Du geek à l’entrepreneur, passez le cap à MolenGeek!

Des difficultés avec le système scolaire? Une passion pour les technologies? L’incubateur MolenGeek permet aux jeunes de réussir dans la vie et de devenir entrepreneurs.

Noémie LINS

Chaque semaine pendant deux mois, un étudiant en journalisme sélectionné pour le concours de la Belgodyssée propose un reportage sur le thème des jeunes entrepreneurs. Cette semaine: Noémie Lins.

À l’époque, c’était un jeune du quartier. Il est né sur la place communale de Molenbeek. Il a grandi dans cette commune, à quelques pas de la place de la Minoterie. Un endroit devenu tristement célèbre depuis quelques années, qui a sa réputation dans le monde entier: «Molenbèk» comme diraient nos voisins…

MolenGeek. Un nom de start-up qui porte en lui sa signification. L'homme à la base du projet s'appelle Ibrahim Ouassari. À 39 ans, il s'est donné une mission: concilier entreprise, jeunesse et numérique. Le tout dans le quartier où il a passé le plus clair de son temps. «L'idée est née avant qu'elle ne naisse,» explique, en riant, l'instigateur du concept. Le sourire qui traverse le visage d'Ibrahim en dit long. Il faut dire que l'homme n'a pas eu un parcours traditionnel. Adolescent, il ne va pas plus loin que la première secondaire. Pourtant, à force de travail, le Molenbeekois de souche a fini par créer sa boîte et son incubateur – un accélérateur de start-up. Son but: amener une solution au décrochage scolaire. Lui qui croit dur comme fer que le système classique n'est pas adapté à tout le monde.

«Un rôle modèle dans le quartier»

Du geek à l’entrepreneur, passez le cap à MolenGeek!
©Noémie Lins

Il a échoué à l'école. Pourtant, même sans diplôme en poche, cela ne l'a pas empêché de devenir entrepreneur, de créer quatre entreprises axées sur les technologies et de gérer des centaines d'employés. «J'étais un peu un rôle modèle dans le quartier, plein de jeunes venaient me voir. » Des adolescents qui voulaient savoir quelles études entamer pour devenir comme lui.

Apprendre par soi-même. Le but avoué d'Ibrahim. «Un jour, j'ai posté un problème sur un forum. Le lendemain, un Japonais me répondait en me disant d'essayer de telle ou telle manière.» L'entraide, voilà la clé du succès de l'entrepreneur bruxellois. À présent, son rôle est d'encadrer les jeunes afin qu'ils développent leurs compétences.

«Nous ne sommes pas une maison de quartier. » Communauté est le mot le plus approprié pour définir MolenGeek. Un vocable qui se rapproche du concept de la «famille». «Faire partie de cette communauté a beaucoup de sens pour eux», insiste Ibrahim, non sans un brin d'émotion dans la voix.

QuickLyric, l’application belge la plus téléchargée au monde

La communauté de MolenGeek compte environ 300 personnes, « dont une centaine qui vient tous les jours.» Parmi eux, un Bruxellois est parvenu à créer son petit succès. À 23 ans, Guillaume Hachez est littéralement passé du statut de geek à entrepreneur. «QuickLyric est née quand j'étais encore étudiant, c'était un projet de week-end,» se remémore-t-il. Son application a pourtant bien failli tomber à l'eau. La faute à un trop-plein d'euphorie. Excité par son idée – recevoir les paroles de chanson instantanément grâce à la reconnaissance audio –, celui qui était alors un adolescent avait totalement oublié de négocier le copyright sur les paroles! «L'application a été retirée du marché.»

Par chance, elle revient sur le store d'Android quelques mois plus tard. Pas encore disponible pour iPhone, mais ça ne saurait tarder. Il s'agit ni plus ni moins de l'application belge la plus téléchargée au monde. Depuis, le succès n'en finit plus de grandir. Grâce à l'énergie de Guillaume Hachez, mais aussi grâce à MolenGeek qui a permis de faire connaître le projet. «Je suis fier de pouvoir dire que QuickLyric est incubée là-bas, même si la start-up n'y est pas née», confie le tout jeune entrepreneur qui ne regrettera sûrement jamais d'avoir poussé la porte du 10, place de la Minoterie.

Et si la zone canal devenait le nouveau Silicon Valley belge?

Vous souvenez-vous de la zone canal il y a quelques années? Des bâtiments à l'abandon, une population pauvre. Vingt-cinq ans plus tard, tout a changé. Enfin presque. Cette zone serait-elle en train de devenir le nouveau maillon de l'écosystème entrepreneurial en construction à Bruxelles? Les start-up pullulent sur les deux rives (carte interactive ci-dessous avec présentation de chaque start-up), où un potentiel extraordinaire se dégage. «Le canal va devenir un modèle de développement pour d'autres villes européennes», explique Jan Gypers, l'échevin des travaux publics à Molenbeek.

Ibrahim Ouassari est né ici et peut témoigner de toute cette transformation. «Dansaert, ce n'était pas comme ça avant. Maintenant, c'est devenu très hype. » Une gentrification pour l'instant positive, qui ne chasse personne. Il craint néanmoins le moment où les locataires seront mis dehors au profit d'artistes, qui auront de l'argent à mettre sur la table. La gentrification est un aspect à ne pas négliger. L'enjeu: créer un cercle vertueux. Et donc, ne pas uniquement attirer des start-up, venues là pour profiter des loyers abordables et d'un quartier vivant.

PORTRAIT

Noémie Lins, Vilvoorde

Du geek à l’entrepreneur, passez le cap à MolenGeek!
©© Frank Toussaint

Le terrain, l’ADN du métier de journaliste

«Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie.» Cette citation a tout son sens. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’exercer ce métier, de devenir journaliste.

Je me présente, je m’appelle Noémie Lins, 23 ans et vilvordoise. Passionnée de sport depuis ma plus tendre enfance, particulièrement d’athlétisme, j’ai surtout des envies d’évasion, de voyage, de découverte. Fraîchement diplômée à l’IHECS, j’ai couronné mes études par trois mois de stage à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, à l’autre bout du monde. La découverte de nouvelles cultures m’a toujours fascinée. Le travail sur le terrain, c’est l’ADN de ce métier, soit le plus beau du monde.

Les reportages radio des candidats de la Belgodyssée, c’est chaque samedi sur VivaCité, dans l’émission «Grandeur nature» d’Adrien Joveneau, de 16 h à 18 h.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...