Les oubliés de la suppression des guichets
L’association Lire et Écrire proteste contre la fermeture d’un tiers des guichets SNCB. Quid des personnes analphabètes?
Publié le 16-02-2021 à 09h12
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Comment acheter un ticket de train lorsque l’on a des difficultés à lire ou écrire? En temps normal, il aurait suffi de se rendre auprès d’un agent SNCB. Mais l’annonce de la suppression de 44 guichets de gare en Belgique d’ici la fin 2021, change la donne. L’association Lire et Écrire craint que cette décision n’exclue encore plus les personnes analphabètes. Voilà pourquoi la branche namuroise de l’ASBL a mené une opération de sensibilisation vendredi dernier devant la gare de Namur.
Armés de larges pancartes représentant un smartphone avec le slogan «Ceci n'est pas une gare», trois employés de l'association de lutte contre l'analphabétisme voulaient interpeller les passants sur l'impact de ces fermetures: « Pour les personnes qui ont de grosses difficultés à lire et écrire, toutes les choses de la vie sont compliquées, encore plus avec l'arrivée du numérique. Ces personnes en sont exclues. Là avec ces suppressions de guichet, pouvoir se déplacer devient une difficulté», explique Claire Monville, responsable projets de sensibilisation à Lire et Écrire Namur. Avec la fermeture des guichets, quiconque voulant acheter un ticket devra le faire en ligne ou sur une borne SNCB. Une démarche impossible pour les personnes analphabètes.
Trouver des alternatives
Claire Monville a conscience qu'empêcher cette fermeture n'est pas faisable. Ce que son association et elle réclament plutôt, ce sont des alternatives: «On doit trouver un moyen de ne pas oublier ce public pour qu'il puisse continuer à se déplacer. Comme le fait la poste avec sa vente de timbres, on pourrait par exemple imaginer acheter son ticket dans un Night and Day ou autre magasin. Ou placer du personnel à côté des bornes SNCB pour aider les personnes en difficulté.»
En Belgique, une personne sur dix est analphabète, soit 39 000 personnes pour la province de Namur. « Le problème, c'est que ça ne se voit pas et ça ne se dit pas. C'est quelque chose de très honteux pour les personnes qui le vivent, alors que ce n'est pas de leur faute.» C'est pour toutes celles et ceux qui n'osent pas en parler que l'association namuroise a protesté vendredi. En raison de la crise sanitaire malheureusement, impossible d'interpeller directement les passants. Alors, ce sont les pancartes qui ont fait passer le message. Et beaucoup de passants n'ont pas hésité à s'arrêter. Une prise de conscience très importante pour le futur des guichets de gare.