VIDÉO | Au handicirque, il n’y a plus de différence: «Ils sont fiers de montrer qu’ils sont capables comme tout le monde»
Cela fait maintenant 30 ans, les élèves de l’école d’handicirque de Bruxelles s’épanouissent au bout des trapèzes. Ici, tout le monde fait le clown. Découverte.
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- Publié le 15-06-2021 à 19h25
La concentration est à son maximum au moment de grimper sur le fil en métal tendu. La progression est lente et délicate, un pied après l’autre, c’est que l’exercice est périlleux, mais rapidement l’autre bout du câble est atteint et l’objectif aussi. Plus loin, il faut tenter de se hisser sur un trapèze, avant de se mettre debout à la force des bras uniquement. Ici aussi, la mission est rapidement réussie, sous les applaudissements des camarades.
Cela n’a pas été facile au début. Nous n’avions aucune base de départ, aucune matière. Il a fallu adapter toutes les techniques à la personne en situation de handicap. On a eu quelques échecs. On a fait d’erreurs et à force de travail, de formation et surtout de motivation. Nous y sommes arrivées.

Depuis 30 ans, l’école de handicirque, une des nombreuses branches de l’école du cirque de Bruxelles, invite les personnes en situation de handicaps à les rejoindre. «C’est une idée de Vincent Wauters (NDLR: le directeur de l’école de Cirque de Bruxelles), il s’est dit pourquoi ne pas lancer du cirque avec des personnes handicapées, se souvient Pascal Lomba, qui a, elle, rejoint l’aventure il y a 26 ans. Cela n’a pas été facile au début. Nous n’avions aucune base de départ, aucune matière. Il a fallu adapter toutes les techniques à la personne en situation de handicap. On a eu quelques échecs. On a fait d’erreurs et à force de travail, de formation et surtout de motivation. Nous y sommes arrivées.»

Et le sourire sur les visages des différents participants est sans doute la meilleure preuve de la réussite de l’atelier.
Ce mardi après-midi, c’est le Centre de Vie, un centre pour adultes à déficience intellectuelle, qui a rendez-vous sur les grands tapis installés dans une des salles de l’école du Cirque de Bruxelles, à Tour & Taxis. «Aujourd’hui, nous travaillons sur le cabaret, c’est-à-dire leur vingtième spectacle de fin d’année qui sera présenté dans quelques jours», glisse celle que tout le monde appelle Pascale ici.

Jonglerie, équilibre sur une boule, un tonneau, des échasses, mais également le travail aérien comme le trapèze, les tissus, les espaliers et aussi les acrobaties comme les pyramides, les roulades ou les culbutes.
Chaque semaine pendant une heure et quart, ce sont toutes les techniques du cirque qui sont passées en revue. «Jonglerie, équilibre sur une boule, un tonneau, des échasses, détaille la formatrice. Mais également le travail aérien comme le trapèze, les tissus, les espaliers et aussi les acrobaties comme les pyramides, les roulades ou les culbutes. Et enfin, nous travaillons le cinquième secteur qui est le jeu d’acteur, c’est-à-dire les clowns, les mimes, l’émotion, l’expression et la créativité.»
Ils sont spontanés, très drôles et ils se surpassent tout le temps parce qu’ils aiment se sentir fiers et paraître fiers de montrer qu’ils sont capables comme tout le monde de réussir à monter sur un trapèze.
Sur les tapis, alors les figures s’enchaînent les unes après les autres, le spectacle de fin d’année prend vie petit à petit. «Ils travaillent exactement comme vous et moi, prévient Pascale Lomba. Ce qui a en plus chez eux, c’est qu’ils prennent énormément de plaisir et ils n’ont pas de barrière et sont vrais. Ils sont spontanés, très drôles et ils se surpassent tout le temps parce qu’ils aiment se sentir fiers et paraître fiers de montrer qu’ils sont capables comme tout le monde de réussir à monter sur un trapèze.»

Si l’école bruxelloise était une sorte de précurseur à ses débuts, elle a, en trente ans, fait de nombreux petits désormais. «Depuis quelques années, nous formons des formateurs handicirque, termine Pascale Lomba. Pendant un an, des étudiants viennent suivre des cours chez nous puis après ils se forment pour devenir formateur pour donner de l’handicirque dans leurs écoles et désormais, il y a de l’handicirque un peu partout.»
Et visiblement ils n’ont pas fini de faire les clowns.


