«La vidéo n’intéressera pas plus le citoyen»
Pour Min Reuchamps, politologue à l’UCL, la vidéo n’aura pas un effet de levier auprès de la population. Il faut aller plus loin.
Publié le 09-11-2020 à 06h00
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La diffusion des débats communaux sur le Web, à première vue, devrait permettre aux citoyens d'accéder plus facilement, ou pour beaucoup de découvrir, le monde politique communal. N'est-ce pas la plus belle des occasions d'assister à une querelle entre élus, de découvrir les grands projets communaux et, pourquoi pas, de rapprocher le citoyen du monde politique? Ou même de susciter des vocations? Pour le professeur de sciences politiques à l'UCLouvain, Min Reuchamps, la vidéo n'aura pas cet effet de levier. «La simple retransmission des débats, à savoir l'ère 1.0, ne suffira pas. On pourrait même craindre que les gens en soient plus déçus qu'autre chose car ils trouveraient ça ennuyeux. Les points du conseil communal sont souvent très techniques.»
Pourtant, comme à Jemeppe-sur-Sambre ou encore à Sambreville, on compte près de 200 vues à chaque vidéo. Ce n'est certainement pas un record sur la plateforme en ligne mais c'est déjà bien plus que le nombre de citoyens présents dans la salle hors période Covid. «En fait, cette retransmission ne touche que ceux qui sont déjà intéressés par la politique communale. Cette diffusion est donc plus confortable pour eux puisqu'ils peuvent le regarder depuis leur canapé. Et puis, ces vidéos peuvent être vues et revues par les conseillers eux-mêmes. Point positif tout de même: c'est une bonne chose pour l'élargissement de la démocratie mais ça ne suffira pas à intéresser davantage le citoyen.»
Un tirage au sort?
Si la vidéo ne suffit pas, que faire? Il existe des pistes, comme l'interpellation citoyenne. Mais force est de constater qu'elle n'est que peu utilisée dans les conseils communaux namurois. «Il faut aller plus loin dans la réflexion. Le gouvernement wallon a inscrit, dans sa déclaration de politique régionale, la volonté de s'inspirer du modèle germanophone en procédant à un tirage au sort. Ce dernier permettrait de former des panels de citoyens ou encore un conseil permanent de citoyens qui aurait un droit de parole pendant 18 mois lors des conseils communaux.» Encore faut-il que cette idée soit lancée et que, dans le même temps, ces citoyens répondent favorablement à l'invitation. «On ne peut évidemment les forcer.»