Cinq mois après, on fêtera quand même Noël le long de la Vesdre: "On espère qu’il y aura de bonnes nouvelles à mettre sous le sapin"
Même si les stigmates de la catastrophe de juillet sont encore bien présents, les sinistrés tentent de tourner la page. Cinq mois après, on s’est baladé le long de la Vesdre.
Publié le 09-12-2021 à 07h00
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"Ici au moins, vous n'entendrez pas parler de Covid ", sourit Séverine, fleuriste dont la boutique a été complètement ravagée par la vague du 15 juillet. Du côté de Pepinster, on veut garder le sourire.
On vend des choses qui ne sont pas essentielles, les gens vivent toujours dans des conditions compliquées, mais ils ont besoin de se changer les idées, de décorer leur maison, c’est important, et parfois simplement de venir discuter un moment.
Désormais installée dans trois conteneurs sur la petite place, en plein centre de Pepinster, la fleuriste garde le sourire malgré des circonstances qui restent loin d'être évidentes. "On vend des choses qui ne sont pas essentielles, les gens vivent toujours dans des conditions compliquées, mais ils ont besoin de se changer les idées, de décorer leur maison, c'est important, et parfois simplement de venir discuter un moment", ajoute la vendeuse. Elle n'a qu'une idée en tête: retrouver le plus vite possible ses murs, pourtant situés à quelques mètres seulement de la Vesdre. "Je n'ai jamais pensé aller voir ailleurs ", insiste-t-elle.
Dans les rues toujours en plein chantier, alors que les corps de métier s'affairent dans de nombreuses habitations et que d'énormes engins déblayent ce qui doit encore l'être, l'ambiance n'est pas à la fête: beaucoup de commerces n'ont pas encore relevé leur volet. Les illuminations de Noël viennent pourtant d'être installées. "Joyeuses fêtes", annonce un énorme panneau à l'entrée de la rue principale. "Je dois avouer que je n'avais pas trop la tête à faire la fête, mais pour Luna, ma fille, c'est important, cela lui met des étoiles dans les yeux", glisse Vanessa, une maman qui a tout perdu en juillet.
Je dois avouer que je n’avais pas trop la tête à faire la fête, mais pour Luna, ma fille, c’est important, cela lui met des étoiles dans les yeux
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La maison qu'elle occupait a été en partie emportée par les eaux. La jeune maman squatte pour l'instant avec sa fille une seule pièce, à l'étage de la maison de son beau-père. "Ils sont occupés à démolir la maison que je louais, indique-t-elle encore en montrant du doigt les grues en pleine action. Même si je suis inscrite depuis le premier jour, on n'a pas encore pu me proposer de vraies solutions, mais j'espère voir les choses bouger dans les prochains jours. Je n'en veux toutefois à personne. Combien y a-t-il de familles dans la même situation? Ils ont promis de me rappeler.Heureusement qu'il y a des gens formidables autour de moi."
La peur en regardant la rivière
Au lendemain du désastre, tout le monde s'accordait à dire que la période la plus compliquée n'arriverait que plusieurs mois après une telle catastrophe, une fois l'attention redescendue et les bénévoles partis vaquer à d'autres occupations. "Nous sommes en plein dedans, avoue Véronique, qui profite du beau temps pour balader Sam, son petit chien. Pour moi, le plus difficile est de voir tout ce chantier. Je ne sors d'ailleurs presque plus et on songe à s'en aller. Pas forcément très loin, mais plutôt sur les hauteurs. J'ai peur quand je regarde cette rivière, désormais. "
Pour moi, le plus difficile est de voir tout ce chantier. Je ne sors d’ailleurs presque plus et on songe à s’en aller. Pas forcément très loin, mais plutôt sur les hauteurs. J’ai peur quand je regarde cette rivière, désormais.
Le 15 juillet, c'est par les corniches de son habitation que Véronique et ses enfants ont dû fuir leur habitation. " On en garde des souvenirs vraiment très durs, ajoute-t-elle. Il faudra longtemps pour réellement tourner la page, très très longtemps."
Plus loin, du côté de Chaudfontaine, le spectacle et les discours sont quasiment identiques. Dans toutes les bouches, on craint désormais d'entendre la pluie tomber dehors. "Comme ces derniers jours, raconte Thierry. Alors, on ne dort plus et on regarde l'eau montée dans la rivière, en espérant qu'elle restera bien dans son lit, cette fois."
Malgré tout, même s'ils ont tout perdu ou presque, tous tentent de rester optimistes et de garder la tête haute. "Parce que certains ont sans doute vécu des choses encore plus douloureuses que les nôtres, justifie Vanessa. Puis, avec les enfants, on doit avancer et regarder vers l'avant, et désormais, on espère qu'il y aura de bonnes nouvelles à mettre sous le sapin."
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