À Bruxelles, l’effet inverse du confinement sur automobilistes et cyclistes
INFOGRAPHIES | L’Avenir a pu consulter les mesures de trafic de Bruxelles Mobilité pour les mois de confinement. Les tendances sont claires: nettement moins de voitures, nettement plus de vélos. Avec des effets qui perdurent jusqu’à fin mai.
Publié le 10-06-2020 à 14h14
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Où en est le trafic à Bruxelles? Les cyclistes ont-ils capitalisé sur le confinement ou les automobilistes ont-ils repris la main sur leur territoire? Selon les derniers comptages de Bruxelles Mobilité, on ne peut vraiment assurer ni l’un ni l’autre. Et les observations à tirer des statistiques de mars à mai 2020 obligent à davantage de nuance.
VOITURES: le vide, puis des temps de parcours réduits
Pour les automobilistes, le choc a d'abord été rude. Suite au confinement, le trafic routier a diminué jusqu'à 75%, voire plus. La semaine de référence choisie par Bruxelles Mobilité pour mesurer l'évolution de ce dernier est celle du mardi 24 et du jeudi 26 mars (jours des mesures). Ainsi, le trafic a lentement repris une courbe ascendante (ci-dessous) à mesure qu'on déconfinait: une augmentation de 48% en phase 1A (semaine du lundi 4 mai), puis 75% en phase 1B (semaine du lundi 11 mai) et enfin 90% en phase 2 (semaine du lundi 18 mai). à la date du dernier rapport disponible, soit le 22 mai, le trafic routier restait à -35% de la normale.

Cependant, si la crise du covid minore toujours le trafic par rapport à 2019, ce n’est pas le cas partout dans la ville. Ainsi, Bruxelles Mobilité observe le cas étonnant du tunnel de la Porte de Hal: «nous remarquons que le trafic en direction du Midi y a été supérieur à la moyenne 2019 en heure de pointe du soir pour la journée du 12 mai. Ceci est également le cas le 19 mai».

Bruxelles Mobilité observe aussi que les temps de parcours se réduisent nettement. Et ce, même depuis la phase 2 du déconfinement. C'est le cas sur l'avenue Charles Quint, au nord de Bruxelles: l'axe entre Berchem-Sainte-Agathe et Ganshoren «alors que le tunnel Léopold II est fermé». On passe là de 12 minutes le mardi 10 mars 2020 (soit juste avant le confinement) à... 4 minutes les mardis de mai 2020. Encore plus marquant peut-être: le temps de parcours sur l'axe Loi entre le tunnel Cinquantenaire et le carrefour Arts-Loi est divisé par deux (ci-dessus). Hors lundi 18 où des travaux réduisaient l'axe à 2 bandes, on y passe de 8 à 9 minutes en pointe à... 3 ou 4 minutes.
VÉLO: le vélo «loisir» sur le grand plateau
Concernant le vélo, le mouvement est spectaculaire dans l’autre sens: alors que le trafic automobile a subi un coup d’arrêt, le deux-roues a bondi. Après la baisse inhérente au lancement du confinement, une augmentation s’enclenche pour «dépasser les volumes des semaines précédant le confinement à partir du week-end du 17 avril», note Bruxelles Mobilité.
Bien sûr, le soleil a joué son rôle. «Mars et avril 2020 ont été particulièrement ensoleillés par rapport à 2019. Dès lors, outre les facteurs sanitaires et sécuritaires, le facteur météorologique aura eu une influence importante», nuance l'administration. D'où «une comparaison difficile» même si Bruxelles Mobilité constate «que le trafic 2020 est supérieur à l'année 2019» (ci-dessous).

Et de noter que «le jeudi 21 mai 2020, jour férié avec une météo estivale, a vu le nombre de cyclistes exploser, contrairement au précédent jour de l’Ascension, le 30 mai 2019, où nous constations une forte baisse». Il s’agit selon les experts «d’une mobilité de loisir».
Cette mobilité de loisir, on la retrouve plus généralement lors de chaque week-end tout au long des mois d’avril et mai. Les samedis et dimanches de ces deux mois dépassent nettement ceux de 2019, et on note aussi que la tendance est nettement à la hausse entre avril et mai 2020. Parfois de façon spectaculaire.

Intéressant par ailleurs: l'analyse horaire durant le confinement (ci-dessus) montre que « l'heure de pointe du matin devient quasi inexistante par rapport à celle du soir». Les points de comptage le montrent: il y a deux fois plus de cyclistes entre 15 et 16h qu'entre 7 et 8h. Et les week-ends de mars, avril et mai, c'est carrément la folie sur les pistes cyclables entre 11h et 17h, avec des pointes régulières à plus de 2.000 cyclistes par heure, voire plus. En clair: le vélo de loisir s'impose comme une façon de s'évader durant le confinement et ses différentes phases de déconfinement. Notre coup de sonde sur le terrain, chez les vélocistes et réparateurs, nous l'a d'ailleurs confirmé comme vous le lirez ce 11 juin.
Pour nuancer, il faut évidemment souligner que les navetteurs wallons et flamands utilisant le vélo pour leurs derniers kms dans Bruxelles n’étaient pas présents lors des comptages effectués durant le confinement. Leur retour dans notre «monde d’après» pourrait donner un coup de fouet à la fréquentation des pistes cyclables en heures de pointe matinales.