Non, Saint-Josse ne peut pas interdire les carrées de prostitution dans ses rues: «Certaines règles s’imposent à tous, même à Emir Kir»

Le Conseil d’état a annulé ce 1er avril 2019 le règlement de police de Saint-Josse ayant trait à l’interdiction de la prostitution dans deux rues de la commune. UTSOPI, collectif qui représente travailleurs et travailleuses du sexe, parle de «victoire». Mais aussi de «gâchis».

J. R.
Non, Saint-Josse ne peut pas interdire les carrées de prostitution dans ses rues: «Certaines règles s’imposent à tous, même à Emir Kir»
Les rues Linné, des Plantes et de la Prairie sont les seules rues où la prostitution en carrées reste permise à Saint-Josse. la Commune voulait en soustraire les deux dernières, ce que le Conseil d’État juge illégal. ©Google Street View

Le Conseil d’État a annulé ce 1er avril un article du règlement de police de Saint-Josse voté le 28 mai 2018. L’article en cause interdisait la prostitution sur l’ensemble du territoire de la commune à l’exception des carrées référencées. Ce règlement mis à jour devait entrer en vigueur au 1er janvier et restait pendant en attente de la décision de la haute juridiction. Celle-ci est une déconvenue pour Emir Kir.

L’idée de ce règlement était de veiller aux bonnes mœurs et à la tranquillité dans un périmètre du quartier nord où école, crèche, équipements, administration, maisons de jeunes et logements rendent la prostitution difficilement compatible (lire cadrée). Selon ce nouveau règlement, les carrées situées rue des Plantes et rue de la Prairie ne pouvaient dès lors plus héberger de prostitution, pas plus celles de la rue de la Rivière dont la disparition était annoncée depuis mai 2016.

Ainsi, le nombre de carrées référencées dans le quartier rouge de Saint-Josse devait passer de 78 en 2016 à théoriquement 27 au 1er janvier 2019, toutes situées rue Linné. Le respect de ces conditions, assorti d’autres mesures urbanistiques entre autres, conditionnait jusqu’ici l’obtention d’un certificat de la part de la commune. Il n’en sera rien.

Le collectif UTSOPI (Union des Travailleu-r-ses du Sexe Organisé-e-s pour l'Indépendance) se réjouit de cette décision. Ce « syndicat » des prostitués et prostituées milite depuis 2015 pour la reconnaissance de la profession. Il se trouve depuis quelques années à la pointe du combat contre les mesures prises à Saint-Josse par Emir Kir. Et faisait partie des requérants auprès du Conseil d'État.

«C’est une victoire sur toute la ligne pour les travailleurs du sexe», se félicite UTSOPI. «Cette décision rappelle qu’on ne peut pas tout faire dans une commune: certaines règles s’imposent à tous, même à Emir Kir».

Un double «gâchis»

UTSOPI parle cependant de «gâchis», en rappelant que «pendant des mois, les travailleuses du sexe de Saint-Josse ont vécu dans la peur du lendemain et l’insécurité la plus totale. Chaque jour, elles craignaient d’être expulsées de leur lieu de travail. Chaque jour elles se demandaient ce que le bourgmestre Emir Kir allait à nouveau inventer pour les empêcher de travailler».

Second «gâchis» évoqué par UTSOPI: la stigmatisation. «Les travailleuses du sexe sont considérées comme des indésirables, des “nuisances”. La décision du Conseil d’état est sévère, mais claire: Emir Kir doit cesser avec cette politique de stigmatisation. Il faut en finir avec la primauté des grands projets immobiliers qui détruisent l’humain dans la commune», assène le collectif.

UTSOPI se dit prêt à reprendre le dialogue. Mais avec un préalable. «Nous demandons au Bourgmestre de Saint-Josse de respecter la loi et de cesser d’appliquer, contre les travailleurs et travailleuses du sexe, un interdit professionnel qui ne dit pas son nom».

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