VIDÉO | Premiers vaccins Covid pour les personnes en situation de handicap: «C’est plus qu’une lueur d’espoir»
Lancement ce jeudi, à Malonne, de la campagne de vaccination pour les résidents porteurs de handicap. En présence de la ministre Christie Morreale.
- Publié le 28-01-2021 à 16h28
«Les seringues sont arrivées hier soir, à 22 h 30. Mais je ne me tracassais pas. Comme la ministre venait, je savais qu'on aurait tout à temps.»: Benoît Denison est le directeur-adjoint de la résidence Frère Mutien, à Malonne. Une résidence qui accueille 55 adultes porteurs de handicap.
Hier marquait le lancement de la vaccination pour le personnel et les résidents dans ces institutions d’hébergement. Avec la ministre Christie Morreale en invitée de marque.

Un soulagement
Ici, on ne cache pas un certain soulagement. «Le premier confinement s'est bien passé. Il a fait beau, on a pu faire des barbecues, vivre dehors. C'est un peu festif ici. Il ne faut pas oublier qu'ils ne pouvaient plus voir leur famille. Et qu'en temps normal, ils sont libres de se promener entre les différents sites.»
Mais lors de la deuxième vague, beaucoup d'adultes ont été touchés, 36 sur 55 dont 2 hospitalisations. «Il a fallu prendre des mesures, comme les convaincre de rester en chambre, de parfois changer de bâtiment – le site en compte trois – pour isoler ceux qui étaient atteints et ceux qui ne l'étaient pas. Ce ne fut franchement pas facile. Vous savez, un autiste qui a ses habitudes vit mal ce genre de changement. Rien que nous voir avec des masques, ce n'était pas facile pour lui. Alors quand on débarque en combinaison et qu'on change toute l'organisation…»
Sans oublier que des membres du personnel ont eux aussi été touchés. «Les gens ont ramé mais il y a eu une superbe réaction.» Ce qui explique sans doute le haut taux de volontaires de ce côté-là aussi.

Un réel espoir pour un retour à la normale dans le chef du directeur, Jean-Marie Renard qui a confirmé qu'au début, cela a été le royaume de la débrouille. «On n'avait pas d'instruction de l'Aviq. On a pris des mesures sans attendre. Chacun a fait ce qu'il a pu.»
Ne restait plus qu'à sortir les doses du frigo, les seringues de leur boîte, et trouver des arguments pour convaincre certains à la motivation émoussée: «Quoi? La ministre est déjà partie? Pff.»

Le vaccin: c’est le résident qui a décidé
«Je suis le dernier de la liste. C'est pas mon truc, j'avais un peu peur mais on m'a bien expliqué, alors j'y vais.», Antoine a 21 ans. Il est là depuis quelques mois. Avec d'autres résidents, il attend pour se faire vacciner. Ici, ils sont tous volontaires, sauf un.
Benoît Denison est le directeur adjoint de la résidence Frère Mutien: «Qu'ils soient sous administrateur (minorité prolongée) ou pas, c'est le résident qui décide. S'il dit non, nous n'irons pas contre sa volonté. Cela peut parfois créer des tensions mais c'est notre ligne: c'est d'abord la personne. Il n'y a pas d'infantilisation. Nous avons tenu à leur expliquer, certains regardent les infos, parfois trop… Ils parlent entre eux.»
Mais pour les explications, dans cette résidence malonnoise, il n'a cependant pas fallu traîner. «Nous avons été prévenus vendredi. Or, il faut préparer les résidents.» Un exemple: «Nous en avons un qui est diabétique, c'est trois piqûres par jour, mais ici, il développait un stress pour la… piqûre.»
Pour ces résidents, ce vaccin, c'est aussi la perspective de reprendre une vie plus libre. Antoine le confirme: «Moi, je suis un peu nerveux, alors tout le bazar qu'on a eu de ne pas pouvoir bouger, qu'on devait rester dans sa chambre, ça a été un peu dur.» C'est au tour d'Élodie, elle respire un grand coup, ferme les yeux et puis… c'est fait. Un pas vers un peu plus de liberté.
