Agriculteurs et pépiniéristes: pas de cadeau au pied des sapins de Noël (vidéo)
La Fugea et Terre-en-vue dénoncent le préjudice que fait subir la culture des sapins de Noël à l’agriculture locale nourricière. Les pépiniéristes se défendent, arguments à l’appui.
Publié le 07-12-2021 à 08h17
Ce n’est pas vraiment l’esprit de Noël qui prévaut entre les pépiniéristes et les agriculteurs ardennais, particulièrement dans la région de Neufchâteau.
Alors que les activités des premiers battent leur plein dans les coupes de sapins de Noël, le syndicat agricole Fugea et l'association Terre-en-vue, qui militent pour un meilleur accès à la terre pour les agriculteurs, publient une lettre ouverte en forme de brûlot. Ils y dénoncent "l'utilisation de terres agricoles à des fins non-nourricières" et une pression immobilière par les producteurs de sapins qui proposeraient pour les terrains agricoles des prix sur lesquels les agriculteurs, les maraîchers et les éleveurs ne peuvent s'aligner.

Du côté de l'Union Ardennaise des Pépiniéristes (UAP) on se dit quelque peu blasé face à ce qu'on juge être une campagne de dénigrement qui ressurgit chaque année à l'époque de Noël. Dénigrement injustifié, juge Didier Ernould, le gestionnaire technique de l'UAP. Avec 0,43% de la surface agricole utile wallonne, la culture de sapins ne pèse guère sur les prix, dit-il. Un avis partagé par le Collège des producteurs (voir ci-contre). Baromètre des notaires à l'appui, l'UAP dit d'ailleurs que si le phénomène de l'augmentation des prix des terres agricoles est bien réel en Wallonie, c'est en province de Luxembourg, où se concentrent pourtant les cultures de sapins, que cette augmentation est la moins marquée. Bien sûr, des cas particuliers peuvent faire grimper les prix, admet Didier Ernould. "Quand un producteur a une plaque de 3 hectares et que 2 hectares sont à vendre juste à côté, il va mettre le prix." Mais ce raisonnement s'applique tout autant à un éleveur de chevaux qui fera monter le prix s'il veut absolument une prairie à côté de son manège, dit aussi le président de l'UAP, Jonathan Rigaux.
C'est précisément cette surenchère, totalement décorellée des prix officiels, que dénonce Terre-en-vue: la culture de sapins est bien plus rentable et moins risquée que la culture de carottes ou l'élevage laitier ou viandeux, et les pépiniéristes mettent le prix fort sur leuel les agriculteurs ne peuvent s'aligner, dit l'association. Qui, avec la Fugea, estime que c'est aux pouvoirs publics d'agir. La Région pourrait ainsi exercer son droit de préemption lors des ventes de terres agricoles afin de les réserver pour une relocalisation de la production de nourriture, plutôt qu'à une culture du sapin axée sur le "tout à l'exportation".


