Les guêpes, mal-aimées mais précieuses: «Les tuer car elles peuvent piquer n’a aucun sens»
En cette météo caniculaire, les guêpes s’invitent sur nos terrasses. Si cette présence irrite bon nombre d’entre nous, l’association Natagora tient à rappeler le rôle crucial joué par ces insectes ailés dans l’équilibre de l’écosystème.
Publié le 18-08-2020 à 16h10
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En cet été chaud et ensoleillé, rien de tel qu’un repas en extérieur pour décompresser et mettre de côté la crise sanitaire qui nous ronge depuis des mois. Mais les apéros en terrasse, pique-niques dans le jardin ou autres barbecues sont souvent accompagnés de petits invités intempestifs: les guêpes. Et pour cause, ces insectes ailés raffolent comme nous des boissons sucrées et alcoolisées.
Par crainte d’une piqûre, le réflexe face à ces petites bêtes est souvent de les chasser ou de les écraser. «Comme tous les insectes qui piquent, les guêpes ont mauvaise réputation. Bien que leur dard soit douloureux et que certaines personnes soient allergiques, tuer une guêpe parce qu’elle peut piquer n’a aucun sens», explique Jean-Sébastien Rousseau-Piot, chargé de mission chez Natagora.
Si on extermine les guêpes, on aura des soucis de pullulation de mouches et de moustiques.
Bien qu’elles transportent quelques grains de pollen et consomment aussi du nectar, les guêpes ne sont pas des insectes pollinisateurs comme les abeilles. Ce sont des prédateurs qui occupent un rôle prépondérant de régulation dans notre écosystème. «Elles font partie de la chaîne alimentaire. Les oiseaux et les frelons mangent des guêpes, qui, elles-mêmes, se nourrissent de mouchettes et de moustiques. Si on extermine les guêpes, on aura des soucis de pullulation de mouches et de moustiques», poursuit l’entomologiste.
«Prolifération» de guêpes? Pas vraiment
Selon l'entreprise de gestion des nuisibles Éradication, la douceur de l'hiver a permis à trop de nids de survivre, ce qui expliquerait que le nombre d'interventions ait doublé depuis l'année dernière. Mais Jean-Sébastien Rousseau-Piot n'est pas vraiment de cet avis. «J'entends beaucoup le mot 'prolifération' cette année mais il n'y a pas plus de guêpes que les années précédentes. C'est simple, s'il y a beaucoup d'insectes, il y aura beaucoup de guêpes, et inversement.»
Dès lors, comment expliquer cette impression que les guêpes nous envahissent cette année? Outre le fait que la météo chaude soit favorable à la reproduction des insectes et de leurs prédateurs comme les guêpes, Jean-Sébastien Rousseau-Piot pense que le confinement a joué un rôle. «La plupart des activités étant limitées par la crise sanitaire et la météo ensoleillée aidant, les gens ont passé plus de temps dans la nature. Ils avaient oublié ce que c’était et paniquent à la vue d’une guêpe. Cela montre que l’homme a besoin de se reconnecter avec la nature», explique-t-il.
Éviter les couleurs criardes, le parfum et rester zen
Malgré l’existence d’une multitude de pièges, répulsifs et autres insecticides, Jean-Sébastien Rousseau-Piot appelle à laisser les guêpes tranquilles. Selon lui, un simple pot de confiture laissé à quelques mètres de sa terrasse ou du marc de café brûlé suffit à les éloigner. «Les pièges ne sont pas sélectifs. Ils tuent toujours d’autres insectes. Et si vous êtes confrontés à un nid, demandez-vous si celui-ci vous dérange vraiment avant d’appeler un éradicateur. Si ce n’est pas le cas, ne le détruisez pas. D’autant plus que les produits utilisés libèrent plein de substances chimiques dans la nature.»
Certain qu’une cohabitation est possible entre l’homme et les guêpes, l’entomologiste distille quelques conseils pour éviter, à la fois, les piqûres et une hécatombe d’insectes. «Si vous vous trouvez dans un lieu avec des guêpes, évitez de porter des couleurs criardes et de vous asperger de parfum. Si l’une d’elles s’approche de vous, restez zen et elles s’éloigneront d’elles-mêmes. Il faut éviter les grands gestes brusques car elles peuvent prendre peur. Piquer est simplement un moyen de défense.»