Sarah Rizzo, plus jeune élue de Wallonie: «Pourquoi mon nom est en gras?»
Sarah Rizzo a toujours aimé s’engager et défendre ses idées. A 18 ans et 1 mois et 2 semaines, la jeune Colfontainoise est devenue la plus jeune élue de Wallonie. Mais siègera-t-elle?
Publié le 19-10-2018 à 13h54
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La politique fait partie intégrante de la famille Rizzo. Le père, Lino, en fait depuis plus de 20 ans, élu en 1994 conseiller communal à Colfontaine et sans discontinuer depuis 2006. Mais il a fallu du temps pour transmettre le virus à sa progéniture, les premiers enfants résistant à la contagion.
Pas Sarah, la cadette, née le 26 août 2000. A huit ans, elle est fascinée par un certain Barack Obama, et veut être comme lui quand elle sera grande. «Impossible, tu n'es pas née aux États-Unis», répondra le papa en vil briseur de rêve.
10 ans plus tard, Sarah admire toujours Barack. Elle ne rêve plus de la bannière étoilée, mais bien de politique. Elle vient de franchir un premier palier en étant élue conseillère communale à Colfontaine, devenant la plus jeune élue de Wallonie, à sa grande surprise.
Dimanche soir, son papa est rentré vanné du bureau de dépouillement et somnole dans le salon. Elle revient du plateau de la télé locale, invitée en tant que jeune candidate et où du haut de ses 18 ans elle a croisé tous les gros bras du PS montois et borain.
«Je suis en gras… Ya quelque chose!»
«Je rentre vers 22 h 30 et puis je regarde les scores. Et je vois des noms en gras. Lionel (la tête de liste), papa et Cécile Dascotte (la 2e) sont en gras. J'essaie de comprendre ce que ça signifie. On regarde toute la liste, j'étais 26e et je dis: "Eh, je suis en gras!"» Puis Sarah et son père vont voir ce qu'on fait les concurrents, sans résoudre l'énigme du gras…
«Puis je dis à Papa: "Mais si je suis en gras, ça veut dire qui a quelque chose!" Après on remonte et on regarde le nombre de voix et on se rend compte que je suis la quatrième à avoir fait le plus grand score!» Avec 165 voix, elle fait partie des 5 élus de la liste Colfontaine Plus. Surprise totale. «On a ouvert la bouteille», conclut le père, qui était tout de suite plus réveillé.

Une surprise car Sarah, encore étudiante en rhéto au Collège Sainte-Marie de Saint-Ghislain, n’a pas fait campagne pour être élue. Elle figurait sur la liste plutôt pour dépanner et amener du sang jeune au groupe d’opposition pluraliste colfontainois. Sa place en témoigne: 26e, qu’elle a choisie en référence à sa date de naissance.
Et il a fallu la convaincre. «La politique, c'est un milieu important où tout le monde a un œil sur nous… Sur mon compte Facebook, je me sens surveillée. Il y a des personnes qui ont remonté mon profil jusqu'en 2016!»
Non à l’abstention
Mais le profil de la liste sur laquelle se présente son père Lino la pousse à franchir le pas: pluraliste, qui unit le cdH, Écolo, DéFI et des citoyens. «Je n'ai pas de couleur politique, je pense que chaque parti a du bon, mais je ne sais pas encore dans lequel m'orienter. Je préfère encore regarder de l'extérieur pour être sûre de ma décision.»
Sarah fait campagne sans stress, avec l’ambition d’apprendre les rouages d’une campagne et de faire quelques voix, son papa collant des affiches pour elle quand il va coller les siennes. Elle l’accompagne sur les marchés… En parallèle, elle se fait remarquer sur les réseaux sociaux, là où sont les jeunes, à qui elle adresse un message à deux jours du vote.
«Je voyais plein d’images de filles qui disaient: “je vais pas y aller, je vais boycotter” et ça m’a interpellée. Alors que nos arrière-grands-parents se sont battus pour qu’on ait quelque chose à dire et au final des ami(e) s disent qu’ils ne vont pas voter. Alors dans le bus pour l’école vendredi, j’ai fait un petit message sur Facebook pour inciter les jeunes à voter.»
La première campagne, mais pas la dernière
Mais sans s'imaginer réunir suffisamment de voix pour être élue. Toute cette semaine, Sarah et sa famille ont savouré la victoire. Sarah a été félicitée par ses camarades de classe, mais aussi par des professeurs, admiratifs de son engagement.
«Je me suis toujours battue pour défendre mes idées», précise la jeune fille, qui ne donne effectivement pas du tout l'impression de raser les murs au collège.
Si son engagement s'est traduit jusqu'alors dans les mouvements de jeunesse, sur les traces de ses sœurs et frère, il se traduira désormais en politique. Car elle n'entend pas s'arrêter à une élection. «On me verra encore en politique», assure-t-elle. Et pas qu'à Colfontaine: «je m'intéresse aussi au fédéral…»