route ou dans un abri de jardin."
Juste avant les vacances estivales, la gérante avait également été contactée pour recueillir des lapins, des hamsters et des cobayes. "Des gardes forestiers nous ont avertis que des gens abandonnaient dans les bois ces animaux domestiques, achetés en animalerie, alors qu'ils ne sont pas du tout faits pour vivre à l'extérieur. Je ne pouvais malheureusement pas les prendre car nous ne sommes que deux à tout gérer ici, plus un qui s'occupe de l'administratif."
Adopter responsable
Actuellement, son refuge compte 58 chiens et environ 80 chats. Pour s'en occuper, elle peut compter sur des familles d'accueil. qui prennent soin d'un petit ou de la nichée entière. "Notre refuge prend en charge certains frais (vétérinaire, nourriture, etc.) et une fois qu'ils sont suffisamment grands, ils sont pucés, vaccinés, et partent dans leur famille définitive", ajoute la présidente d'APA, qui prévient: n'est pas propriétaire d'un animal qui veut. Dans un refuge comme dans l'autre, les adoptants sont triés sur le volet. Gabrielle Gilbert demande à chacun d'eux de remplir un formulaire de pré-inscription. "On nous dit parfois qu'on est de la Gestapo, mais je ne veux pas confier un animal à des irresponsables. On n'arrive pas ici en demandant n'importe quel animal, de n'importe quel âge. Un chien ou un chat qui est adopté doit l'être en fonction du mode de vie de son maître, indique-t-elle. J'estime par exemple que des chiots ne doivent pas être adoptés par des personnes qui travaillent 8 heures par jour, car il faut éduquer l'animal. Et puis, il faut savoir aussi ce qu'on cherche: il y a des gens assez sportifs, qui aiment bouger, randonner, et qui ont besoin d'un chien énergique, et d'autres qui n'aiment pas du tout aller promener mais qui ont un jardin."
De son côté, le refuge Sans Famille a un message pour cette fin d'année: "N'offrez surtout pas d'animaux en guise de cadeaux de Noël. Ce ne sont pas des jouets, mais des êtres vivants." Frédérique Smits explique: "Un chiot ou un chaton, c'est très mignon sous le sapin, mais ils ne s'adoptent pas sur un coup de tête ou parce que c'est une race à la mode!" Les deux gérantes plaident pour des adoptions responsables et raisonnées. "Il faut éduquer ces animaux, être attentif à leur bien-être, aller les promener, les câliner…" Bref, une adoption se réfléchit à long terme.