VIDÉO | Des masques qui dérangent pour la 12e édition du Tournai Ramdam Festival
Après une édition 2021 en mode mineur, la 12e du Ramdam Festival s’annonce sous les meilleurs auspices. Avant-goût percutant lors du gala de présentation, mercredi soir, à Imagix avec la présentation du film de la jeune cinéaste d’origine roumaine basée à Gand, Teodora Ana Mihai, prix de l’audace (dans le cadre de la section «un certain regard») lors du dernier festival de Cannes. Ce fut aussi l’occasion de découvrir la nouvelle affiche de la manifestation.
Publié le 14-10-2021 à 15h36
On attend d’une soirée de gala d’un festival comme le Ramdam, qu’elle donne le ton de la programmation de la prochaine édition, soit la 12e qui se tiendra du 15 au 25 janvier à Imagix, sous la présidence de Jean-Pierre Winberg et sous la supervision d’Éric Derwael, commissaire général. En choisissant de projeter «La Civil», réalisé par la jeune cinéaste d’origine roumaine basée à Gand, Teodora Ana Mihai - Prix de l’audace (dans le cadre de la section «un certain regard») lors du dernier festival de Cannes - les organisateurs ont frappé fort.
Une fiction mais inspirée de faits bien réels
On ne sort pas indemne après 2 h 25 de cette histoire qui aurait, à l’origine, dû faire l’objet d’un documentaire. Les faits sont en effet inspirés d’une réalité dont la réalisatrice, passionnée par le Mexique, a pris connaissance en 2014.
Notamment à travers le travail de l’écrivain mexicain (né au Texas), Habacuc Antonio De Rosario, mais aussi suite à une rencontre avec la militante mexicaine des droits de l’homme, Miriam Rodríguez Martínez, qui devint l’une des figures emblématiques du mouvement Missing Child Parents après l’enlèvement et le meurtre de sa fille par un cartel de la drogue à San Fernando (Mexique), il y a sept ans. Quatre ans plus tard, le jour de la fête des mères en 2017, Miriam Rodríguez Martínez était gravement blessée par douze balles à son domicile, et décédait sur le chemin de l’hôpital…
Une réalité qui, est toujours d’actualité dans certaines régions du Mexique.
Le tournage présentait-il des risques particuliers?
C'est finalement à travers une fiction que la réalisatrice belgo-roumaine a choisi de dénoncer la réalité des enlèvements opérés par les cartels de la drogue au Mexique dans le seul but de rançonner des parents totalement livrés à eux-mêmes et abandonnés par les autorités locales. En montrant le combat mené par une mère pour tenter de retrouver sa fille avec la complicité d'un militaire peu orthodoxe auprès duquel elle obtient un soutien en échange de renseignements. Une mère (Cielo) incarnée par la magnifique actrice mexicaine de 53 ans, Arcelia Ramírez, qui de victime deviendra à son tour «bourreau par amour pour sa fille».

Lors du débat qui a suivi la projection, d'aucuns se sont demandés si le tournage s'était déroulé sous haute surveillance dans la mesure où toutes les scènes ont été tournées au Mexique. «Le tournage a été opéré dans l'état de Durango qui est stable, ont expliqué de concert Teodora et Arcelia. C'est une région qui a une longue tradition de cinéma, c'est d'ailleurs là que se trouve le célèbre ranch de John Wayne. Aussi, personne ne s'étonne de voir un tournage dans le coin et on ne pose pas trop de questions.
Seule l'équipe du film était au courant du scénario. De plus, nous étions aussi en période de crise sanitaire, et les gens ne sortaient pas ou très peu...»
Que se cache-t-il derrière les masques?
«Ramdam, le festival du film qui dérange, doit questionner, déstabiliser… J'ai du coup voulu mettre ça en avant dans cette illustration pour l'affiche du festival afin qu'elle questionne également, nous explique Amaury Sagnier, l'artiste lillois qui a dévoilé l'affiche qu'il a conçue pour la 12e édition, ce mercredi soir.
On aperçoit des visages? Des masques? Des visages masqués? Ce sont des hommes? Ou Des femmes? De quelle ethnie ou origine sont ils? De quelle époque?
Ce sont des masques ou visages masqués que j’utilise dans mon travail sur le corps déstructuré depuis presque 20 ans et je trouvais que le lien avec le cinéma ou la comédie était fort.
On porte le masque pour se cacher mais il peut aussi servir a mieux se dévoiler, à s’exprimer exactement comme un artiste le fait a travers la peinture, le cinéma, ou la musique… il nous aide en quelque sorte.
Le masque a toujours fasciné par sa puissance d’évocation et a toujours été présent dans les arts visuels comme le cinéma et qu’il fasse peur ou rire le masque interpelle toujours, il remet en question notre rapport à l’autre...»