Qui veut dessiner un billet de banque?

Ce concours permettra de retenir les dix plus beaux dessins, cinq d’enfants et autant d’adultes, après la date limite du 31 mai. Ensuite, un jury dira lesquels orneront les billets d’ardoise à la valeur faciale de 1, 2, 5, 10 et 20 unités. Une ardoise vaut un euro. Le projet est né voici un peu plus d’un an et devrait donc être opérationnel dans les six mois.

Le point avec la Bertrigeoise Nathalie Remacle, cofondatrice de l’ardoise avec Marie Delvaux, de Porcheresse (Daverdisse) et Françoise Jaumotte, de Nafraiture (Vresse-sur-Semois).

«Pas des bobos, mais des gens motivés»

Mme Remacle, cette ardoise, encore une monnaie locale diront les esprits chagrins qui se demandent si tout cela sert bien à quelque chose. Que leur répondez-vous?

À partir du moment où on utilise une monnaie locale, on laisse de côté le circuit traditionnel de l’euro pour coller mieux à une réalité de terrain. C’est comme acheter chez son boucher ou chez son boulanger au lieu de faire toutes les courses dans un hypermarché. Cela recrée non seulement du lien entre les producteurs locaux et les gens du cru, mais aussi cela va soutenir l’économie locale et sans doute influencer favorablement les petits commerces qui restent encore dans nos villages et, nous l’espérons, reconstituer le tissu économique qui était le notre voici 30 à 40 ans avec des artisans et des commerçants chez qui on pourra retourner.

Que dites-vous à celles et ceux qui disent qu’ils font déjà leurs courses dans des magasins de proximité et qu’ils ne voient pas l’utilité de cette monnaie?

Que c’est parfait et qu’ils fassent la pub de l’ardoise et des autres monnaies locales pour tenter de convaincre le plus de gens possible. Ce n’est pas toujours évident de plaider pour un retour vers les producteurs locaux parce que de nombreuses personnes sont piégées par les prix qui seraient moins chers en grande surface, au détriment parfois de la qualité. Nous sommes conscients que ce type de monnaie ne pourra pas toucher tout le monde.

Ce serait un truc de bobo, alors?

Et quand bien même ce serait un truc de bobo si cela ne fait de mal à personne? Il faut savoir que nous n’avons rien de bobos; nous nous investissons quasi bénévolement pour que cela marche. Il n’y a aucun calcul de profits derrière tout cela. La monnaie locale est un mouvement en transition qui donne une idée, une valeur.

Cela marche comment si le but n’est pas le profit?

Il faut que l’ardoise, par exemple, circule pour booster l’économie. Nous conseillons aux commerçants de rendre la monnaie en ardoises après en avoir dit tout le bien qu’il faut au client. Le but n’est pas de thésauriser. On peut même imaginer payer une partie en euros et le reste en ardoises. Il n’y a absolument aucun risque. Ni pour l’utilisateur ni pour le commerçant. Une réserve de contrepartie (sorte de chambre de compensation) permettra la convertibilité des euros en ardoises.

Et vous faites alors un appel aux gens pour dessiner les futurs billets?

Oui, cela aussi ça crée du lien et nous espérons le plus de participants possible y compris dans les homes. Ce serait un bel exercice avec une ergothérapeute; les écoles, y compris les maternelles sont les bienvenues. Vous imaginez la fierté de parents et grands-parents d’utiliser un billet dessiné par leur rejeton?

Nos billets auront une face réalisée par un adulte et le verso par un enfant.

Comment imaginez-vous tout cela? Recevez-vous de l’aide?

Sur le plan financier, ce sont nous, les bénévoles qui investissons sur fonds propres. Pour les conseils, on est bien encadré par Financité.

Informations et pour s’inscrire au concours: 0496 53 39 04 ou info@monnaie-aroise.be et www.monnaie-ardoise.be