Charleroi: l’urgence sociale prête à affronter les frimas
L’hiver arrive. À Charleroi, le dispositif d’urgence sociale se prépare à contenir ses offensives, avec des structures accessibles 24 h sur 24.
Publié le 20-11-2018 à 09h33
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La baisse des températures va mettre le dispositif hivernal de Charleroi à l'épreuve. Jusqu'ici, les structures d'accueil nocturnes ont été en capacité d'absorber la demande, observe Jérémy Wilmot qui coordonne le plan pour le Relais social. «Dans la nuit de dimanche à lundi, 30 des 40 lits ouverts à l'abri de nuit Dourlet étaient occupés.» Quatre autres lieux d'hébergement sont fonctionnels: le Triangle adapté aux familles, femmes et enfants (12 places), l'accueil sociosanitaire (6 places), l'abri supplétif (25 places) et l'abri de crise (12 places). L'hiver dernier, 10 496 nuitées ont été réalisées au profit de 672 usagers différents.
Un budget de 140 000€
Comme le prévoit le décret wallon, le dispositif social d’urgence vise à offrir un accueil inconditionnel (sans contrôle d’identité) 24h sur 24, entre le 1er novembre et le 31 mars. Dans ce cadre, les interventions s’articulent autour de trois axes: l’accueil de jour, de soirée et de nuit; le travail de rue et enfin, l’aide psycho-médicosociale au départ du Relais santé. Grâce à un cofinancement de 140 000€ de l’État fédéral et de la Région wallonne, les moyens d’encadrement sont renforcés durant cette période: du personnel d’appoint est engagé. Le plan hivernal mobilise une soixantaine de travailleurs, dont 15 recrutés pour 5 mois. S’il s’agit prioritairement de ne laisser personne sur le trottoir, l’ambition est, au-delà de l’urgence, de favoriser une insertion durable des bénéficiaires, notamment au travers du logement.
L’accueil de jour en hausse continue
Depuis le début de l'année, le centre d'accueil de jour Le Rebond, dans le giron de l'ASBL Comme chez nous, a vu sa fréquentation grimper de manière exponentielle: «Au point où nous avons franchi le seuil des mille personnes sans abri différentes», confie sa responsable, Sophie Crapez. Si les données sont en cours d'analyse, des tendances s'imposent d'ores et déjà: ce chiffre marque une évolution de 5% par rapport au précédent exercice où 930 profils avaient été répertoriés. «Depuis 15 ans, la hausse est continue», dit-elle.
L’accueil de soirée est géré par le CPAS. Il est organisé à l’ancien siège de la médiation de dettes à la rue du Spinois, près de l’hôtel de police, et reçoit en moyenne 68 usagers par jour. Des structures viennent compléter l’offre: la SNCB met un local à disposition quand le mercure tombe sous zéro et que le dispositif est saturé. Il y a aussi le Resto du cœur à la place Delferrière, à Charleroi Nord, ouvert dès le matin en hiver. Le travail de rue est intensifié en journée et le soir: des équipes se rendent dans les différents lieux de squats disséminés dans la ville. Leur principale mission est de réduire les risques.
Relogement hivernal
Une expérience de relogement hivernal des SDF va être reconduite cette année par l’ASBL Comme chez nous et le CPAS. En partenariat avec l’agence immobilière sociale et le Fonds wallon du logement, il s’agit d’installer 10 personnes dans des biens mis à disposition et d’assurer leur accompagnement social pendant la durée du projet, jusqu’au 31mars. Objectif : la réinsertion de ces bénéficiaires. Comme l’explique Jérémy Wilmot, du Relais social, ce programme a servi de laboratoire au projet Housing first. En Wallonie, le droit public du logement ne permet pas la réquisition de biens inoccupés appartenant à des sociétés d’habitations, et notamment à la Sambrienne. Mais cela se fait au nord du pays, et notamment dans la Ville de Gand. Quand de nouveaux besoins se font jour, les partenaires s’efforcent d’y apporter des réponses comme l’accueil en journée des personnes avec enfants ainsi que des femmes enceintes. Jusqu’à l’an passé, il n’existait aucun lieu adapté pour ce public.