Sans-abri à Bruxelles: les infirmiers de rue ciblent «les cas les plus durs», ceux qu’on pense désespérés
Alors que près d’un millier de sans-abri sont désormais hébergés dans le cadre du plan hiver à Bruxelles, l’ASBL «Infirmiers de rue» développe une approche qui tend la main aux cas les plus critiques et plaide pour des solutions durables, qu’on avance «comme société».
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- Publié le 26-12-2018 à 07h00
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Ce sont désormais près d’un millier de sans-abri qui sont hébergés chaque jour en région bruxelloise, dans le cadre du «plan hiver», régional et fédéral, selon les derniers chiffres publiés par le Samusocial le 12 décembre dernier.
Un millier de SDF pris en charge – dont au moins 403 personnes en familles dont 219 enfants (117 familles), 121 femmes seules et 341 hommes seuls -, cela ne signifie pas que toutes les personnes dans le besoin trouvent un toit pour la nuit.
Tendre la main à ceux «qu’on pense ne plus pouvoir sortir de la rue»
Au sein de l'ASBL « Infirmiers de rue » (IDR), on développe une approche en profondeur, une prise en charge de A à Z, avec un public qui n'est pas n'importe lequel. Ils ne travaillent pas avec les sans-abri en général, ils ciblent plus particulièrement les cas qui semblent les plus désespérés, entre autres des personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale important.
«Notre groupe cible, ce sont les cas les plus durs, ceux qu'on pense ne plus pouvoir sortir de la rue,» précise Koen Van Den Broeck, le responsable de la communication des Infirmiers de rue. «On essaye de démontrer que peu importent les cas, aussi critiques soient-ils, on peut toujours sortir de la rue. […] Les gens ne sont pas nés pour vivre en rue. L'objectif ultime est de les sortir de là et d'éviter qu'ils y retournent.»
Le plan hiver «reste de la gestion de crise»
Lorsqu’il évoque le plan hiver, et loin de lui l’idée de cracher dans la soupe, Koen Van Den Broeck estime que cela «reste de la gestion de crise» et qu’il faut «changer le paradigme» pour «travailler sur le long terme».
«On devrait mettre de l’énergie dans un dispositif structurel, plutôt que dans un dispositif hiver d’urgence,» insiste-t-il.
Le travail dans lequel s’investissent les Infirmiers de rue est un processus de longue haleine, mais qui finit par porter ses fruits. En dix ans, l’association a réussi à sortir durablement de la rue 120 personnes. C’est significatif.
«La problématique n’existerait plus s’il y avait un choix politique»
«Si on est capable avec nos moyens limités d’arriver à un tel résultat… La problématique n’existerait plus s’il y avait un choix politique de la traiter comme il se doit. C’est-à-dire en sortant du ‘management du problème’pour travailler à des solutions structurelles,» plaide Koen Van Den Broeck. «Mettre un pansement à quelqu’un qui vit en rue, ça tient jusqu’au lendemain… La gestion de crise, c’est toujours temporel. Il faut de la création de logements, de l’accompagnement intensif, ce sont les seules solutions!»
