Une sélection qui a du chien: Anima pour petits et grands en 12 bandes-annonces (et un bonus)
Impossible de rendre justice aux 385 films projetés sur 100 séances d’Anima 2019. Inutile aussi de lister tout le programme, que vous pouvez consulter vous-même. Alors voilà la sélection annuelle de lavenir.net, pour chaque tranche d’âge et chaque tranche de rire.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/dcc40ade-bd2d-4162-a4ae-bae33f6f8bd4.png)
- Publié le 27-02-2019 à 09h59
:focal(368.5x254:378.5x244)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/BGR4VT6FQJBCVERK53VQRZXEXE.jpg)
Anima revient colorer les écrans de Flagey pendant ce congé de carnaval. Cette 38e levée du festival de l'animation s'adresse autant aux kets qu'à leurs parents. Alors que les organisateurs ont trié 1667 films pour n'en retenir «que» 385, voilà notre sélection en 12 bandes-annonces (et un bonus). Un écrémage drastique, donc.
Vous y retrouverez l’habituelle ménagerie de poilus, velus, écailleux et emplumés, de microbes et de géants, mais aussi toute la clique de gueulards et de poètes, de guerriers et de pacifistes, de grosse artillerie et de discrets diamants bruts.
Film d’ouverture: plongée dans l’enfer de l’Angola
Programmé en ouverture, «Another Day of Life» crée autant l’événement par son propos politique que par sa technique. Il y a longtemps qu’on sait que l’animation ne confère plus uniquement à la galéjade sans thèse. Raul de la Fuente le prouve avec cette plongée brutale dans le conflit angolais des années 70, où les reporters de guerre se demandent ce qu’ils doivent taire ou porter au grand jour. Rayon technique, le film use d’une fausse 2D en rotoscopie (des prises réelles «redessinées» pour se fondre dans l’animation) à la fluidité époustouflante, mêlée à des archives et à des métaphores à la 3D hypnotique. Adapté du récit du journaliste polonais Ryszard Kapuscinski, «Another Day of Life» met enfin en images un conflit dont les 500.000 morts jonchant routes et villages n’ont pas pu être montrés à l’époque.
+ «Another Day of Life», film d’ouverture le vendredi 1er mars (20h) et le vendredi 8 mars (19h30)
Pour les enfants: une sélection qui a du chien
Royal Corgi (5+)
On aboie de plaisir et on se lèche les babines: le studio forestois nWave revient avec une production royale. Après les tortues de mer («Samy») ou les mythes de Robinson ou du Bigfoot, le Pixar belge s’invite à Buckingham Palace. Enfin, dans ses niches puisque cette production (très) grand public filme au ras du tapis rouge, à hauteur de... corgi. Les corgis, ce sont les chiens préférés de la reine. Mais Rex, N°1 au hit-parade du cœur de sa gracieuse majesté, fait une énorme boulette lors de la visite de Trump. C’est la dégringolade: direction la fourrière. S’amorce alors une tentative à la Rocky de reprendre la couronne.
+ «Royal Corgi», le 10 mars à 13h45, 5+
Pachamama (5+)
Des couleurs vives aux reflets de magasin Desigual: c’est sûr, «Pachamama» ne fait pas dans la dentelle au niveau des nuanciers. Le pitch, aussi limpide que ces teintes flashy, plaira aux kets: un village est privé de son totem par le grand prêtre inca. Tepulpaï, un gamin flanqué de son amie Naïra, se lance à travers les Andes pour le récupérer. Tatous, pumas, lamas et conquistadors se dresseront sur le chemin des enfants, qui s’assortit d’une quête écologique. Sur des airs de flûte de pan, bien sûr. Et il est aussi question d’un grand condor qui donnera peut-être quelques bouffées de nostalgie aux grands enfants des années 80...
+ «Pachamama», dimanche 3 mars et dimanche 10 mars à 15h45, 5+
Pour les adultes: une jolie collection
Ruben Brandt, Collector
Il y a quelque chose d’éminemment post-pop dans ce personnage de psychothérapeute dandy qui se mue en Arsène Lupin des musées internationaux. Pour éviter des cauchemars, l’homme aide quatre de ses patients cambrioleurs à pénétrer Prado, Orsay ou Art Institute pour en dérober les chefs-d’œuvre. Stylisé à l’extrême, le film du Hongrois Milorad Krsti recycle autant les codes du cubisme et du surréalisme que ceux du thriller et de la comédie. Tout en distillant des dizaines de références à la seconde et en peignant au passage une satire du monde si guindé des amateurs d’art. Ne loupez pas cette production alternative qui se dessine entre «Les Soprano», «Ocean’s Eleven», «Le Château de Cagliostro» et... «Questions pour un Champion»: il semble tellement audacieux qu’on n’est pas sûr qu’il traînera longtemps dans nos salles.
+ «Ruben Brandt, Collector», le 6 mars à 21h30 et le 8 mars à 22h
Virus Tropical
Visuellement original avec sa ligne claire en noir et blanc, «Virus Tropical» fait penser à des marionnettes de papier qui s’animeraient sur des décors de BD américaine indé. Paola naît de parents à qui on ne prédisait plus d’enfant. D’où le titre, puisqu’on diagnostique d’abord un virus à sa maman alors que son papa est prêtre. Le propos du film rejoint celui d’une autre production noir et blanc: Persepolis. Parce que le destin de Paola se tisse à travers les bouleversements politiques et sociétaux de l’Amérique latine, en Équateur et Colombie. Sur une bande-son punk.
+ «Virus Tropical», samedi 2 mars à 19h30, lundi 4 mars à 20h
The Tower (Wardi)
Il y a toujours quelque chose de délicat à introduire la poésie visuelle dans les situations dramatiques. C’est le cas avec ce film du Norvégien Mats Grorud qui vous transporte dans un camp de réfugiés palestinien à Beyrouth. Ainsi, quand les marionnettes aux cheveux de laine s’y animent en image par image dans leurs décors de boîtes à chaussures, on ne peut empêcher nos cœurs de se serrer et notre esprit de se remémorer tous les bons moments passés avec Wallace et Gromit. Pourtant, c’est de détresse qu’il s’agit, d’angoisse de la fuite, de pauvreté endémique, de promiscuité, de matelas à même le sol et de lumière crue. Mais ce récit construit sur base de témoignages d’exilés contient évidemment la dose d’espoir qui permet de tenir. Et aux violons de larmoyer.
+ «The Tower (Wardi)», samedi 2 mars 20h, samedi 9 mars 17h45
Léopold, Roi des Belges
On connaît bien Léopold II et son Congo. On connaît bien Léopold III et sa capitulation. Mais quid de Léopold Ier, qui n’a que ça pour lui en fait, d’être le premier de nos souverains? Voilà un film pour passer un coup de brosse à reluire sur les épaulettes dorées les plus célèbres du royaume. Évidemment, le moyen-métrage belge de Cédric Vandresse et Alain Richard traite le problème du grand Stratégo européen de 1831 par la lorgnette de l’autodérision noir-jaune-rouge. Mais devrait sans doute faire sa joyeuse entrée dans nos classes d’histoire, pour offrir une patte locale aux fans de «Games of Throne»
+ «Léopold, roi des Belges», mardi 5 à 22h15, samedi 9 à 18h