«L’absentéisme n’est pas catastrophique»
À l’athénée royal Thomas Edison, la rentrée en 100% présentiel, c’était ce lundi. Entretien avec le préfet des études, Serge Dumont.
Publié le 19-05-2021 à 06h00
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Comment s’est passé, chez vous, ce retour à du présentiel intégral?
Pour notre part, c’est ce lundi, et non lundi dernier, que tous les élèves sont rentrés officiellement selon ce mode. Dans les faits, cela ne change quasiment pas la donne des derniers mois en ce qui concerne la fréquentation, la désinfection ou les règles sanitaires dans notre établissement: ce même jour commençait en effet également le stage de nos 310 élèves du troisième degré qualifiant, soit un tiers de nos effectifs environ.
Ces stages, justement, posent-ils problème en ces temps de pandémie?
Je dirige l’école depuis 11 ans et je dois dire que cette année est la plus difficile pour ce qui est de la recherche de ceux-ci (qui sont hyperimportants car ils constituent un premier contact avec le monde de l’entreprise pour nos jeunes et souvent, un tremplin vers une embauche). Il y a des entreprises fermées pour des raisons sanitaires – c’est le cas des établissements horeca qui n’ont pas de terrasse par exemple-, d’autres qui avaient accepté des stagiaires et qui ont mis la clé sous la porte, qui n’ont pas rouvert, ou qui ne souhaitent pas recevoir un stagiaire pour des questions de santé.
Combien se retrouvent finalement sans stage?
Ils ne sont que 7 jeunes à être dans ce cas de figure. Alors on déroge aux règles, et on prend nos élèves en stage à l’école. L’un d’eux, en section arts décoratifs, va ainsi gérer la rénovation de deux bureaux et de la salle qui deviendra la médiathèque/multithèque de l’école. Deux problèmes, celui de la rénovation de ces salles et celui de l’absence de stage, ont ainsi trouvé solution. C’est un cas que je trouve très intéressant. Si la pandémie nous a déstabilisés et apporté nombre de problèmes, elle nous oblige aussi à une remise en ordre de nos priorités, à un retour à l’essentiel.
Et du côté du Centre d’éducation et de formation en alternance (CEFA)?
Sur nos 114 élèves, 6 sont en chômage économique.
Avez-vous des élèves aux abonnés absents pour cette rentrée?
Ce lundi, j’ai demandé aux deux éducateurs spécialisés que nous pouvons embaucher à temps plein jusqu’au 30 décembre grâce aux aides du ministère – et qui prêtent main-forte à l’assistant social employé par l’athénée à mi-temps – d’établir une liste exhaustive de tous les élèves absents. Ces éducateurs ont commencé les appels téléphoniques aux familles avec pour mot d’ordre d’appeler et de rappeler jusqu’à obtenir une réponse. À première vue, ces chiffres de l’absentéisme ne sont pas catastrophiques; ils sont un peu plus élevés qu’une semaine normale d’une année normale. Je soupçonne deux ou trois enfants d’être «perdus dans la nature», mais guère plus.
Dans quel état d’esprit sont les professeurs?
Ils sont ravis de retrouver leurs élèves, mais il y a un bémol à cet enthousiasme: l’interdiction d’organiser les examens de fin d’année… L’équipe pédagogique aurait souhaité pouvoir les mettre en place sur le mode habituel mais ceux-ci seront remplacés par une série de bilans. Pour ma part, ayant enseigné pendant 15 ans, je suis convaincu que cette absence d’examen final n’est pas handicapante pour les jeunes. Si, à mes yeux, l’examen est utile une fois tous les deux ans par exemple pour mettre l’élève face à une difficulté importante telle qu’il sera amené à en rencontrer dans sa vie future, des tests réguliers au cours de l’année sont tout aussi pertinents pour évaluer son niveau.
Des sessions d’examens annulées, cela veut dire des cours prolongés…
Oui, les cours se tiendront cette fois jusqu’aux environs des 20-22 juin. Il ne s’agira pas de travailler de la nouvelle matière; on parle là de remise à niveau, de consolidation et de dépassement. Et pour clôturer l’année, contrairement à l’an passé où nous avons dû envoyer les documents, nous comptons bien organiser une proclamation, puisque l’on devrait être autorisés à accueillir 200 personnes à l’intérieur. L’idée étant de se voir, de pouvoir féliciter les jeunes, avant qu’ils ne quittent l’établissement.
Certains élèves «perdus de vue»
Le retour sur les bancs de l’école pour les élèves de secondaire a définitivement du bon… Beaucoup d’entre eux ont en effet mal vécu le confinement, et l’isolement que celui-ci a provoqué.
«Cette période a été très compliquée à vivre pour eux», indique Marie Piraux, la directrice du centre PMS provincial d’Ath. «Nous avons constaté que beaucoup d’élèves étaient en décrochage scolaire à cause du distanciel. En effet, la semaine où les élèves devaient venir à l’école, cela se passait plutôt bien, mais dès qu’ils devaient suivre les cours à distance, alors l’école n’était plus leur priorité. Les parents, qui doivent aussi pour la plupart travailler depuis leur domicile, n’ont pas non plus souvent l’occasion de superviser le travail de leurs enfants.»
Certains étudiants font face à un véritable retard pédagogique, qui ne cesse de se creuser. «Notre PMS travaille avec l’institut provincial d’Ath, qui offre un enseignement qualifiant et professionnel à ses élèves. En 6e et 7e années, les élèves n’ont, pour certains, pas pu faire de stage. Prenons l’exemple de la section coiffure. Ils ont pu suivre leurs cours pratiques à l’école, mais ils n’ont pas eu l’occasion de pratiquer sur le terrain, puisque les salons étaient fermés.» Il y a, enfin, aussi certains élèves «perdus de vue» et avec lesquels, il est difficile pour le PMS d’entrer en contact.
«En manque de contacts sociaux»
La majorité des élèves a repris récemment, «et heureusement, car ils en avaient besoin». Le centre PMS avait réalisé un questionnaire en ligne pour identifier les aspects compliqués des cours en distanciel. «Ce qui revenait beaucoup était le manque de contacts sociaux», ajoute Marie Piraux. «Que ce soit avec leurs copains de classe ou avec les professeurs. Les élèves ont vraiment mal vécu la rupture.»Le centre PMS s’est mis à leur disposition pour leur offrir un espace de parole et une écoute attentive, via des entretiens individuels. «Tous ont manifesté leur engouement vis-à-vis de cette reprise, grâce à laquelle, ils vont pouvoir notamment retrouver un rythme, et l’envie de se donner à fond pour obtenir leur diplôme.»