VIDÉO | Le tourisme en période de Covid: résultats contrastés en Ardenne
En cette période de Covid, les opérateurs touristiques espèrent bien capter les touristes belges privés de voyage à l’étranger. Si pour certains, les réservations affluent, pour d’autres, malgré tout, c’est la soupe à la grimace.
Publié le 27-01-2021 à 06h00
Durbuy, perle des Ardennes. La «plus petite ville du monde» garde un attrait intact auprès des touristes. En cette période de Covid, les opérateurs touristiques espèrent bien accueillir les nombreux Belges désireux de se changer les idées en prenant l’air quelques jours. Le congé de carnaval approche, les réservations affluent. Mais pas pour tout le monde.
Nuancer l’enthousiasme de certains
Début de semaine, le journal Het Laatste Nieuws signalait que les réservations, via Ardenne étape (1 200 gîtes en Ardenne), étaient particulièrement importantes. L’afflux des touristes Flamands s’annonçait massif. Mais sur le terrain, il est juste de nuancer ces propos.
Pablo Docquier, échevin du Tourisme à Durbuy: «On annonce une période de carnaval avec beaucoup de réservations pour les gîtes de petite capacité. Mais les gîtes au-delà de 14 personnes, on ne peut pas y venir, sauf en petite bulle.»
Si effectivement les gîtes de petites capacités affichent quasi complet, pour les autres acteurs du tourisme, il n’en va pas de même. En particulier pour les gîtes de grande capacité, pour les chambres d’hôtes et pour les hôtels.
Pablo Docquier: «Il y a un gros problème pour les grands gîtes. Les propriétaires se posent des questions. On constate aussi pas mal d'annulations dans les établissements, gîtes ou hôtel, parce que les décisions du conseil (du gouvernement) peuvent être modifiées de semaine en semaine.» Et ces multiples décisions sont source d'incertitude.
Le jeune échevin insiste aussi pour inviter les visiteurs à respecter les consignes et à rester «en bulles». Il ne veut pas voir de débordements dans sa commune, comme ce fut le cas ailleurs.

Le son de cloche est identique du côté de l'organisme «Gîtes de Wallonie» (qui représente 30% des propriétaires de gîtes pour toute la Wallonie). Khevyn Torres: «Pour la Wallonie, le taux de remplissage actuel est de 60%. Ce n'est pas mauvais et ça va encore augmenter à cause de l'interdiction de voyager à partir de ce mercredi.»
Mais il évite de s’enthousiasmer excessivement. Les annulations, même de dernière minute, sont nombreuses. Et si de nombreux gîtes affichent complet, d’autres, les plus grands, sont désespérément vides. Cela dépend aussi des régions. En Brabant Wallon, le ralentissement de l’activité économique dans les zonings a un impact important sur les locations.
Autre difficulté qui a aussi des conséquences sur les réservations: la fermeture des restaurants. Pour les gîtes, ça ne change pas la donne puisqu’ils sont d’office équipés de cuisines. Mais pour les chambres d’hôtes et les hôtels, les locataires n’ont pas cette possibilité de se faire à manger ni d’aller manger à l’extérieur. D’où des pertes conséquentes pour les propriétaires.
Le mot de la fin va à l'échevin Docquier: «On se réjouit vraiment que tout ce secteur économique puisse rouvrir rapidement. Pour 2021, il va falloir miser sur le vaccin pour avoir une vie normale. C'est la clé. Alors, vaccinez-vous!»

Ici, Anne et Pascal Delzandre ont conçu, dans leur ferme typique, un grand gîte de 800 m2 pouvant accueillir 38 personnes: 14 chambres, une piscine chauffée, jacuzzi, sauna, salle de détente, grande salle à manger, cuisine. Un gîte qui se loue habituellement un an à l’avance. Là, depuis mars 2020, ce sont surtout les annulations qui se succèdent. Et les quelques réservations pour des familles de 6 ou 8 personnes ne pèsent pas lourd dans la balance économique de la petite entreprise.
«On accueille une famille, avec parfois une personne en plus, ça se limite à ça. C'est la catastrophe depuis le mois de mars. Le gouvernement peut changer la donne tous les 15 jours.» Le manque à gagner est terrible. «En 2020, on a perdu 60% de notre chiffre d'affaires. Et 2021, ce ne sera pas mieux.»
En attendant, les factures s’accumulent. Rien que pour le chauffage, le maintien à température de la piscine… Sans parler des assurances, des remboursements de crédits.
«Il faut être conscient que ça ne va pas redémarrer cette année à plein pot. On espère pouvoir accueillir deux voire trois familles à la fois. Sinon, ça va être compliqué.»


«Nous avons une petite activité le week-end. Il y a des hôtels qui proposent les repas dans les chambres. Certains commerces sont ouverts. L'inconfort, c'est que c'est difficile de se projeter dans le futur.» En cause, la variabilité des décisions du gouvernement, une fois encore mise en avant ici.
Au Victoria aussi, il y a des réservations. Mais aussi des annulations. Le patron compte sur la fermeture des frontières pour ramener les touristes dans le pays. Que ce soit à la côte ou en Ardenne. Peu importe. Que tout le monde puisse en profiter.
«2020 a été très difficile. De mars à mars, nous avons eu 9 mois de fermeture, pour trois mois d’activité. Il va y avoir énormément de dégâts.»
«Pendant la réouverture cet été, nous avons prouvé que nous pouvions ouvrir et fonctionner avec des protocoles stricts et qui garantissaient la sécurité sanitaire de tous. Pourquoi ne pas rouvrir dans ces conditions désormais ? Si on n’ouvre pas en mars, ce sera la catastrophe pour beaucoup.»
Les vacances de carnaval s’annoncent fastes pour certains propriétaires, mais les exemples repris ici démontrent que ces bons résultats ne doivent pas occulter les difficultés énormes rencontrées par tout le secteur du tourisme.
