Radioastronomie et forage font désormais bon ménage à Humain
À 800 mètres à vol d’oiseau, la station de radioastronomie de Humain pouvait être impactée par l’extension de la carrière de la Boverie à Rochefort. Il n’y a aucun risque.
Publié le 08-02-2021 à 06h00
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À vol d'oiseau, 800 mètres séparent actuellement la station radioastronomique de Humain, dans la commune de Marche-en-Famenne, de la carrière de Lhoist à Rochefort. «Regardez, d'ici, on voit déjà les barrières de la carrière, raconte Vincent Honet, gardien et responsable de l'intendance pour la station de Humain. Si Lhoist obtient son permis pour étendre sa carrière, il n'y aura plus que 400 mètres de distance.»
Sur la table depuis 1995
Le producteur de chaux joue son avenir avec cette extension de 14 hectares. Un projet qui est sur la table depuis 25 ans. Mais qui, en 1995, avait été refusé par le Gouvernement wallon. Celui-ci avait pris en compte les craintes des responsables de la station et avait demandé au producteur de chaux, à l'époque, de prouver que ses activités n'auraient aucun impact sur les mesures scientifiques. «Notre travail, c'est d'étudier les émissions radio qui proviennent du soleil ou, en d'autres mots, d'étudier la source des éruptions solaires. Nos outils sont sensibles, commente Christophe Marqué, chercheur à l'Observatoire royal de Belgique (ORB). Les différentes études ont commencé en 2012. Elles étaient complexes car, depuis plusieurs années, nous ne sommes plus les seuls à occuper le site. Nous le partageons avec l'IASB (institut d'aéronomie spatiale de Belgique) et l'IRM (institut royal météorologique de Belgique). Les études devaient donc prouver qu'il n'y avait aucune perturbation pour les activités des trois utilisateurs.»
Des instruments de mesures ont été installés dans la carrière de la Boverie pour mesurer l'intensité, par exemple, des tirs ou du forage au quotidien. «Ces mesures ont ensuite permis d'étudier leur impact sur nos outils, indique Vincent Honet. Le forage, ce n'est rien. Ce sont plutôt les tirs, sur un important volume, qui peuvent provoquer d'importantes vibrations. Et dégager de la poussière. À 800 mètres d'écart, nous pouvons aisément les entendre et les ressentir. L'objectif était donc de vérifier s'il pouvait y avoir des perturbations lorsque l'entreprise Lhoist travaillerait au plus proche de la station.»
C'est une équipe de l'Observatoire royal de Belgique, dont la spécialisation est la sismologie, qui s'est longuement penchée sur le sujet. Le résultat est clair: les vibrations n'auront pas d'impact sur les instruments scientifiques des trois occupants du site. «Ce n'est pas parce qu'on entend ou qu'on ressent les vibrations d'un tir de mine en carrière qu'il y a des conséquences au niveau du sol. C'est ce qu'a démontré cette étude. Et la réponse est la même au niveau des poussières.»
Ces résultats positifs ont donc permis au producteur de chaux d’entamer sa longue procédure administrative dans le but d’étendre, de 14 hectares, la carrière de la Boverie. Avec, comme première étape à partir du 15 février, une demande de révision au plan de secteur de la zone agricole en question. Un projet d’extension qui permettra, comme l’a indiqué le groupe Lhoist, de prolonger de 20 ans son activité d’extraction du calcaire dans la carrière.