PHOTOS | «C’est du jamais vu» dans le nord de la province : le tour des endroits sinistrés
Les pluies diluviennes de ces derniers jours ont fortement impacté le nord de la province. Nous avons fait le tour des villages les plus sinistrés. Les images sont impressionnantes
Publié le 15-07-2021 à 21h45
Hotton
La première étape nous emmène à Hotton. Dans l’entrée du village en venant de Marche, la police fait la circulation et empêche les automobilistes de continuer tout droit vers le pont et Barvaux, en leur demandant de faire demi-tour ou de continuer via la rue de la Libération.
C’est que plus loin la rue Émile Parfonry, la rue principale du village est noyée sous les eaux. L’Ourthe est en effet sortie de son lit au milieu de la nuit inondant les rues adjacentes et la rue Parfonry.
Là, vers 10 h jeudi matin, les habitants essaient tant bien que mal de protéger leurs habitations face à la montée des eaux. Des sacs de sable sont placés. Certains retirent leurs véhicules le plus rapidement possible avant qu’ils ne soient définitivement la proie des flots. Et chez tous, ce commentaire, cela faisait bien longtemps que l’on avait plus vu pareille crue à Hotton.
Certains se souviennent encore vaguement des grandes inondations des années 90 ou du début des années 2000. «Mais depuis 20 ans, c'est du jamais vu», indique Valérie Jacquard, employée à la pharmacie toute proche où l'eau s'est engouffrée. «Au cinéma également dans la rue Simon, l'eau est entrée», ajoute celle qui gère également le cinéma Plaza… Nous quittons les Hottonnais qui espèrent tous une stabilisation la plus rapide possible.
Hargimont
Nous nous rendons ensuite à Hargimont (marche-en-Famenne) où la Wamme était sortie de son lit mercredi en fin de matinée. Là aussi les mêmes scènes de désolation. La rivière serpente sur la chaussée empêchant tout passage vers Rochefort. Bulldozers et engins divers sont en action pour tenter de dégager ce qui peut l'être. Chez les riverains, on constate les dégâts avec fatalité, on racle sans relâche cette boue qui a envahi tout. «C'était vraiment impressionnant. Je n'avais jamais vécu cela depuis que j'ai acquis cette maison il y a cinq ans, témoigne une riveraine dont des membres de la famille sont venus l'aider à nettoyer. Ce matin, l'eau s'est progressivement retirée de ma maison. Mais hier, elle montait à 60 cm. Elle est montée à environ un mètre chez mes voisins.» Et partout de la boue….
Nassogne
Nous partons ensuite vers Nassogne, autre commune très touchée mercredi après-midi. Nous passons par le village d’Ambly où quelques barrières Nadar et des gravats sur la chaussée témoignent des événements de la veille. Mais là, plus aucune trace d’eau. Quelques kilomètres plus loin nous arrivons dans le centre du village de Forrières où la Lhomme a envahi toute la vallée. Son débit avant de s’engouffrer sous le pont est vraiment impressionnant. Elle ressort vers le terrain de football complètement sous eau. À peine devine-t-on encore les goals. Dans les jardins tout proches c’est la désolation. L’eau est partout à perte de vue. Nous remontons vers le village de Lesterny. Tout autour de nous la Lhomme charrie tout sur son passage dans la vallée. Nous arrivons à alors à Masbourg, autre village particulièrement impacté mercredi par la montée des eaux de la MASBLette. Nous sommes bloqués dans le haut du village par un ruisseau devenu torrentiel qui descend de la colline. Impétueux, il se jette dans la rue centrale devenue rivière. Les murs de certaines maisons témoignent malgré tout que l’heure est à la décrue et que le niveau d’eau était manifestement supérieur quelques heures plus tôt.
Barvaux
Après un passage par le centre de crise mis en place par la Commune et le CPAS de Marche-en-Famenne (voir ci-contre), nous partons vers la commune de Durbuy. En chemin, nous passons par Noiseux (Somme-Leuze) où l’Ourthe a pris possession de la plaine en contrebas du village. Elle est devenue fleuve. Un peu plus loin, le camping du pont de Deulin est noyé sous les flots ainsi que la plaine. Le village de Deulin (Hotton) semble encerclé par les eaux. Nous arrivons à Barvaux où la route est bloquée au rond-point du Grillon. L’eau a envahi certaines rues (Chainrue,…). Un peu plus loin la place du marché est complètement sous eau. L’eau arrive déjà à la porte d’entrée de la Maison Legros, qui abrite le centre culturel de Durbuy. L’Ourthe enjambe de toutes parts le mur de protection de la place. Les images sont impressionnantes. De l’autre côté, le constat est le même. L’Ourthe a envahi toute la plaine du Juliénas. Les locaux du Syndicat d’initiative de Barvaux et la salle de spectacles Mathieu de Geer toute proche sont sous eaux, ainsi que le quartier de Petit-Barvaux sur la route de Tohogne. De mémoire de Barvautois, on n’avait jamais vu ça.
Bomal
Nous reprenons la voiture et arrivons à nous faufiler dans les rues de Barvaux pour rejoindre le village de Bomal, qui marque le confluent de l'Aisne et de l'Ourthe. Mercredi-en fin d'après-midi, le village a été confronté à une crue jamais vue de l'Aisne déchaînée qui charriait tout sur son passage. Certains ont même aperçu des caravanes qui flottaient. «L'eau est montée de un mètre en à peine une heure et demie» témoigne un Bomalois qui a dû être évacué et a été relogé dans sa famille. Ce jeudi après-midi, vers 15 h, l'heure était à la décrue de l'Aisne. Seules les rues du Vieux Bomal, où se tient la fameuse Petit Batte, étaient encore sous eaux. Chez certains, les pompes étaient déjà en action. L'Aisne qui s'est retirée laisse transparaître de profondes cicatrices. Des pans de voiries ont littéralement été arrachés à certains endroits. Des entrées de garage font place à des trous béants. Un mur du parc du château s'est effondré. Sans compter la pagaille dans les jardins. Les Bomalois paraient au plus pressé en espérant toutefois que cette décrue de l'Aisne ne sera pas suivie d'une crue de l'Ourthe par l'autre côté.