Karine Lambert raconte ce jour «où leurs yeux se sont tus»
Jeudi 25 avril aura lieu une soirée autour de la malvoyance à l’UCL, lors de la sortie du roman «Toutes les couleurs de la nuit», de Karine Lambert.
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- Publié le 15-04-2019 à 07h19
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La déficience visuelle n'est pas un sujet souvent abordé en littérature. Elle est pourtant au centre du quatrième roman de Karine Lambert Toutes les couleurs de la nuit, dont la sortie est prévue ce 17 avril. Photographe professionnelle, l'auteure a publié son 1er roman L'immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes en 2014. Depuis, le succès lui sourit.
Karine Lambert, qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire un roman sur ce thème?
J’ai fait la rencontre d’un homme qui avait perdu la vue en 24 heures, suite à une maladie. Il m’a raconté qu’il était plus heureux qu’avant, et ça m’a secouée, bouleversée même et ça m’a donné l’envie d’écrire.
Ce n’est pas son histoire à lui, car mon personnage perd la vue en trois semaines, mais ça en a été le déclencheur. Il trouve qu’il voit mieux les choses en malvoyant, au sens figuré.
C’est aussi le début d’une nouvelle vie pour lui. Quand on vit un drame quel qu’il soit, on a envie de retourner sur un lieu ou vers des gens qui nous ont fait du bien. On se rend finalement compte de certaines choses à ce moment-là.
Vous vous inspirez souvent de témoignages vécus?
C’est mon quatrième roman et à chaque fois le déclencheur a été une phrase que quelqu’un m’a dite. Étant photographe, la question de la vue m’a particulièrement touchée.
Vous vous êtes beaucoup documenté sur le thème?
Oui, pendant des mois j’ai interviewé des malvoyants, et j’ai été au centre Point de Vue à Ottignies et à l’IRSA à Bruxelles. Ils accompagnent les malvoyants. Je suis allé parler avec des professionnels, des psys, parce que je voulais que ça sonne juste. Je voulais nourrir mon imaginaire de ça d’abord. J’ai aussi porté des petites lunettes avec des taches noires qui floutent la vue pour me mettre dans la peau d’un malvoyant. C’est aussi ce qu’on propose de faire aux membres des familles de malvoyants pour qu’ils se rendent compte.
Qu’est-ce qui vous a semblé universel dans cette histoire?
Le fait que tous les liens se redéfinissent quand la vie bascule et qu’on n’est plus du tout le même qu’avant… Les gens sur qui on croyait pouvoir compter… Et puis, ce qui est beau, c’est que l’être humain a cette capacité à se réinventer. C’est ce qui fait sa beauté.
«Toutes les couleurs de la nuit», chez Calmann Levy.