Ce week-end, on change les heures : sur les clochers, on est passé à l’électronique
Depuis près de 50 ans, deux fois par an, les aiguilles des cadrans s’affolent, fin mars et octobre. Zoom sur une opération désormais automatique sur nos clochers.
Publié le 27-03-2021 à 06h00
Rappelez-vous, l’année 1975. Après le choc pétrolier et l’augmentation du prix des produits pétroliers engendré par la guerre du Kippour à l’automne 1973, les autorités européennes s’accordent pour instaurer ce mécanisme artificiel qu’est le «changement d’heure».
«À cette époque, les horloges dans les clochers sont essentiellement mécaniques. Les préposés aux cloches doivent donc manuellement avancer/reculer les aiguilles de l'horloge de contrôle. Par une mécanique de tringles et engrenages, cette opération est transmise aux aiguilles du/des cadran(s) visible(s) par les paroissiens», explique Olivier Baudri, artisan campanaire tellinois. Dès le début des années 1950, l'électrification des clochers a permis de simplifier le travail, voire de suppléer le manque de plus en plus criant de préposés aux clochers.
Les aînés se souviennent de la corde pendante au milieu du porche de l’édifice, de l’escalier de service; de la tentation, pour les chérubins, de chambarder corde ou aiguilles!
De la mécanique à l’électronique
Progressivement, les artisans campanaires et les sociétés telles que Campa, à Tellin, commencent donc à automatiser et synchroniser la sonnerie des clochers. «Mais automatiser la sonnerie des clochers est une opération différente de l'électrification des horloges. Cela a un coût certain, encore de nos jours», précise Olivier Baudri.
La technologie, électrique d'abord, électronique et digitale ensuite, a changé ce rapport aux carillons et aux cadrans. «Notre société, début des années quatre-vingt, a mis au point une horloge à microprocesseur, ensuite un ordinateur de carillon. La modernisation des clochers était sur les rails», explique Raphaël Brilot, le responsable de Campa-Tellin.
Cette digitalisation des mécanismes horlogers se poursuit. Depuis quelques années, les horloges électroniques sont radiopilotées. En effet, comme les réveils ou montres personnels, le système DCF permet, pour toute horloge équipée d’un transmetteur, de recevoir le signal émis depuis Mainflingen, proche de Francfort, en Allemagne. De plus en plus, on a recours à la synchronisation via le Net, les smartphones.
Cette nuit, peu de préposés au clocher devront donc gravir les nombreuses marches pour arrêter le balancier et avancer les aiguilles d’une heure. L’opération sera entièrement automatisée, tant pour la mise à l’heure de l’horloge de contrôle que des aiguilles du cadran, souvent munies d’un moteur électrique. Ce dimanche matin, au réveil, sans intervention manuelle, les cadrans de clocher donneront donc l’heure exacte!
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