VIDEO | Cette boutique marchoise et solidaire ou (presque) rien ne s’achète

À Marche-en-Famenne, l’Alter-Boutique est tenue par des personnes en situation de handicap. Principe: renforcer le lien social avec les citoyens via une économie collaborative.

Sébastien BAILLET
Mathieu GOLINVAUX

Faire partie de l’association des commerçants alors que l’on ne vend rien ou presque. C’est l’aspect tout particulier qui caractérise l’Alter-Boutique de Marche-en-Famenne. Lorsque quelqu’un franchit le pas de la porte, les seules choses payantes sont les différentes boissons proposées. En dehors de cela, tout est basé sur le système de troc. Ici, on fait la part belle à l’économie collaborative. On échange, on donne une seconde vie à certains objets, ou on vient tout simplement partager un moment de vie.

Le but premier de cette boutique hors du commun est de permettre à treize jeunes en situations de handicaps légers ou modérés de réaliser un travail en fonction de leurs capacités.

Ces jeunes bénéficiaires, comme on les appelle ici, ont des compétences malgré leurs handicaps. Ils les mettent à profit pour venir en aide aux gens qui poussent la porte du magasin, comme l’explique Tonia Therer, coordinatrice de l’Alter-Boutique: «Ici, ce sont les bénéficiaires qui rendent service à la société et pas l’inverse.» Le travail est adapté à leurs compétences et la boutique représente un espace sécurisé pour leur épanouissement. Tout est mis en œuvre pour qu’ils s’y sentent bien, en sécurité. Par exemple, si un des bénéficiaires a plus de difficultés pour s’exprimer avec les clients, il va former un binôme avec un autre dont c’est le point fort. Comme cela, il s’améliore à son rythme. Françoise et Lucie, les deux éducatrices spécialisées qui les encadrent, insistent sur les bienfaits d’un tel endroit: « C’est un moyen pour eux de rencontrer leurs objectifs personnels. Cette boutique est un outil, avec un bonus d’aide aux citoyens. »

En trois ans d’existence, la boutique a fini par faire partie intégrante du paysage commerçant de Marche-en-Famenne. Branche de l’ASBL Andage (association au service des personnes handicapées) et soutenue par le CPAS de la ville, la boutique est devenue un incontournable pour les gens au fil des mois.

« Le non-marchand est reconnu par le marchand, c’est un paradoxe», remarque Tonia. Elle ajoute également que la boutique n’entre pas en concurrence avec les autres, bien au contraire. Elle ramène de la vie dans le quartier commerçant. Avec sa cinquantaine de clients quotidiens (jusqu’à nonante les samedis), l’Alter-Boutique attire du monde.

IL N’Y A PAS DE CONCURRENCE AVEC LES AUTRES COMMERCES

Ces personnes à leur tour, font fonctionner les autres magasins. « Nous avons souvent des clientes qui viennent ici juste pour boire un verre et discuter. Il n’est pas rare que pendant ce temps, nous envoyions un de nos jeunes leur chercher leurs sandwiches. », raconte Françoise. Pour elle, cet endroit est beaucoup plus qu’une simple inclusion sociale pour les personnes en situation de handicap. Il y a un impact citoyen. «Les gens viennent ou reviennent chercher quelque chose ici, il ne s’agit donc pas de pitié ou de charité », conclut-elle.

Si une telle initiative est bénéfique pour le développement des bénéficiaires, elle l’est aussi pour les clients. Pour Tonia, le bon fonctionnement de cette économie collaborative et de l’Alter-Boutique de manière générale s’explique simplement: «Ça marche car on s’éloigne des notions d’argent et on en revient à des valeurs en relation avec le cœur.»

Pour Françoise et Lucie l’Alter-Boutique constitue aussi une adaptation. Éducatrices spécialisées, elles ont dû apprendre un nouveau métier: cogérer une boutique avec les jeunes qu’elles encadrent.

Passez-y: la boutique truffée de bonnes trouvailles vaut le détour et l’accueil y est plus que chaleureux!

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LE PORTRAIT de Tonia Therer

Âge: 52 ans

Fonction: coordinatrice

Tonia Therer a d’abord travaillé pendant dix ans dans l’aide à la jeunesse pour la réinsertion professionnelle. Depuis neuf ans maintenant, elle établit le lien entre les personnes porteuses de handicaps et le monde associatif au sein de l’ASBL Andage qui compte 8 services dans le Luxembourg (120 travailleurs, 400 personnes en situation de handicap). Permettre l’épanouissement des personnes en situation de handicap est primordial pour elle. C’est quelque chose qui a du sens. L’économie collaborative fait également partie des valeurs qu’elle défend. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est investie dans le projet de l’Alter-Boutique.

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