«Le taux vaccinal bruxellois sans doute sous-estimé à cause des doubles nationalités»
Le taux vaccinal à Bruxelles est grevé par les Bruxellois à la double nationalité. Certains ont pu profiter d’un voyage dans leur pays d’origine pour se faire piquer. La Cocom veut objectiver les chiffres. Car tous les sérums étrangers ne se valent pas.
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Publié le 03-08-2021 à 13h54
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Un tiers des Bruxellois à peu près possèdent la double nationalité. D’après la Cocom, ces quelque 35% d’habitants de notre capitale pourraient y peser sur les taux de vaccination. En clair, en ayant reçu la piqûre dans leur pays d’origine, leur vaccination n’est pas prise en compte dans les statistiques régionales.
«On sait que pas mal de ces Bruxellois à la double nationalité ont été vaccinés à l’étranger», révèle ce 3 août Inge Neven, responsable du Service de l’Inspection d’Hygiène de la Cocom. «Notre couverture vaccinale est donc sous-estimée».
Pas mal de Bruxellois à la double nationalité ont été vaccinés à l’étranger. Notre couverture vaccinale est donc sous-estimée
Celle-ci s'élève ce 3 août à presque 580.000 1res doses, soit à quelque 82.000 doses des 70%, objectif avoué pour septembre désormais (infographie ci-dessous). «Certains des pays visés ne disposent pas du certificat de vaccination. Aussi, nous conseillons aux personnes concernées de se référer à leur généraliste pour obtenir la preuve de cette vaccination et l'enregistrer dans l'application Vaccinnet», plaide Neven. «Ça leur permettra d'obtenir leur certificat de vaccination, pour autant que le vaccin utilisé soit reconnu par l'Agence européenne des médicaments (EMA)». Certains des sérums potentiellement concernés, mais pas tous, sont en voie d'homologation.

Eurocrates et Maghrébins
D’après la responsable hygiène, ce sont «des retours des communes bruxelloises» qui ont permis de débusquer ce loup grevant les taux de couverture vaccinale. Cette situation concerne aussi bien «les communes du sud, à forte proportion d’Eurocrates, que celles du croissant pauvre aux habitants d’origine maghrébine et turque. On sait que dès les derniers congés de Noël, certaines personnes plus âgées ont reçu des vaccins là-bas». Des travailleurs étrangers domiciliés à Bruxelles sont aussi dans le cas, «comme les Français».
Même si Inge Neven «ne mettrait pas sa main au feu» pour mesurer le taux potentiel de Bruxellois concernés par des vaccinations hors frontières, l’experte table «peut-être sur un pourcentage de 4 à 5%» des Bruxellois. «Il faut en tout cas mettre ce chiffre en perspective dans notre bilan vaccinal».
Pour certains vaccins distribués à l’étranger, on conseille tout de même deux doses ici en Belgique.
Désormais, l’ambition de la Cocom est «de mieux estimer» le pourcentage de population concerné «pour affiner nos efforts dans la stratégie de vaccination». En effet, une première dose reçue ailleurs en Europe ou au Maghreb peut «être complétée par une seconde dose à Bruxelles». Mais pour autoriser les patients à cette opération, il faut que ces derniers complètent leur bilan de santé dans Vaccinnet.
Enfin, tous ces potentiels vaccinés ne le sont peut-être pas au même degré. Et Inge Neven d’alerter: «Pour certains vaccins distribués à l’étranger, on conseille tout de même deux doses ici en Belgique». Cela pourrait être le cas de certains vaccins chinois et russes, notamment injectés en Turquie et au Maroc. Pour les Bruxellois dans le cas, tout serait donc à refaire.