L'ancien militaire a-t-il voulu écraser un agent de police ?
Un ancien militaire s’est expliqué au tribunal correctionnel pour une tentative d’homicide sur un policier. Il conteste les faits.
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Publié le 27-03-2021 à 06h00
Lors de l’audience de ce jeudi, les trois juges de la 6e chambre correctionnelle se sont penchés sur une affaire particulièrement grave. Un ancien militaire que l’on appellera Louis devait s’expliquer sur la terrible journée du 13 mai 2020 où il a commis toute une série de (mé)faits.
«Le matin, son ex-compagne va porter plainte pour harcèlement», explique la substitut du procureur du Roi. «À 19 h 50, Louis vient devant la maison de Madame et fait crisser ses pneus pour lui faire peur. À 20 h 56, il lui envoie un message: «Par le feu et le sang je vais défendre mon honneur que tu as bafoué»!
Elle appelle un ami parce qu’elle est terrifiée. À 23 h 33, l’individu revient et met le feu à des pneus de vélo. Il frappe dans la baie vitrée avec un couteau. Quand la police arrive, un inspecteur voit qu’il tourne les roues de son véhicule et va foncer sur lui, mais il réussit à faire un pas de côté.»
L’homme prend finalement la fuite mais sera interpellé au carrefour proche des Bastions à Tournai après que les policiers ont tiré sur lui à plusieurs reprises. Louis affirme, lui, qu’il n’a pas voulu foncer sur la police, mais qu’il a dévié de sa trajectoire en levant son bras pour se protéger lorsque l’ami de son ex-compagne a lancé un extincteur à travers la fenêtre conducteur.
«Ma cliente ne veut pas enfoncer monsieur»
L'ex-compagne s'étant portée partie civile, c'est son avocat qui retrace leur relation. «Avant d'en arriver à ce point d'orgue de mai 2020, il y a eu d'autres faits de violence à cause de l'alcool; faits qui n'ont pas été portés à la connaissance de la justice. Aujourd'hui, elle a de la compassion pour son ex-mari. Ils ont eu une relation de 23 ans. Mais elle est aussi en colère. Elle en a gros sur la patate de ce qu'elle et ses enfants ont vécu. Son souhait est qu'il propose lui-même des mesures de prise en charge de sa consommation et de ses violences. Elle ne veut pas l'enfoncer».
«La théorie de l'extincteur est contestée, il n'y a aucun PV qui parle de ça, explique l'avocat des policiers, mais admettons même, monsieur avait encore quelques secondes pour tenter d'éviter le policier sur sa trajectoire. Heureusement que le policier a fait un pas de côté. La tentative de meurtre est établie!»
L’ex-compagne réclame 1€ provisionnel, les policiers entre 500 et 1 000€.
Un «police suicide»
Vient le tour du conseil du prévenu de prendre la parole. «Cette affaire, c'est la preuve que monsieur tout le monde peut arriver ici. Il avait une famille, un travail, il s'en sortait et il a finalement fait un pas de côté. C'est la première fois qu'il arrive devant le tribunal. Dans un couple, ce n'est jamais noir ou blanc. Il est dépeint aujourd'hui comme le diable. Mais je pense que tout le monde doit prendre ses responsabilités. Il buvait parce que ça n'allait pas dans le couple.»
Si toutes les autres préventions sont reconnues, celle de tentative de meurtre est contestée. «Les policiers n'avaient pas vu l'extincteur, mais à un moment de l'enquête son ex-compagne va témoigner de ces faits. De plus, j'ai demandé des devoirs complémentaires pour connaître la vitesse, la trajectoire, mais ça n'a pas été fait parce que ce n'était pas bon pour l'accusation.»
Toujours selon l’avocat, son client a voulu réaliser un «police suicide», c’est-à-dire faire en sorte que les policiers tirent sur lui et qu’il perde la vie. Une peine de probation autonome est demandée, tandis que le parquet réclame une peine de 5 ans de prison. Jugement le 22 avril.