Dire stop à l’alcool grâce aux Alcooliques Anonymes: «tout le monde peut être concerné»
Chaque semaine, les Alcooliques Anonymes se rassemblent dans l’un des 206 groupes de parole de la FW-B pour partager leurs expériences. Leur objectif: arrêter de boire. Anonymes mais pas invisibles, les AA se réunissent ce samedi à Liège pour leur congrès annuel.
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Publié le 03-10-2018 à 18h32
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Se faire vomir pour pouvoir boire à nouveau, se cacher de son entourage pour engloutir une bouteille d’alcool ou transpirer de tout son corps tellement le manque est fort: voici le quotidien infernal des personnes atteintes d’alcoolisme. Pour remédier à cette situation, un mouvement discret, mais loin d’être secret, existe. Les Alcooliques Anonymes offrent une porte de sortie aux personnes dépendantes à l’alcool.

En plus de leurs réunions hebdomadaires, les AA de Wallonie et de Bruxelles organisent leur congrès annuel ce samedi de 8 h 45 à 19 heures au Palais des congrès à Liège. Une journée de partage et de réflexion ouverte à tous en présence notamment d’un psychiatre, d’un magistrat, d’un président de CPAS et d’un responsable de la police.
Né aux États-Unis en 1935, ce mouvement arrivé chez nous dans les années 50 compte 206 groupes de parole disséminés à travers la Belgique francophone. Pour y accéder, aucune obligation ni aucun droit d’entrée, il suffit de vouloir dire stop à l’alcool. «Aux AA, on raconte son expérience aux autres membres du cercle dans la plus grande tolérance. Les Alcooliques Anonymes m’ont appris à m’aimer et à me pardonner. Je peux leur confier mes soucis et mes tracas sans crainte d’être jugée», confie une alcoolique abstinente.
Considéré comme une maladie par l’Organisation mondiale de la santé, l’alcoolisme est souvent tabou et admettre sa dépendance à l’alcool nécessite souvent un grand travail sur soi-même. Le premier réflexe est de prendre des médicaments ou d’aller en cure de désintoxication. «Aller en cure, c’est une première étape bénéfique mais c’est souvent insuffisant, déclare Luc. En général, les alcooliques sont contraints d’y aller par leur entourage ou par un médecin. La grande différence avec les cures, c’est notre capacité à répondre 24 h sur 24 et le fait que cela vient d’une démarche volontaire et personnelle.»
«Tout le monde peut être concerné par l’alcoolisme»
Bien que la pensée générale veuille que les alcooliques soient des personnes nées dans un milieu défavorisé et victimes d’une succession de malheurs atroces, l’alcoolisme touche toutes les catégories de personnes sans distinction. «Tout le monde peut être concerné. Que ce soit des hommes, des femmes, des pauvres ou des personnes ayant pignon sur rue, on voit tous les profils aux réunions. Les jeunes sont également de plus en plus touchés. La différence avec les générations précédentes, c’est qu’aujourd’hui, il existe une culture de la défonce et beaucoup de jeunes subissent les ravages de l’alcool à cause de ça», explique un jeune alcoolique abstinent de 28 ans.
Pourtant, le mouvement ne recense qu’un pourcent de jeunes de moins de 30 ans parmi ses membres. «Personnellement, j’ai toujours cru que je m’en sortirais seul, avoue Pierre. Mais une fois passé la quarantaine, on ne tient plus le coup car on n’a plus le corps de nos 20 ans. Cela m’a obligé à avoir une prise de conscience.»
Fondé sur le principe de l’anonymat qui protège ses membres et leur unité, le mouvement des AA a encore parfois du mal à se faire connaître. «On est encore trop frileux pour s’afficher, admet Luc. On se fie à nos traditions car on a peur de casser le mouvement. Aux États-Unis, c’est écrit AA en grand et il y a même de la publicité à la télévision mais la mentalité est différente chez nous.»