VIDÉO | Lay This Drum: cinq filles qui vont faire du bruit
Cinq nanas derrière des fûts de batterie pour démonter les clichés avec humour et beaucoup d’énergie.
Publié le 19-09-2018 à 07h00
Quand elle dit qu'elle est batteuse, Gaëlle Swann, musicienne et comédienne a souvent deux types de réponses: «Ah ouais, tu joues de la batterie? Une fille qui joue de la batterie, c'est trop sexy» ou un dubitatif «Ah oui, mais bon…» qui attend de voir ce que ça donne. L'idée est bien ancrée: les percussions seraient un truc de mecs. Elle a souvent été victime du cliché et ça a fini par lui donner une idée de spectacle: Lay This Drum, littéralement «Laisse cette batterie». Mais où on entend aussi «Ladies drum».
Et pour cause, sur scène elles sont cinq nanas derrière les percussions. «La batterie c'est quelque chose de terriblement genré, dit Adélaïde Wlomainck, cocréatrice du spectacle. Je suis prof de percussions au Conservatoire. 95% de mes élèves sont des garçons. C'est comme le foot, c'est plus pour les mecs. C'est comme ça, c'est très ancré».
Des talons aiguilles aux boots de chantier
Alors sur scène, les filles s'amusent des clichés: «On utilise des choses assez masculines, on tape sur des pneus, des carrosseries, des bidons d'huile de moteur… On ne va pas jouer du jazz tout doux, on y va, on frappe… On joue une marche militaire… ce genre de choses qui ne sont pas forcément associées à la féminité», décrit Gaëlle Swann.
«Le but n'est pas d'être dans la démonstration ou de dire qu'on peut faire aussi bien que les hommes», même si, avouent-elles elles se sentent attendues au tournant. L'idée est plutôt « d'interroger les genres ».
Pas de slogan Femen pour autant, pas de morale ou de réponses à donner («on n'en a pas»), mais juste «donner à réfléchir»: «Peut-être que le public ne le verra pas, mais si même 10 personnes se disent «C'est quoi être une femme? C'est quoi être un homme finalement?», on aura gagné. Mais avant tout, on est là pour proposer un chouette spectacle», dit Gaëlle.
Dans le spectacle il y a du rythme, beaucoup, mais aussi de la danse, des textes, des témoignages, une bonne dose d'autodérision… Alors qu'est-ce qui distingue Lay This Drum d'autres spectacles de percussions comme le mondialement connu Stomp, par exemple? «Ce n'est pas si différent», admettent les deux musiciennes. Si ce n'est ce fil conducteur du genre qui raconte une histoire tout le long. Et le fait de présenter un show percussif entièrement féminin, qui est unique en Belgique, voire en Europe, disent-elles. Elles avouent d'ailleurs avoir eu du mal à trouver des musiciennes de bon niveau pour compléter le casting.
«Quand cinq mecs font un groupe, tout le monde trouve ça normal, alors que quand c'est cinq filles, on pose des questions. Enfin, tant qu'on posera des questions, on aura du taf…», sourit Adélaïde.
Notre vidéo ci-dessus.
Lay This Drum, les 20,21,22 et 23 septembre à L’Espace Delvaux/La Vénerie, à Bruxelles. Le 25 octobre au centre culturel de Comines-Warneton.
