Précommandez vos apéros d’après-confinement pour que l’horeca bruxellois ne boive pas de travers
Le projet Bières de Quartiers s’associe à des bars et restaurants bruxellois. Leur plateforme jesoutiensmonhorecadequartier vous propose de payer à l’avance apéros et lunchs que vous y consommerez quand le confinement cessera. Un pansement qui peut soulager les trésoreries.
Publié le 07-04-2020 à 13h37
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- Des premières mesures de confinement ont été décidées pour la Belgique le 12 mars. Les mesures ont été renforcées à partir du 18 mars puis prolongées le 27 mars jusqu'au 19 avril.
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- Numéros utiles: tous les ressortissants belges qui se retrouvent coincés dans un pays étranger peuvent contacter le call center du SPF Affaires étrangères au 02/501.40.00 (de 9h à 20h, heure belge). Pour tout autre question, afin de désengorger les postes de garde de médecine générale, une ligne spéciale a été mise en place: 0800/14 689 (entre 8h et 20h).
- Mais aussi:le site web www.info-coronavirus.bele et le compte Twitter du SPF Santé.
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Aaaah le printemps, son soleil rasant de fin d’après-midi, ses dimanches à vélo qui s’hydratent en terrasse, ses apéros entre potes, ses petits lunchs à la brise...
Oui, eh ben pas cette année! Comme vous le savez, en 2020 plus que jamais, en avril, on ne se découvre pas d’un fil. Mais si le coronavirus laisse les chaises de terrasses pliées et enchaînées, pas question pour les restaurateurs d’être contaminés par le désarroi.
Ainsi, une petite trentaine d'entre eux vous proposent de trinquer anticipativement à la réouverture de leurs établissements. Ils ont répondu à l'appel du projet «Bières de Quartiers» à se rassembler sur une plateforme web où vous pouvez précommander repas et tournées en attendant des jours meilleurs. Bons d'achats et bières locales sont en vente depuis début avril sur jesoutiensmonhorecadequartier. La présence des horecas y est 100% gratuite.
Des chopes et des repas

Greg Malcause, cofondateur de Bières de Quartiers, est à l’initiative. «Nous avons lancé l’idée auprès des restaurateurs clients. Ils sont à l’arrêt alors que nous continuons à livrer les commerçants: il fallait les soutenir». Le bouche-à-oreille en confinement répand la nouvelle aussi vite que l’ivresse un vendredi soir de printemps. «Des établissements avec qui nous ne travaillons pas encore nous ont demandé d’en être». Ce qui est accepté sans contrepartie: «pas question de conditionner leur participation à une collaboration future. Tout ça peut rester un “one shot”».
Évidemment, l’une ou l’autre étiquette des Bières de Quartiers font toujours partie des bons d’achat «au prix pratiqué par l’établissement». Certains spots ne proposent d’ailleurs que des chopes. Comme le Cuit Cuit à Uccle ou Hors Catégorie à Ixelles. Plus original: le Kinograph, aux anciennes casernes, ajoute un ticket de ciné à la tournée. Mais la plupart des adresses goupillent pintes et assiettes.
De petits pansements

C’est le cas du Phare du Kanaal, à Molenbeek, où tout le personnel est en chômage technique depuis le 14 mars. «Des clients nous demandent comment nous soutenir. L’idée de Greg nous semblait plus opportune qu’un crowdfunding, un peu déplacé en ces temps de crise sanitaire», y plaide Hanna Bonnier. «Ça va soulager notre trésorerie, qui reste critique. À petite échelle bien sûr, mais ça peut permettre de payer les fournisseurs locaux. Cet esprit local promu par Bières de Quartiers correspond aussi à nos valeurs».
La plateforme fonctionne aussi comme un biais sûr pour faire un don. «Même si on ne le met pas spécialement en avant, le citoyen peut choisir de convertir son bon d’achat en cadeau au restaurateur», confirme Greg Malcause. L’option mousse bien. «Pour l’instant, 50% des commandes sont des dons purs et simples». De quoi rassurer un peu les tenanciers? «La fin du confinement ne signifiera pas nécessairement la fin de la fermeture des restos», pense Hanna Bonnier. «Alors ce sont de petits pansements pour limiter les dégâts». Jusqu’au jour où vous trinquerez à nouveau en terrasse.

Le printemps qui tombe à l’eau, c’est un peu la gueule de bois pour Bières de Quartiers. «On continue à livrer les magasins mais évidemment, pas mal d’événements sont annulés», confirme Greg Malcause. Le brassage, en collaboration avec des producteurs partenaires, est à l’arrêt. Le stock prévu pour le retour des beaux jours s’écoule en épicerie. Mais le lancement de nouvelles étiquettes pour compléter la gamme de 7 bières est reporté sine die: «c’est le cas de la Parvis à Saint-Gilles, de la Flagey à Ixelles ou de la Canal à Molenbeek», confie Greg.
À Molenbeek justement, le Phare a remis en route ses fours à pâtisserie. Hanna Bonnier: «Depuis ce lundi 6 avril, nous avons lancé un nouveau site d'e-commerce sur Shopify: c'est facile d'accès, j'ai appris en une demi-journée. Nous avons beaucoup de commandes: avec le confinement, le sucré, ça remonte le moral!» Les livraisons de cookies, brownies ou amaretti sont ouvertes. Premier arrivage: ce vendredi 10 avril. «Ça nous semblait plus simple pour respecter le confinement que la vente à emporter», continue la patronne. «Et plus on respecte, plus vite on peut espérer rouvrir».
Internet, ça reste clivant: certains petits indépendants n’en touchent pas une.

Pour ne pas être accusée de se sucrer sur le dos des malades, Hanna promet aussi de reverser une part des bénéfices à l’association Vie Féminine Bruxelles, qui lutte pour la défense des femmes les plus précaires. «Et on sait que c’est d’autant plus important en période de confinement».
Tant Bières de Quartiers que le Phare ont donc trouvé sur le web une rustine à leurs difficultés actuelles. «C’est le côté positif du confinement», sourit Hanna Bonnier. «On se remet en question, on cherche des solutions. Le digital nous y aide. Mais ça reste clivant: certains petits indépendants n’en touchent pas une en informatique». Pour ceux-là encore plus, la note risque d’être salée.