Bernard Van Vynckt, curé de la messe en wallon: «Faire la fête, c’est sacré»
Le covid, les inondations, la place des femmes dans l’Église mais aussi le «lumeçonage»: on peut parler de tout avec Bernard Van Vynckt, à la veille de la messe en wallon.
Publié le 18-09-2021 à 07h00
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Le sourire déborde du masque quand il entre dans cet emblématique bistrot de la rue de Bruxelles. Un grand salut à l'assemblée, un petit mot en wallon à l'attention du tavernier… Partout où il y a des «gens», Bernard Van Vynckt, le curé de la messe en wallon du lundi des Fêtes, est à l'aise. On lui tend le poing pour le saluer. Et là, ça ne rate pas. «Aujourd'hui, on doit se saluer avec le poing, le coude, le pied. J'ai été arbitre de foot pendant 21 ans et quand un joueur donnait un coup de poing, de coude ou de pied, je sortais la carte rouge! Vivement qu'on en finisse avec tout ça…»
Le Covid sera encore bien présent dans le sermon, comme l’an dernier?
Oui mais je ne compte pas trop m’appesantir sur ce thème. Plus que jamais, je crois que les gens ont vraiment envie de retrouver la fête. C’est d’ailleurs écrit sur un t-shirt que j’aime beaucoup «Ni fioz nin l’tièsse, vinoz fé l’fièsse» (ne faites pas la tête, venez faire la fête).
Oui mais l’année namuroise a aussi été marquée par les inondations.
En effet. J’ai été scout à Bomel pendant des années. J’ai donc été particulièrement touché par ce que ce quartier a enduré. Que ce soit à Verviers, Pépinster ou Namur, c’est d’ailleurs révélateur de voir que les zones les plus touchées, ce sont les quartiers de fonds de vallée, du bas, là aussi où réside la plus souvent la population la plus défavorisée. Il y a des leçons à tirer de ça…
Pour cette édition des Fêtes, les femmes sont mises à l’honneur. Et vous, quelles sont les femmes qui vous ont le plus marqué?
Je viens récemment de rencontre Dominique Calozet, un pilier du théâtre en wallon. Elle m’a confié des textes, des vidéos, pas mal d’archives de Tine Briac. Gamin à Meux, on descendait à vélo sur Namur pour aller voir ses pièces en wallon. C’était une vraie star. Je garde aussi une admiration pour ma maman. Quand mes parents sont arrivés à Meux en 1955 pour reprendre une ferme, venant de Tielt en Flandre occidentale, ils n’avaient rien ou pas grand-chose. Ma maman a toujours fait preuve d’un incroyable courage. Et puis elle aimait beaucoup les gens. Même une fois retraitée, elle a aidé beaucoup de monde.
Des figures féminines internationales qui vous ont inspiré?
J’admire le combat de Aung San Suu Kyi, la Birmane qui a reçu le Prix Nobel de la Paix. Ses textes, ses écrits, c’est du même niveau qu’un Nelson Mandela. J’aime beaucoup aussi la personnalité de Simone Veil et le courage dont elle a fait preuve tout le long de son parcours.
Et la position de la femme dans l’Église? Quand on voit ce qui se passe en Afghanistan, on découvre que les femmes sont souvent malmenées quand les religions se font plus extrêmes…
Oui, cela pose évidemment question. Aussi au sein de l’Église catholique. Il y a un gros débat en cours en Allemagne. Je constate aussi que les femmes prennent une part importante dans la vie de l’Église, elles remplissent un nombre considérable de missions. Par contre, les portes se ferment quand il s’agit de leur confier la responsabilité d’un ministère. Je ne trouve pas ça normal. Mais je sais que le Pape François est prêt à évoluer sur la question. Mais il y a, au sein de l’Église, encore beaucoup de monde opposé à cette évolution.
On imagine que, dans votre «prétchemint», il y a aura des anecdotes, des choses plus légères.
Oui, mais il faut aussi avouer que c’est un sale temps pour les chroniqueurs namurois. Les gros chantiers avancent, certains sont bouclés. On ne peut donc plus trop sentir les pieds des élus avec le traditionnel «lumeçonage». Mais rassurez-vous, il y aura autre chose…
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