Jacques de Vitry repose à nouveau en paix à Oignies
Les ossements du cardinal décédé en 1240ont été analysés à l’initiative de la Société archéologique de Namur. Ils ont retrouvé leur place hier à l’église d’Oignies.
Publié le 30-04-2019 à 08h02
Les ossements, présumés, du cardinal, Jacques de Vitry, avaient été exhumés, le 8 septembre 2015, du reliquaire qu’abrite l’église Sainte-Marie d’Oignies, à Aiseau, pour prendre le chemin de Namur. Hier après-midi, au cours d’un cérémonial inverse, les reliques ont retrouvé leur place d’origine, en présence d’un notaire, des autorités diocésaines et communales, mais aussi de nombreux fidèles.
Entre-temps, les ossements ont été l’objet d’analyses scientifiques pluridisciplinaires menées à l’initiative de la Société archéologique de Namur (SAN), sous le nom de projet Cromioss. Autrement dit, il, s’agissait de confronter les données historiques aux sciences exactes. Si les résultats n’ont pu garantir qu’il s’agissait bien de l’illustre prélat, elles ont permis sans doute de se rapprocher de cette possibilité, comme on le lira ci-dessous.
Couple spirituel
Associé à l’ancien prieuré d’Oignies, Jacques de Vitry est une personnalité hors du commun. Originaire de Champagne, il suit sa formation de clerc à Paris. Le mysticisme de Marie le conduira à Oignies, où il passera quelques années. Il rédigera la vie de Marie, idéal de vie chrétienne, et sera son confesseur. Il formera avec elle un véritable «couple spirituel».
Orateur brillant, il sera prédicateur de la Ve croisade et devient évêque de Saint-Jean-d’Acre. De la Terre Sainte, il ramènera au prieuré des pierres précieuses et reliques qui serviront de base aux pièces d’orfèvrerie réalisées par Hugo d’Oignies. Il meurt à Rome en 1240: dans son testament, il a exprimé sa volonté d’être inhumé auprès de Marie d’Oignies.
Échoué dans le Namurois après la Révolution, le trésor d’Oignies comportait aussi deux mitres dont on soupçonnait avoir été portées par le cardinal. Ce sera également l’autre objet de l’étude de la SAN. Hier, le projet Cromioss marquait son point final. Sous l’œil attentif de Me Sophie Belloto, l’anthropologue Caroline Polet a refait l’inventaire du contenu du coffret reliquaire, soit 26 os et 9 dents. Ils ont ensuite été placés dans un sac de velours noir, recacheté par Jean-Pierre Lorette, vicaire épiscopal. Le tout a été placé dans le coffret de plomb, à son tour soudé, avant que le sarcophage soit remis à sa place d’origine, sous la statue de Marie d’Oignies.
L’étude de Jacques de Vitry n’en restera toutefois pas là: un nouveau projet se penchera sur le manuscrit de son évangéliaire et sur les pierres précieuses du trésor.
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