Le maillot jaune du service de voituriers se parque à Bruxelles-Midi: «On désengorge le quartier»

Leurs maillots sont jaunes, ils viennent de France et «pédalent» pour vous: les voituriers de la start-up Ector débarquent à la Gare du Midi à Bruxelles. Ce service est simple: l prend en charge votre véhicule dès votre arrivée au dépose-minute, se charge de le parquer à un tarif avantageux et vous le ramène tout chaud à peine le pied sur le quai, au retour. L'objectif, d'après le cofondateur Manoël Roy: «faire gagner du temps au voyageur» tout en «rentabilisant les espaces vides autour de la gare».

Implanté en France depuis fin 2013, Ector s’y active dans 23 gares et aéroports. 20 employés bossent au siège parisien et La jeune pousse a aussi germé au bord des pistes de Genève, en Suisse. Bruxelles-Midi est sa deuxième implantation en Belgique après Zaventem, où Ector emploie «6 ou 7 voituriers» et compte «500 à 1000 clients». Avec la nouvelle implantation qui débutera avec 3 voituriers pour arriver à «une dizaine» dans trois mois, un responsable opérationnel devrait débarquer chez nous.

«Couvrir la distance que le client n’est pas prêt à faire à pied»

Manoël Roy, vous êtes cofondateur d’Ector. Pourquoi vous installer à Bruxelles-Midi?

Nos clients de Zaventem nous disaient que les parkings de la gare sont en surcapacité, qu’ils sont chers, et que lorsqu’ils sont pleins, il faut y tourner en rond de plus en plus loin pour s’y garer. Nous, on trouve des parkings vides aux alentours et on conduit les véhicules privés sur ces trajets que leurs propriétaires ne sont pas prêts à faire à pied.

Comment choisissez-vous vos parkings?

Deux choses importent: 1, les parkings doivent être à moins de 5 minutes de la gare pour assurer des rotations en une demi-heure au voiturier; 2, ils doivent être sécurisés et, si possible, couverts.

Le quartier du Midi est dense. Où dénichez-vous ces places vides?

On «source» les environs puis on négocie avec des partenaires. Ça peut-être des hôtels, des bailleurs sociaux, des entreprises aux parkings vides, des parkings publics s’ils éprouvent des problèmes de remplissage... À Bruxelles-Midi, nos emplacements se situent à côté d’un hôtel.

Combien de voitures pouvez-vous parquer?

Une centaine dès le lancement. À titre de comparaison, la base de Roissy «tourne» avec 30 agents en simultané et «60 à 70» pour couvrir toute la plage d’activité de l’aéroport.

Comment m’assurez-vous que ma voiture sera là pile au moment ou je descendrai du train, même si je suis en avance ou retard?

Quand vous réservez via Ector, on vous fournit un n° de téléphone unique qui vous met en relation avec le voiturier. Si vous voulez prévenir d’un changement d’horaire, nous «routons» votre appel qui permettra au voiturier de vous attendre au bon moment. De plus, on surveille aussi avions et trains pour acheminer le véhicule à l’heure.

Comment me garantir que ma voiture reviendra en bon état?

Lorsque vous arrivez au dépose-minute, le voiturier vérifie votre identité. Il vous aide avec vos bagages puis établit un état des lieux de la voiture. Une vingtaine de photos sont prises et on les stocke jusqu’à votre retour. Si un souci survient, ce qui peut arriver dans le monde du transport, l’assureur du client prend le relais et notre police couvre les réparations. C’est rare mais ça arrive.

Quels sont vos clients typiques?

Le plus fréquent c’est l’homme ou la femme d’affaires. Ils sont sensibles au gain de temps. Ils sont fidèles: ils représentent 10% de nos clients mais 40% des réservations. Le reste, ce sont les familles qui y voient une facilité: pas de navette, aide pour les bagages et les enfants...

Q-Park, gestionnaire du parking de Bruxelles-Midi, va-t-il vous accueillir à bras ouverts?

Ils ne nous voient pas comme un concurrent car leur parking est très plein. Professionnellement, ils n’ont pas grand-chose à nous proposer et ne voient pas d’un mauvais œil notre solution pour désengorger les abords de la gare. La preuve: nous entretenons de bonnes relations en France. D’ailleurs, beaucoup de nos clients se rendent compte du confort de la voiture et se remettent parfois à utiliser la leur dans d’autres circonstances plutôt que de prendre le taxi. Ce qui rapporte donc aux exploitants de parkings.

Proposez-vous d’autres services?

Pas encore en Belgique. Mais en France, on propose le nettoyage et l’entretien. 20% de nos commandes sont concernées.

Combien coûte Ector?

Il dépend de la durée: à Bruxelles-Midi, c’est 40€ pour un week-end de 3 jours, 72€ la semaine et 30€ la journée.

Vous comptez vous étendre ailleurs?

Belgique et Suisse nous aident à valider le modèle. Ensuite, j’espère aller en Allemagne. Mais ce n’est pas pour tout de suite.

«Nos voituriers préfèrent la flexibilité»

On parle beaucoup de «l’uberisation» du marché du travail. À Bruxelles, les livreurs de Deliveroo par exemple, souffrent. Comment payez-vous vos voituriers?

Ils sont payés à l’heure. De ceux qu’on emploie depuis le lancement, aucun ne nous a quittés. La confiance qu’on met en eux est colossale: la voiture est généralement considérée comme la 2e chose la plus importante après la maison.

Comment s’organisent les shifts?

On met en ligne les créneaux horaires à couvrir et les voituriers s’inscrivent. Ils choisissent quand ils bossent et nous affirment qu’ils préfèrent ce système qui leur permet une certaine flexibilité. Mais c’est premier arrivé, premier servi.

Comment sont-ils choisis?

Bien sûr, nous organisons un processus de sélection. Ils doivent être en ordre de permis de conduire et coller avec notre image souriante.