Le parti Islam s’en prend aux femmes: qu’en pensent-elles?

Muriel Targnion (PS), bourgmestre de Verviers et tête de liste

«Voir débarquer un parti avec un programme pareil, ça ne me plaît pas. Ce sera un parti antidémocratique de plus en lice à Verviers. Ça va totalement dans le sens contraire de tous les efforts que nous faisons pour le vivre-ensemble. Si j’ai peur d’un tel parti? Non car je n’ai pas à craindre de tels extrémistes, d’ailleurs c’est un pied de nez que je leur fais en étant bourgmestre et tête de liste pour les élections. Les propos qui sont tenus sur les femmes sont radicaux. Je ne suis pas une spécialiste de l’islam mais je connais des musulmans, dont certains sont au collège, et ils sont pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Ce genre de propos, ce n’est pas représentatif de la pensée de la plupart des musulmans. Pour moi, c’est n’importe quoi et j’espère bien que tout le monde se rend compte que soutenir un tel parti, c’est revenir en arrière. On défend des valeurs démocratiques et d’émancipation, il n’y a donc pas de place pour un parti comme celui-là. Pour moi, c’est de la folie, ça m’écœure.»

Cécile Ozer (cdH), chef de groupe au conseil communal et no 2 pour le scrutin communal

«Je suis totalement contre ce genre de clivage, quelle que soit la nature du parti, qu’il soit affiché musulman, catholique, africain, belge,… Je suis contre les clivages! Pour moi, un tel parti n’a pas de sens car c’est justement la diversité qui fait la richesse de notre ville. Malheureusement, tant que le parti reste dans la légalité, on ne peut pas l’empêcher. Mais quand j’entends les propos tenus sur les femmes, ça me fait bondir. Quand on voit comme nos ancêtres ont bataillé pour avoir des droits. On fait un pas en arrière énorme. Je ne suis pas une féministe pure et dure mais la femme est l’égale de l’homme. De toute façon, ce parti va bien devoir mettre des femmes sur ses listes. Que va-t-il faire? S’il prétend que la femme n’est pas apte à se présenter, comment justifier la liste? Une femme n’a aucune raison d’être moins apte qu’un homme. C’est justement les sensibilités différentes entre hommes et femmes qui permettent d’avancer.»

Stéphanie Cortisse (MR), no 2 pour le scrutin communal

«Il est vrai que la constitution autorise ce genre de listes, comme celles d’extrême droite, on ne peut pas les interdire. Mais le MR est contre le modèle communautariste qui est la base de ce genre de parti. On est pour un modèle interculturel où l’individu prime sur le groupe. Je trouve aussi ce parti très limite car il utilise un double discours. Il est pour l’instauration de la charia mais ne se revendique pas comme parti religieux. C’est du non-sens.

Ma grande crainte par rapport à la présentation de cette liste, c'est que ça renforce les partis d'extrême droite et les clivages. Quant aux propos tenus sur les femmes, ils vont à l'encontre de tout ce que je pense sur le droit des femmes. Entendre qu'on veut séparer les hommes et les femmes dans les bus, ça m'horrifie. Et sur la présence des femmes sur les listes, je pense que c'est se tirer une balle dans le pied puisqu'il faut la moitié de femmes. D'ailleurs, je suis allée sur leur site internet et il n'y a que des photos d'hommes, aucune photo de femmes… J'espère de tout cœur que les femmes poussées par leur mari n'oublient pas que le vote est secret…»

Nezha Darraji (Écolo), conseillère communale

«Je suis catégorique, il doit y avoir une séparation entre le religieux et le politique. J’ai survolé les articles sur ce parti et les propos tenus sur les femmes ne sont pas acceptables. Ne pas vouloir d’une femme comme tête de liste ou ne pas vouloir les mettre en avant, ce n’est tout simplement pas représentatif de notre société et c’est dégradant pour l’image de la femme. Une femme a sa place en politique et encore plus comme tête de liste. Je ne dis pas que je vais l’être (rires) mais peut-être que je le serai aujourd’hui, pour cette campagne, ou dans 6 ans… Voir un tel parti arriver à Verviers, c’est incroyable et j’espère que personne ne va y adhérer. Personnellement, je n’ouvrirai même pas son programme. Il est dégradant, pas représentatif de la société musulmane, et pas représentatif de ce que je vis, moi, en tant que femme musulmane impliquée en politique.»