VIDEO | Ce Hutois est une véritable star en Corée
Denis Sungho Janssens, originaire de Huy, est parti en Corée il y a une dizaine d’années. Pour vivre enfin de son métier, guitariste.
Publié le 13-02-2019 à 08h23
«Au début, je voulais devenir pianiste, sourit le Hutois pure souche, revenu en Belgique voir ses parents mais aussi pour jouer en concert en solo au Luxembourg samedi dernier. Je me souviens, quand j'avais 4-5 ans, un ami de mes parents jouait du piano, et je ressentais de la chaleur quand il jouait. J'adorais ça.» Mais il s'est ensuite dirigé vers la guitare classique, un instrument moins encombrant dans une famille de professeurs de gym. Il a alors fait le conservatoire à Huy, de ses 7 ans à ses 18 ans, puis est parti au conservatoire à Bruxelles. S'il est devenu professeur de guitare tout en jouant des concerts, Denis le sentait bien: ce n'était pas en Belgique qu'il allait pouvoir percer dans la guitare classique.
Et ce, même s'il a été élu «rising star» du Palais des Beaux-Arts en 2005, à 30 ans, ce qui lui a permis de faire des concerts partout dans le monde et de jouer dans les plus grandes salles, notamment au Carnegie Hall à New-York. «J'ai eu un déclic en rentrant d'un de mes remplacements dans l'enseignement. J'ai fait un petit accident. Et tout mon salaire de prof est parti dans les réparations.»
Retour à la case départ en Corée
Alors, le Hutois s'est dit qu'il retournerait bien aux sources, en Corée, son pays d'origine. Adopté à 9 mois, Denis n'y était jamais revenu jusqu'alors. «Quand j'avais été élu "rising star", le gouvernement coréen m'avait invité. J'y suis donc allé. C'était dur, au début. Je n'avais aucun contact. Je ne parlais pas anglais. Mais je me suis accroché. J'ai fait quelques concerts à droite à gauche. J'ai créé une boîte de production. J'ai organisé quelques événements, comme la venue de l'orchestre Israel Philharmonic pour le nouvel an en Corée. J'ai fait quelques télévisions populaires… Et il y a deux ans, j'ai créé un groupe, Coast 82 (lire par ailleurs), un groupe de musique classique/électro qui tourne bien.» Le Hutois joue dès lors en groupe ou en solo mais organise également des événements musicaux pour des chaînes d'hôtel et également pour les jeux olympiques d'hiver en 2018 (lire ci-dessous).
Si là-bas, on le reconnaît désormais en rue, le guitariste reste modeste. «Je joue toujours huit heures de guitare par jour, c'est un véritable travail quotidien. Pour l'inspiration, l'oreille, l'instinct. Pour permettre d'être plus libre quand on joue un morceau qu'on connaît pourtant par cœur.» S'il repart fin du mois en Corée, le Hutois reviendra probablement à l'automne prochain, pour un concert au centre culturel de Huy.
Directeur artistique aux JO d’hiver

Dans toutes les aventures du Hutois en Corée du Sud, il y a eu une de ses plus belles réussites: la gestion d’une soirée aux Jeux olympiques d’hiver à Pyeongchang en 2018.
«Ce n’était pas le gros événement du lancement, précise tout de suite le Hutois. C’était une soirée “plus petite” pour le comité olympique.» C’est eux qui l’ont appelé. Dans le but qu’il organise un show pour plus de 20 chefs d’état. Il y a rencontré Ban-ki Moon «J’avais un budget de folie et carte blanche, raconte-t-il. Mais ce fut très compliqué à organiser.» Pendant plusieurs mois, le musicien a dû choisir et inviter des musiciens, vérifier les chansons, les paroles… « Parce que la Corée du Nord et la Chine, notamment, étaient présentes, et qu’on ne peut pas tout faire ni parler de tout. Chacun des chefs d’état avait aussi leur demande et il fallait réussir à composer avec tout cela. Tout était très contrôlé. Puis il y avait aussi tout un dispositif de sécurité et finalement le show en question n’a duré que 15 minutes», rit-il. Une expérience que le Hutois n’oubliera cependant pas de sitôt.

