Gaëtan Minne craque devant la thèse de l’expert incendie

L’accusé a avoué avoir «pété un plomb» et a encore du mal à réaliser l’ampleur de ses actes.

Gaëtan Minne craque devant la thèse de l’expert incendie
Gaëtan Minne répond de l’incendie volontaire qui a tué 5 membres de sa famille. ©BELGA

La cour d’assises du Hainaut a entendu, mercredi après-midi, deux experts incendie désignés par le juge d’instruction dans le cadre de l’incendie criminel qui a tué deux adultes et trois enfants, le 22 juin 2015 à la rue de Zone à Marchienne-au-Pont (Charleroi). Un expert incendie est formel: de l’essence a été versée, en quantité importante, sur les planchers des chambres. Gaëtan Minne est passé aux aveux: il a déversé de l’essence dans les escaliers avant d’allumer une torche.

Les experts sont descendus sur les lieux, le 22 juin 2015, en fin de matinée alors que l’incendie était circonscrit. «Je suis rentré dans le bâtiment, je n’ai rien constaté au rez-de-chaussée. Au bout de l’escalier, le palier était troué et le premier étage était entièrement détruit», raconte un premier expert. «Ma première impression a été que, peut-être, le radiateur avait provoqué l’incendie. Une hypothèse accidentelle balayée quand je suis revenu quelques jours plus tard sur les lieux».

L’expert a constaté qu’il n’y avait aucune trace d’effraction sur la porte d’entrée et il a été informé de la présence d’essence dans la cave.

L’INCC a été mandatée pour analyser ces jerrycans, un de vingt litres et un de cinq litres. «Le grand bidon contenait encore dix millilitres d’un liquide ambré qui s’est avéré être du gazoil, le second bidon était vide mais on y a retrouvé des résidus d’essence automobile», explique l’expert de l’INCC. Des liquides très inflammables, selon cet expert qui rappelle que ce sont les vapeurs dégagées par l’essence qui s’enflamment. Le gazoil s’enflamme moins rapidement.

Une première version qui ne tient pas debout

Le premier expert a été désigné pour comparer les déclarations de Gaëtan Minne avec les constatations sur les lieux. Gaëtan Minne prétend qu’il a joué avec un cintre enflammé au-dessus d’un seau qui contenant un peu d’essence (0,6 litres) afin de faire peur à Cynthia Van Reusel, qui refusait de lui parler. Plusieurs tests ont été réalisés avec les pompiers de Charleroi.

Dans un premier test, fait à l’extérieur, une flamme impressionnante est sortie d’un seau dans lequel les pompiers avaient versé un peu d’essence, après la chute d’une braise dans le seau. Le test a été refait à l’intérieur de la maison en reprenant les gestes de l’accusé, qui prétendait avoir fait des mouvements avec sa torche de fortune au-dessus d’un seau contenant de l’essence. Huit essais ont été réalisés car la torche s’éteignait à cause des gestes effectués et le feu n’a finalement pas pris dans le seau.

Par contre, un pompier a mis directement le feu au seau lors d’un second test. Le seau a fondu et il a fallu quatre minutes pour que le feu embrase le plancher. Pour les experts, cela laissait du temps aux victimes pour fuir. «On est loin de l’embrasement général du palier», constate l’expert incendie.

Dès lors, tout laisse à croire que l’essence a été déversée sur le sol. C’est l’hypothèse retenue par l’expert incendie. Dans une vidéo du test effectué par les pompiers, le palier et les portes ont été rapidement couvertes par d’importantes flammes.

L’expert a assisté à la reconstitution fin décembre. «On a fait le même test et on est arrivé à la même conclusion», précise l’expert. «De l’essence a été versée en quantité relativement importante directement sur le plancher des chambres et j’ai l’impression que cela s’est produit alors que les personnes dormaient». Pour l’expert, l’accusé a utilisé plus de 0,6 litre d’essence comme il le prétend.

Pour l’expert, son hypothèse est confirmée par les déflagrations entendues dans le voisinage et par l’accusé avant sa fuite.

Enfin, l’expert estime que la flamme blanche qui sortait d’une fenêtre située au-dessus de la porte d’entrée, photographiée peu après l’appel aux secours, est synonyme d’une température extrêmement élevée.

L’expert n’exclut pas non plus que de l’essence ait été déversée dans l’escalier qui menait à l’étage.

«J’ai pété un plomb»

Après l’audition des experts, l’accusé a dit qu’il avait renversé le seau en haut des escaliers. «Je ne sais plus combien il y avait d’essence dans le seau. Cela s’est enflammé tout de suite quand j’ai allumé la torche. Je n’arrive pas à me dire qu’ils sont tous morts et que c’est moi qui ai fait ça», a commenté Gaëtan Minne, le voix tremblante. «Quand je me suis retrouvé à la cave, j’ai pété un plomb, je n’arrivais pas à comprendre la séparation et j’ai pris le bidon d’essence que j’avais placé là quelques jours plus tôt». Il prétend qu’il n’a pas pensé à avertir les siens, «j’ai agi sans réfléchir, comme je le fais depuis toujours». L’accusé a souhaité s’excuser près des proches des victimes. Pour la première fois, il a manifesté de l’émotion.

Gaëtan Minne (29 ans) est accusé d’avoir volontairement bouté le feu, la nuit, à un bâtiment dans lequel se trouvaient six personnes (son ex-compagne, la mère de cette dernière et ses quatre enfants). Seule une petite fille âgée de quatre ans avait survécu à l’incendie. Les faits ont eu lieu le 22 juin 2015 Marchienne-au-Pont (Charleroi).

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